Santé

Doctolib déploie l’IA pour capturer et analyser les conversations patient-médecin !

Dans quelques jours, vos prochaines consultations chez votre médecin généraliste pourront être enregistrées en écoute active par un programme d’IA développé par la licorne française Doctolib. Une fois votre consentement obtenu, le microphone de l’ordinateur du médecin est activé et une IA capte l’intégralité de la conversation. Au-delà de la capture, ce programme sera capable de trier les informations et de gérer toute la partie administrative pour créer un dossier patient. Une fois la consultation terminée, cette IA devenue assistante délivre un rapport complet et résume le diagnostic formulé par le médecin.

Gardez donc à l’esprit qu’il ne s’agira plus tout à fait d’une conversation à deux mais bien d’une conversation à trois, même si Doctolib garantit évidemment la confidentialité des échanges. Pour la start-up, la promesse marketing est la suivante : libérer le regard du praticien pour lui faire gagner du temps et de l’attention. 360 médecins volontaires testent cette solution depuis plusieurs mois et il faut croire que les retours sont positifs, car sa généralisation est prévue pour le 15 octobre.

Les témoignages de professionnels communiqués par Doctolib parlent de médecins qui peinent à se concentrer pleinement sur la relation avec leurs patients, car leur nez est collé à leur clavier pour enregistrer et taper des informations. Cette IA magique est donc censée leur permettre de regarder leurs patients droit dans les yeux et de leur accorder plus d’attention, ce que nous avons sans doute tous remarqué un jour, qui peut parfois faire défaut.

Protection des données de santé : peut-on lui faire confiance ?

Eh bien, toujours le même Guillaume, celui de la protection des données, on sait qu’à chaque fois qu’une information est stockée à grande échelle, elle devient un objet de désir et une cible potentielle de cyberattaques. Si Doctolib indique ne pas stocker ses données d’IA, l’entreprise a déjà connu une mésaventure en 2020 avec le piratage de plus de 6 000 rendez-vous en ligne et des informations administratives correspondantes.

Vient ensuite la question de la confiance, ces informations personnelles, intimes que vous confiez à votre médecin, sont livrées à une entreprise privée qui pourrait un jour décider de les monétiser. Une enquête menée par la cellule d’enquête de Radio France avait déjà prouvé en 2022 que certaines informations de santé transmises via Doctolib ne sont pas cryptées de bout en bout.

Reste enfin le risque d’une déshumanisation de la relation sanitaire ; contrairement à la promesse marketing, cette technologie pourrait inciter certains médecins à aller encore plus vite dans leurs consultations afin de les multiplier.

Cette étape de capture des conversations n’est que le début. L’IA est considérée comme un levier de croissance important pour Doctolib. Et sans vouloir alimenter le fantasme de remplacer les professionnels de santé, l’Intelligence Artificielle sera bientôt déployée auprès des spécialistes et sera amenée à délivrer elle-même des diagnostics.

Alors en tant que médecin du « monde connecté », je ne peux vous le prescrire, n’ayant pas encore un avis tranché sur son statut entre remède et poison, j’opte donc judicieusement pour le principe de précaution.

Suite à cette tribune, Doctolib tient à préciser que : « le dialogue entre le médecin et son patient n’est jamais enregistré ni stocké. L’assistant de consultation, activé uniquement avec l’accord du patient, se charge de prendre des notes, assure la retranscription en temps réel de la consultation et réalise une synthèse structurée. Cette synthèse sera toujours soumise à la validation ultime du médecin.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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