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DOCUMENT LCI – Au cœur d’un échange de dépouilles de soldats à la frontière entre l’Ukraine et la Russie

Sur le terrain, les combats s’intensifient entre la Russie et l’Ukraine, malgré tout, les deux pays maintiennent un canal de discussion.
Son but : permettre les échanges de prisonniers ou de corps de soldats tués au combat entre les deux ennemis.
Des échanges qu’une équipe du LCI a pu suivre.

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Plus de deux ans de guerre en Ukraine

Ce sont des images rares. Le convoi (que nous avons suivi dans le reportage en tête de cet article), et qui se dirige vers la frontière russe, est l’aboutissement des seuls pourparlers qui existent entre la Russie et l’Ukraine depuis l’offensive lancée par Moscou en février 2022. Les deux camps se parlent pour échanger leurs prisonniers, mais aussi, comme c’est le cas ce jour-là, les restes de leurs soldats tombés au combat. Des échanges menés sous la supervision des renseignements ukrainiens à la frontière entre les deux pays et qui se déroulent généralement loin des caméras.

Nos reporters, Gwendoline Debono et Vincent Wartner, ont pu se glisser dans l’un de ces convois circulant dans la région de Soumy, en direction de la Russie. « On peut y voir trois camions frigorifiques, ce qui veut dire que le nombre de corps que nous allons ramener pourrait être supérieur à 100 ou 200, ce qui est une bonne nouvelle. »Vitaly Matviyenko, du centre de coordination pour le traitement des prisonniers de guerre, explique à LCI. « Mais jusqu’à leur arrivée, nous ne savons pas avec certitude combien de corps nous aurons, car à tout moment la Russie peut changer quelque chose et le nombre peut également varier », il précise.

Notre mission est de ramener à la maison les soldats vivants, tout comme ceux qui sont tombés.

Andrii, membre des services de renseignement ukrainiens

Le processus fait l’objet de semaines de négociations entre Kiev et Moscou. Au poste frontière, un cessez-le-feu a dû être négocié par les parties pour pouvoir procéder aux échanges et tout est minutieusement préparé jusqu’au moindre détail. « On ne peut pas aller au-delà d’une certaine zone, après cela (…) c’est la Fédération de Russie », « , explique Vitaliy Matviyenki. Dans le cortège, des membres du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sont présents pour répertorier les restes de soldats russes restitués par l’Ukraine.

Une fois arrivés à la frontière, ce sont les agents du renseignement intérieur ukrainien qui traverseront la « zone grise » entre les deux pays, sans armes, et iront à la rencontre de leurs homologues russes pour procéder à l’échange. Une opération qui dure environ une heure, avant de revenir avec les restes des combattants. « C’est vraiment dur, mais nous défendons les intérêts de l’État, ce sont nos ennemis, mais notre mission est de ramener les soldats vivants à la maison, tout comme ceux qui sont tombés. Et nous avons le droit de reposer dans la dignité », a-t-il ajouté. Andrii, membre du SBU, le service de renseignement intérieur ukrainien, explique à LCI. Ce jour-là, 254 corps de soldats ukrainiens ont été rapatriés contre 32 restes de soldats russes. Un chiffre très différent, dont la raison reste secrète.

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Et après trente minutes, le convoi doit quitter les lieux. « On a 30 minutes pour partir, après c’est dangereux » Andrii prévient : une fois le convoi sécurisé, des tests ADN seront effectués sur les restes avant que les familles ne soient prévenues.


UN B | Reportage LCI : Gwendoline Debono et Vincent Wartner

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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