divers/Justice – Procès Poretta : les compagnons des frères Guazzelli racontent « la honte » et la « tristesse »
Gaëlle Sker, coupe au carré, tend un mouchoir à Chloé Castellana. A la barre, la jeune femme aux traits fins s’effondre lorsqu’elle parle de ses proches.
« J’ai le sentiment de ne pas honorer l’éducation que j’ai reçue et que je donne à mes enfants »murmure l’ancienne compagne et mère de l’enfant de Christophe Guazzelli. Gaëlle Sker est toujours en couple avec Richard Guazzelli. « Notre relation est basée sur l’amour, rien que l’amour. Et l’amour ne s’en va pas »confie la jeune femme qui a elle aussi dû essuyer de nombreuses larmes lors de son passage au bar.
Tous deux sont soupçonnés d’avoir participé à l’association de malfaiteurs préparatoire aux assassinats d’Antoine Quilichini et de Jean-Luc Codaccioni commis le 5 décembre 2017.
« Je n’avais rien à faire là-bas »
Tous deux décrivent une enfance heureuse, une éducation stricte, mais pas sévère. Ils ont partagé ces souvenirs, chacun à leur tour, avant de raconter le présent. D’abord le quotidien. Gaëlle Sker, commerçante saisonnière, détaille ses longues journées de travail : « De 9h à 17h puis de 19h à 23h voire minuit, sept jours sur sept pendant huit mois de l’année.» Chloé Castellana se livre sur sa vie de mère « seul »son travail.
Les deux jeunes femmes, aux voix chancelantes, décrivent également leur existence depuis le 5 décembre 2017. Gaëlle Sker débute, troublée, par sa détention en juin 2018 : « Ma famille a refusé de venir me voir. Mais je n’aurais pas voulu voir mon père au parloir. J’ai essayé d’avancer, je n’avais rien à faire là-bas ». Elle s’effondre un peu plus lorsqu’elle pense à l’incendie criminel de l’entreprise familiale en juillet 2020 à Centuri. « Ma sœur dormait à l’étage. »se souvient-elle, précisant qu’elle « éveillé » à temps « à cause de l’odeur de l’essence ».
Elle vient au procès, suite à une question de son avocat, Me Adrien Milani. « Je suis face à toi et je ne trouve pas ma place, répond-elle en regardant la cour. J’ai honte d’être ici, le nom de ma famille est terni, les gens écrivent n’importe quoi sur moi, mais derrière il y a des familles qui souffrent. ». Elle répète, une dernière fois, qu’elle n’abandonnera pas son compagnon, Richard Guazzelli, et exprime le souhait qu’un jour, « il trouve une once de bonheur ». Depuis son box, l’accusé a eu du mal à cacher son émotion, qui n’a toutefois pas débordé.
« La brise marine, je ne sais pas »
A son avocate, Me Caroline Kazanchi, qui lui rappelle que les experts ont souligné sa tristesse dans leurs écrits, se confie Chloé Castellana, oubliant presque qu’elle est à la barre. « Je suis triste parce que je fais face à mes échecs, aux échecs dont souffre ma famille.ictime, je n’avais rien à voir avec tout ça. Quand ma cabane a été incendiée, j’ai aussi eu le sentiment que quelqu’un voulait m’attaquer, sans même me connaître, sur la base de faits qui n’ont pas encore été jugés. Je suis aussi triste pour Christophe (Guazzelli, ndlr). Je voulais offrir une vie de famille à mes enfants et, aujourd’hui, il n’en reste plus rien. »
Elle décrit un monde qui « dépasse ». « Je n’ai pas grandi dans cet environnement. Je ne connais pas La Brise de mer, même quand j’étais avec Christophe »jure-t-elle à voix basse.