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divers/Justice – Des escroqueries à plusieurs centaines de milliers d’euros jugées à Bastia

divers/Justice – Des escroqueries à plusieurs centaines de milliers d’euros jugées à Bastia

Depuis mardi 23 avril, les magistrats du tribunal correctionnel de Bastia enquêtent sur une arnaque en Haute-Corse au préjudice notamment d’EDF et de l’Office corse de développement agricole et rural (Odarc). Sept prévenus, dont une personne détenue, comparaissent pour ces faits étalés de 2017 à 2020, découpés en trois parties.

Le premier chapitre s’ouvre sur une plainte d’EDF pour deux escroqueries à la prime énergie versée aux entreprises du BTP, pour un montant d’environ 500 000 euros. EDF pointe également neuf tentatives d’arnaques estimées à 3,8 millions d’euros, sur d’autres sites. Le mécanisme est simple.

Le chantier du Palais des Gouverneurs et du Collège Giraud dans le viseur

Selon le parquet, Henri Poggi, 55 ans, chef d’entreprise chez EDF, était chargé du suivi de tous ces dossiers. Il est poursuivi pour onze délits, parmi lesquels escroquerie et tentative, blanchiment, abus de confiance, etc. Sébastien Chipponi, 47 ans, est le bénéficiaire de ces primes via la Sarl Maître Carré. Celui qui est le seul en détention provisoire est poursuivi pour dix délits, notamment escroquerie, blanchiment, faillite, faux. Il est soupçonné d’avoir perçu environ 500 000 euros de primes énergétiques auprès d’EDF sans avoir réalisé les travaux ou à l’aide de surfacturations.

Sont concernés les projets d’isolation du palais des gouverneurs et de l’ancien collège Giraud de Bastia. Son entreprise aurait produit de fausses factures et autres faux documents pour obtenir le versement de primes avec le soutien d’Henri Poggi, chargé du contrôle des dossiers pour EDF.

Sébastien Chipponi et Henri Poggi auraient tenté de mettre en place le même système pour les travaux d’isolation des maisons, hôtels et autres établissements afin de récolter près de quatre millions d’euros via des primes énergétiques.

Un contrôle interne d’EDF réalisé par une société indépendante permettra d’éviter ces nouvelles arnaques.

Les prévenus nient les faits

Dans un deuxième aspect qui ne concerne pas Henri Poggi, une subvention d’environ 400 000 euros de l’Odarc aurait également été frauduleusement perçue pour la transformation d’un immeuble en gîte touristique, via une société dirigée par le père de Sébastien Chipponi.

A la barre, tous les prévenus nient les faits. Sébastien Chipponi a choisi de garder le silence.

Face aux magistrats, Henri Poggi, licencié depuis pour faute grave, rejette la responsabilité sur la hiérarchie d’EDF : « Cela fait 10 ans que je monte des dossiers, que je reçois des gens. Je produis les documents et je fais tout valider par mes supérieurs. Je n’avais aucun contrôle sur les paiements.

EDF, l’Odarc et la Communauté Corse en action civile

D’autres proches du détenu sont également jugés dans cette affaire.

Marie-Thérèse Ciosi, ancienne belle-mère de Sébastien Chipponi, est poursuivie pour abus de biens sociaux. Shana Perrone, son ex-compagne, est soupçonnée de blanchiment d’argent. Son père, Charles, et son frère, Julien Chipponi, sont poursuivis respectivement pour escroquerie et complicité d’escroquerie au détriment d’Odarc.

Jean-Louis Savelli, propriétaire d’un restaurant à Moriani, est poursuivi pour blanchiment d’environ 180 000 euros, en lien avec Sébastien Chipponi : « Nous avons dû nous associer avec Sébastien dans un restaurant sur la Côte d’Azur, explique l’homme de 47 ans. Il travaillait dans mon restaurant à Moriani en même temps mais je n’étais pas content du résultat. Plutôt que de lui restituer sa part d’actionnaire estimée à 200 000 euros, je lui ai offert deux montres pour régler le litige. »

Lorsque le procureur lui rappelle que cette opération ne figure pas dans les comptes, Jean-Louis Savelli répond sereinement : « J’ai souvent fonctionné de cette façon dans les affaires. Ma vie a été un troc. »

L’interrogatoire des autres prévenus est prévu ce mardi après-midi, avant les plaidoiries des avocats des parties civiles : EDF, Odarc, la Collectivité de Corse et le Cadec (Fonds de Développement de la Corse). Les réquisitions du parquet, les plaidoiries des avocats de la défense et le délibéré sont attendus ce mercredi 24 avril.

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