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Doku dans une poche, le RN dans l’autre, « King Koundé » est entré dans une nouvelle dimension

De notre envoyé spécial à Düsseldorf,

Arrivé comme un prince (de la sape) côté Clairefontaine en début de rassemblement, veste en cuir, petite cravate flashy et bottes à talons qui lui vont bien, Jules Koundé avait beaucoup fait rire ses coéquipiers de l’équipe de France. Ce qui nous a le plus fait rire, c’était cette détermination presque méthodique de Didier Deschamps à faire de ce redoutable défenseur central de métier un titulaire au poste de latéral droit.

Mais après son match mammouth face à la Belgique lundi à Düsseldorf, il n’y a plus grand monde qui ose se moquer. Le seul à rire aujourd’hui, c’est le sélectionneur, trop heureux de nous avoir cousu la bouche avec des aiguilles à tricoter. Avec un sourire qu’on n’avait plus vu depuis son arrivée en Allemagne, Deschamps savourait son moment en conférence de presse après la qualification face aux Diables Rouges.

« C’est une immense fierté d’être à nouveau en quarts de finale. Même si on s’attend à ce qu’on y soit, il ne faut pas banaliser ça. Et puis, bon, j’ai Jules Koundé, que tu entraînes pour moi depuis deux ans, qui est homme du match, donc tout va bien. Comme quoi il faut avoir un peu de retenue, malgré tout », s’est-il vanté. Sur ce coup-là, Didier, comme (trop) souvent avec toi, on tire sa révérence et on se tait.

Des coéquipiers sous le charme

Il faut dire que l’ancien Girondin a livré une prestation massive, solide, du début à la fin du match. On peut même dire qu’il a livré son meilleur match en Bleu, sans trop de risque de se tromper. « Jules a fait un match énorme, a confirmé Aurélien Tchouameni, son pote et ancien coéquipier à Bordeaux. Je le connais depuis longtemps, malgré ce qu’on dit, c’est l’un des meilleurs à son poste et il le montre, je suis vraiment content pour lui, il le mérite. »

D’un point de vue défensif tout d’abord, où le sélectionneur l’attend en priorité, Koundé a répondu présent, même s’il avait à affronter un véritable voyou en la personne de Jérémy Doku – « Djoku » selon DD –, le virevoltant ailier belge de Manchester City, dont les dribbles et la vitesse d’impact ont donné pas mal de cauchemars aux défenseurs de Premier League cette saison.

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« Jules a été très bon dans son un contre un avec Doku », a loué Adrien Rabiot en zone mixte. « On sait que c’est un joueur très vif qui aime dribbler et ce n’est jamais facile de le prendre. Et pourtant il a bien géré. » Ce n’est pas compliqué – même si la sélection de Domenico Tedesco a fait de son mieux pour SURTOUT prendre le moins de risques offensifs possibles face aux Bleus – l’ancien rennais a tout de même passé sa soirée dans la poche arrière du « Roi Koundé ».

Une contribution offensive indéniable face aux Belges

Ce qui lui a permis, et c’est là qu’on l’attendait peut-être un peu moins, de prendre régulièrement son couloir et d’apporter le danger offensivement. D’habitude si peu à l’aise dans l’exercice, pas aidé non plus par les consignes de Deschamps, l’ayatollah de l’équilibre, même s’il a tenté de nous faire avaler le contraire, Koundé a délivré quelques centres pas mauvais. Notamment celui de la dixième minute pour trouver le poil de bouc de la tête de Marcus Thuram.

 » « Je me sens bien dans cette équipe. J’essaie de m’adapter tout en sachant que ma vocation est avant tout défensive. Après, quand il y a de l’espace, j’essaie d’apporter le plus possible, confiait-il en conférence de presse, lui l’homme du match lundi soir. Aujourd’hui, c’est vrai que c’était une bonne configuration car on savait que Doku n’est pas un joueur qui aime particulièrement défendre. Donc, j’ai eu des espaces et j’ai juste essayé de profiter des bons mouvements de mes coéquipiers. » »

« Je pense que je continue ce que j’ai fait ces derniers mois à Barcelone », a-t-il poursuivi. Après un début de saison plus compliqué, gêné par une légère blessure au genou, Koundé a réussi à se remettre sur les rails et à s’imposer comme l’un des joueurs fiables du Barça de Xavi. « Je ne jouais pas mon meilleur football », a-t-il admis. « Il y avait aussi une envie de jouer un peu plus offensivement, mais je n’avais pas l’énergie pour faire les efforts défensifs et cela m’a coûté quelques fois ».

Mais au lieu de sombrer, ce garçon au tempérament de compétiteur s’est, de son propre aveu, « réfugié dans le travail ». « J’ai beaucoup analysé mes matches et discuté avec le sélectionneur, Xavi à Barcelone, mais aussi avec Didier Deschamps. Et je me sens bien physiquement aujourd’hui. De plus, j’ai la confiance de mes coéquipiers et du sélectionneur. On peut dire que je traverse ma meilleure période en Bleu », a-t-il confirmé.

Koundé, un potentiel latéral et un citoyen engagé

Et comme ce garçon est non seulement un bon footballeur mais aussi un homme de valeurs, il n’a pas hésité un instant à réagir aux résultats du premier tour des législatives qui ont vu le Rassemblement national remporter près de dix millions de voix, lui qui la veille avait déjà tweeté pour dire tout le mal qu’il pensait de ce parti politique désormais au seuil du pouvoir en France.

Alors c’est reparti lundi soir : « Il sera important de faire barrage à l’extrême droite et au Rassemblement national. Ce n’est pas un parti qui va conduire notre pays vers plus de liberté et de vivre ensemble. J’ai été déçu de voir la direction que prend notre pays, avec un grand soutien à un parti qui est contre nos valeurs de vivre ensemble, de respect et qui veut diviser les Français. Mais il y a un second tour, rien n’est joué et il faut encore aller chercher les gens qui n’ont pas voté. »

Citoyen engagé et footballeur par devoir, le Parisien de naissance semble avoir trouvé dans ce poste de latéral droit, qu’il a mis du temps à apprivoiser et à accepter, un épanouissement qui doit ravir Didier Deschamps. Et si au départ on pensait mettre en avant le fait que ce n’est jamais très bon signe quand l’homme du match est un défenseur, avec le recul, sachant que l’équipe de France est bien partie pour jouer à la bétonnière jusqu’au bout de cette compétition, c’est peut-être la meilleure chose qui puisse lui arriver.

Cammile Bussière

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