Dix ans après le crash du vol MH17, que savons-nous de l’implication de la Russie ?

L’ambassade de Russie aux Pays-Bas a de nouveau nié mercredi toute implication dans le crash du vol MH17.

Une communication qui intervient dix ans après cette tragédie qui a coûté la vie à 298 personnes.

Le rapport d’une enquête internationale prouve cependant clairement la responsabilité d’un missile russe.

Une provocation de trop. Alors que les familles des 298 personnes tuées dans le crash du vol MH17 se réunissaient ce mercredi 17 juillet près d’Amsterdam, l’ambassade de Russie aux Pays-Bas a une nouvelle fois nié toute implication. Dans un communiqué, suivi d’un tweet aujourd’hui supprimé, elle a déclaré que Moscou n’était pas impliqué dans le crash. « pas impliqué » dans cet incident. Et pour conclure : « Toute affirmation contraire est fausse. Dix ans après le drame, que disent les enquêtes ?

Des fragments d’un missile russe retrouvés

Pour rappel, le 17 juillet 2014, l’avion avait décollé des Pays-Bas pour rejoindre Kuala Lumpur peu après midi. Sur sa trajectoire, il devait survoler l’Ukraine. Quelques heures plus tard, le vol de la Malaysia Airlines avait été abattu par un missile au-dessus d’un territoire sur lequel des séparatistes pro-russes revendiquaient la création de la République populaire de Donetsk. Toutes les personnes à bord avaient été tuées.

Une enquête internationale est aussitôt ouverte. Pilotée par le Bureau d’enquête pour la sécurité néerlandais (OVV), elle regroupe 24 personnes venues de nombreux pays, dont la France, la Malaisie et l’Australie. Mais en pleine guerre, le travail des enquêteurs est compliqué et l’arrivée des enquêteurs est entravée. Des combats intenses ont en effet débuté quelques semaines plus tôt, dans la foulée de l’annexion de la Crimée par la Russie. Aussi, très vite, chaque camp se renvoie la balle. L’Ukraine et la Russie s’accusent mutuellement d’avoir abattu l’avion.

Moins de deux mois après le crash, les enquêteurs internationaux affirment que le Boeing 777 a été perforé en vol par « projectiles à haute énergie ». Au fil des investigations, plusieurs éléments incontestables ont finalement permis d’identifier le missile : des photographies d’une traînée de fumée dans le ciel, des images satellites, des conversations téléphoniques interceptées et l’examen de fragments retrouvés dans la structure de l’avion et dans les corps des victimes. Des preuves qui n’ont pas été « pas de falsification », selon l’enquête internationale.

Elle conclut qu’il s’agit d’un BUK, ces missiles sol-air autopropulsés de fabrication russe. Par la suite, la série précise est retrouvée : les « 9M38 », transportés depuis la Russie et lancés depuis l’est de l’Ukraine, une zone contrôlée par les séparatistes prorusses. Nous sommes alors en septembre 2016, plus de deux ans après le drame. Si, à ce stade, personne ne précise l’auteur du lancement, la nature du missile ne fait plus de doute. C’est là que commence le récit russe. Dès ces premières conclusions, Moscou nie les faits et rétorque : « L’enquête est biaisée et motivée par des raisons politiques. »

Ce n’est que quatre ans après le crash, en mai 2018, que l’enquête a finalement abouti à ses conclusions. Le système de missile qui a tué 298 civils était un missile russe, qui provenait de la 53e brigade antiaérienne basée à Koursk, en Russie. Moscou maintient qu’aucun missile russe n’a franchi la frontière russo-ukrainienne. L’an dernier, les enquêteurs internationaux ont finalement suspendu leurs investigations. Non sans avoir conclu en février à l’existence de missiles russes « de fortes indications » que Vladimir Poutine avait approuvé la fourniture du missile qui a abattu l’avion. Le rapport des enquêteurs assure également que les dirigeants séparatistes du Donbass étaient « en contact étroit avec les conseillers du Kremlin et les services de renseignement russes ».

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Alors, où en sommes-nous, dix ans plus tard ? Aux yeux de la justice néerlandaise, les Russes sont bel et bien coupables. En novembre 2022, le tribunal de district de La Haye a condamné par contumace trois hommes à la réclusion à perpétuité pour leur rôle dans le crash. Il s’agit de deux Russes, Igor Girkin et Sergey Dubinskiy, et d’un séparatiste ukrainien, Leonid Kharchenko. Si le mobile reste inconnu, le tribunal a statué que « Le missile a été tiré intentionnellement et visait un avion. » Il en va de même pour l’Union européenne, qui a une nouvelle fois appelé Moscou à « accepter la responsabilité de cette tragédie. »

Le 25 janvier 2023, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a déclaré à la majorité « admissible » Les plaintes déposées contre lui par l’Ukraine et les Pays-Bas contre la Russie pour ces faits. Si le Kremlin a toujours refusé d’extrader les suspects et continue de nier toute implication, il n’a jamais apporté la preuve de son innocence.

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