C’est probablement l’épilogue d’un long drame judiciaire pour leHôtel Misincu. La décision est tombée ce mardi 2 avril : le tribunal de commerce de Bastia ordonné la cession totale du patrimoine de la société propriétaire de cet établissement hôtelier cinq étoiles, situé à Cagnano, dans le Cap Corseet fermé depuis le 24 septembre 2023 en raison de difficultés financières majeures.
Le tribunal avait la possibilité d’opter pour une vente aux enchères de cet ensemble de 29 chambres et sept villas avec piscine réparties sur 22 hectares, soit de désigner l’un des quatre repreneurs ayant fait une offre d’achat pour cet établissement préalablement placé en redressement judiciaire. Finalement, c’est la deuxième option qui a prévalu. Le tribunal de commerce a accepté l’offre présentée par quatre associés formés autour de Jean-François Santini, un entrepreneur spécialisé dans le bâtiment, originaire de Pinu. Le Cepac de Marseille, syndic de la société, via son fonds d’investissement, a conclu une convention au profit des repreneurs.
« Une envie de faire revivre ce lieu »
« C’est avant tout une histoire d’hommes et d’amour, pour cet établissement emblématique du Cap Corse.estime une source proche du dossier. Il y a une réelle volonté des repreneurs de faire revivre ce lieu. »
Le jugement du tribunal de commerceque Corse-Matin consulté, indique que plusieurs engagements ont été pris, non seulement concernant la reprise des trois salariés de l’entreprise mais également concernant les travaux de destruction et de restauration des locaux.
Demandé par nous, Me Alain Guidi, l’avocat des repreneurs, n’a pas souhaité faire de commentaire à ce stade. Mais au total, les acteurs impliqués dans l’affaire évoquent un montant proche de cinq millions d’eurosy compris l’acquisition de l’hôtel, la réalisation de travaux de réparation sur des défauts multiples ou liés à condamnations judiciaires de Misincu. Dans un jugement de novembre 2019, le tribunal correctionnel de Bastia avait en effet condamné la SAS exploitant cet établissement de luxe à démolir plusieurs immeubles construits sans permis de construire.
Conformément aux réquisitions du parquet, les magistrats avaient ordonné la destruction d’un bâtiment abritant un spa et un autre faisant office de club pour enfants. Ces démolitions devaient avoir lieu dans un délai de six mois. A défaut, les propriétaires s’exposent à une amende de 200 euros par jour depuis cette date. L’entreprise a également reçu l’ordre de 150 000 euros d’amendedont 50 000 condamnations avec sursis.
De longues batailles juridiques
Ce n’est pas la première condamnation visant cet établissement hôtelier. En 2017, le domaine Misincu avait déjà défrayé la chronique grâce à une bataille judiciaire qui l’opposait à l’association environnementale. U Levante. En cause : une cabane-restaurant construite en bord de mer, sur la plage de Cagnano.
Reste que cette future reprise laisse présager un nouvel avenir pour cet hôtel de luxe reconstruit en 2017 sur le site de l’ancien Caribou. Même s’il ne rouvrira pas ses portes pour la saison touristique qui s’annonce déjà, les nouveaux propriétaires comptent remettre l’hôtel à flot dans les prochains mois. Ils comptent sur une réouverture pour la saison 2025.