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divers/Justice – Procès du double assassinat de Bastia-Poretta : « Ce qui nous lie, c’est la mort de notre père »

C’est la première fois qu’ils s’expriment dans le cadre de l’affaire du double assassinat de Bastia-Poretta, survenu le 5 décembre 2017. Richard et Christophe Guazzelli, les principaux prévenus, ont révélé un volet inédit de cette affaire, ce mardi 7 mai 2024, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Sans évoquer les faits, qui seront évoqués un autre jour, ils ont longuement raconté leur vie pendant plusieurs heures, tour à tour, devant les jurés. De leur enfance à leur vie d’adulte, les deux profondément traumatisé par l’assassinat de leur père, Francis Guazzellien novembre 2009. Ce dernier est considéré par la justice comme l’un des piliers du gang Brise de mer : "Les gens qui ont emmené notre père ont éteint la lumière pour nous," » raconte Christophe Guazzelli, en larmes, la voix étranglée par l’émotion. Richard Guazzelli, plus sobre, décrit le même désarroi : « Un monde qui s’effondre. Le sol glisse sous mes pieds. Et il n’y a plus rien de bien. C’était un repère pour chacun de nous. Mon père a disparu, ça arrive à beaucoup de gens mais moi, mon père , il m’a été enlevé. Il est parti chasser de la manière la plus simple possible et il est mort. »

Comme Ange-Marie Michelosi, ils décrivent une enfance heureuse, dans une famille aimante : « J’étais le garçon sportif, plus turbulent, plein de vie et mon frère était plus calme, calme. Pour mon père, la bonne façon d’être était de prendre exemple sur mon frère », confie Christophe qui s’est rapidement révélé être un très bon footballeur dès son adolescence. Au point d’être sur le point de signer professionnellement au FC Nantes, après des passages à Clairefontaine, Châteauroux ou Monaco. Là encore, la figure paternelle est omniprésente : « J’avais 17 ans. Et je devais signer professionnellement. Je me fichais du contrat en or. J’étais sa fierté. Il m’a dit qu’à partir de maintenant, il ne me quitterait plus. »

« Quand j’ai perdu mon père, je n’avais plus rien à faire sur terre. »

Jusqu’au jour de sa mort : « Quand j’ai perdu mon père, je n’avais plus rien à faire sur terre. Tout le monde a toujours cru que ma seule passion était le football, mais ma seule passion a toujours été lui. »

Comme son frère, Christophe souhaite donner une autre image du patriarche : « Vous présentez mon père comme un pilier de quelque chose ou un baron de je ne sais quoi. Je suis l’héritier de rien, du mal, du malheur, de la douleur, de la solitude. Le père de Jacques (ndlr, Francis Mariani, présenté par la justice comme l’un des piliers du gang Sea Breeze) dit que tout ça (ndlr, le Sea Breeze) c’était des bêtises, c’est plus proche de la merde. J’ai perdu mon père et c’est tout. »

Il affiche également son sentiment de culpabilité : « Son choix d’investir dans ma carrière s’inscrit dans une série de règlements de compte qui ont touché des personnes pour lesquelles il avait beaucoup d’estime. A cette époque, il avait l’intention de quitter la Corse et de venir vivre avec moi. J’aurais préféré être dans cette voiture avec lui, j’ai le sentiment de l’avoir condamné à ce triste sort, c’est insupportable. »

« J’ai croisé le regard de Christophe lorsque son père a été assassiné, et il était mort. »

Veste de costume noire, regard noir foncé, Richard Guazzelli, l’aîné de 18 mois, parle aussi avec passion. De cela « admiration pour mon frère depuis mon plus jeune âge. » Un amour fraternel qualifié de presque « anormal » par leur mère, aux manettes.

Le départ du frère vers le continent pour jouer au football est vécu comme un traumatisme. L’assassinat du père s’ajoute à cette situation : « Je décide de me lier plus que jamais à mon frère. Ce qui nous relie, c’est la mort de notre père. Le comportement de mon frère change. Et je suis le témoin privilégié de l’extinction de ce soleil qui a rayonné toute ma vie. Il veut s’arrêter et retourne chez sa mère. Il me dit alors : « Si tu m’arrêtes, un jour tu te réveilleras et tu me trouveras pendu dans le salon. »« 

Richard oscille entre rompre la parole de son père, « à qui j’avais promis de tout faire pour qu’il réussisse dans le football », et le désir de voir « Survivre à mon frère ». En entrant, « Nous n’avons trouvé que le froid. » C’est leur mère qui décrit le mieux ce contexte : « J’ai croisé le regard de Christophe lorsque son père a été assassiné, et il était mort. Il n’était plus le même… »

Cammile Bussière

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