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Doliprane : guerre de souveraineté entre un fonds américain et un fonds français… On vous explique les enjeux de la vente de la marque par Sanofi

Doliprane : guerre de souveraineté entre un fonds américain et un fonds français… On vous explique les enjeux de la vente de la marque par Sanofi

l’essentiel
La vente de la division Santé Grand Public de Sanofi, qui regroupe tous ses médicaments en vente libre, à commencer par la marque Doliprane, se réduit désormais à un duel entre deux fonds d’investissement. L’un français, l’autre américain, et le tout est scruté de près par le gouvernement français, qui s’inquiète de perdre l’un de ses fleurons pharmaceutiques.

Doliprane restera-t-il sous pavillon français ? C’est la question qui agite la sphère industrielle à la rentrée 2024, alors que l’appel d’offres pour reprendre la division Consumer Healthcare du géant pharmaceutique Sanofi s’est clôturé lundi 23 septembre. La liste définitive des repreneurs en lice a donc été arrêtée, et elle se limite à deux entités : le fonds d’investissement français PAI Partners, et les Américains de Clayton, Dubilier & Rice (CD & R).

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Tous deux lorgnent l’acquisition d’Opella, le nom de la branche que Sanofi cherche à céder, qui contient donc une centaine de marques de médicaments sans ordonnance (Doliprane, mais aussi Lysopaïne, Maalox, et Novanuit). Le tout pèse « 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 1,2 milliard d’euros de marges », rappelle BFM Business. Au-delà des chiffres, c’est la symbolique de la possible perte d’une marque qui mobilise deux usines en France qui inquiète l’Etat. 1 000 emplois sont en jeu.

Dans un discours en mars 2020, en marge de la crise du Covid, Emmanuel Macron avait souligné l’importance pour la France de « reconstruire » une forme de « souveraineté nationale », ce qui passe nécessairement par davantage de contrôles aux niveaux sanitaire et industriel. Un objectif qui serait immanquablement rayé de la carte si Doliprane devait passer sous pavillon américain.

Avantage des USA ?

Et le risque est bien réel, puisque le fonds américain, qui a déjà investi en France dans des marques comme Conforama, But, ou Spie (bâtiment), semble plus solide sur le papier. Avec un capital de 26 milliards de dollars, il peut se positionner seul sur l’acquisition, alors que son concurrent français, avec « seulement » 7 milliards d’euros, a besoin de fonds étrangers pour mener à bien l’opération. Il s’appuierait ainsi sur des banques d’investissement implantées aux Emirats et à Singapour, selon les informations de l’agence Bloomberg, qui cite Le monde.

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En position d’observateur impliqué pour l’Etat français, la Banque publique d’investissement (Bpifrance) est prête à intervenir financièrement pour peser sur les décisions stratégiques du futur repreneur, quelle que soit son identité, selon les informations de BFM. Une somme de 150 millions d’euros est évoquée, avec pour objectif de « garantir les emplois et l’empreinte industrielle de Doliprane », affirment nos confrères.

Nous devons réduire notre dépendance à l’égard de l’extérieur dans des secteurs stratégiques comme la production de médicaments, protéger nos entreprises et être plus ambitieux dans l’attraction ou la relocalisation d’investissements clés. L’Europe sait désormais qu’elle doit construire sa souveraineté. pic.twitter.com/aACPKGoNZ0

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 18 mai 2020

Sanofi entend de son côté rester actionnaire minoritaire, sans avoir à « cogérer » Opella, explique BFM Business. Le groupe pharmaceutique français souhaiterait juste conserver quelques sièges au conseil d’administration pour se garantir un certain poids dans les orientations stratégiques du groupe.

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Les deux offres faites pour l’acquisition d’Opella doivent commencer à être étudiées ce jeudi 26 septembre par le conseil d’administration de Sanofi. Les dirigeants auraient toutefois indiqué que les discussions devraient durer plusieurs semaines. Ils ne manqueront pas d’alimenter les colonnes économiques durant cette période.

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