dix îles vertes, de la porte de Versailles au jardin du Luxembourg
Du jardin caché au-dessus des rails du Montparnasse à la future forêt urbaine de la place de Catalogne, des érables argentés du square Saint-Lambert au lilas de Perse qui flirte avec la façade du Bon Marché, dix arrêts au vert pour découvrir le banque parisienne gauche.
1. Aires de jeux naturelles
En ce jour férié de mai, les trois espaces de jeux de la place du Clos-Feuquières bouillonnent de bavardages. Les deux stars arboricoles des lieux ne sont pas très grandes. Sur deux plateformes destinées à les mettre en valeur et à les protéger, ces hêtres, classés arbres parisiens remarquables, ne mesurent qu’un peu plus de dix mètres de hauteur. Ils ont été plantés lors de la création du parc, en 1973. L’écorce de ces quinquagénaires porte les cicatrices de la taille qui les a amenés jusqu’à nous. Mais leurs bois sont impressionnants. Ils forment deux parasols géants particulièrement enveloppants. Parce que les deux hêtres pleureurs, de l’espèce Fagus sylvatica pendula. Une moutarde, des bâtons à la main, gravit la butte qui les accueille et semble contempler des adversaires imaginaires depuis ce promontoire ombragé. Deux autres ramènent des branches déterrées on ne sait où, avec l’idée de construire une cabane d’observation adossé aux troncs. Heureux les pirates abrités !
2. Des platanes pour les mélomanes
A la sortie du métro Vaugirard, la place Jean-Chérioux qui descend en pente douce vers la mairie du 15e Le quartier affiche portes fermées pour rénovation. Ce qui n’empêche pas le chêne hongrois fièrement planté à l’entrée d’étendre ses longues branches sur le trottoir, au-dessus des portails ouvragés. Il a fière allure, ce représentant de la forêt. Elle paraît même un peu sauvage comparée aux sévères rangées de platanes qui bordent le rectangle de la place, organisé autour du kiosque à musique, là où se dressait autrefois la place du village de Vaugirard. Les symétries du 19ème sièclee siècle est une chose, la liberté du chêne en est une autre ! Bien qu’il ait été planté il y a à peine trente-cinq ans, ses quinze mètres de hauteur le placent parmi les onze chênes remarquables de la capitale. Ses branches basses, pointées vers le ciel, sont couvertes de jeunes et grandes feuilles vert vif. Dans l’air du matin, ils attiseraient presque les passants qui se précipitent hors de la bouche du métro.
3. Les ancêtres verts de Saint-Lambert
Il faut bien chercher pour retrouver ces vénérables arbres qui furent les premiers à être plantés sur la place Saint-Lambert. On déambule autour des parterres centraux parsemés de pelouses qui ressemblent à la forme d’une coquille Saint-Jacques. On se glisse discrètement devant la scène du théâtre en plein air où des comédiens amateurs incarnent des jeunes qui, paniqués par l’état du monde, décident de préparer une révolution. Et c’est la couleur flamboyante qui finit par attirer notre attention. Un monsieur lit au frais sous l’érable argenté qui domine le paysage du haut de ses vingt mètres. Ses très jeunes feuilles ont encore la couleur rouge qui caractérise leurs tiges. Les plus grandes virent déjà au vert très clair, dont le revers blanc provoque des effets de lumière. Il vient de loin ! En 1835, fut implantée ici l’usine à gaz de Vaugirard, construite malgré le mécontentement du quartier qui craignait les explosions, les fumées toxiques et… leur influence néfaste sur la végétation. Après quatre-vingts ans de production de gaz qui alimentait une partie des lampadaires de la rive gauche, l’usine fut rasée, puis la place plantée, en 1933. L’érable argenté est toujours là, tout comme son voisin, un aulne gluant très discret dont la longévité force le respect.
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