Il est apparu à l’écran dans la salle d’audience de la cour d’assises d’Aix-en-Provence après la pause déjeuner.
Il est 14 heures ce lundi 27 mai et l’informaticien judiciaire, à la demande du président Jean-Yves Martorano, entame la présentation détaillée de son « missions ».
Au début de la quatrième semaine d’un procès rocambolesque, le bras de fer entre les avocats de la défense et le président de la cour d’assises semble avoir été gagné par ce dernier. Les avocats de Jacques Mariani ont réinvesti la salle d’audience et Jean-Yves Martorano donne à nouveau le tempo.
« En 2017, le PGP est le must »
L’expert interrogé est donc l’un des pivots de l’enquête, celle à travers laquelle le contenu des téléphones cryptés de certains accusés a pu être mis à jour, entre 2017 et 2019.
Le résumé de sa méthodologie, très technique et jalonné de références codées, a stupéfié les jurés, en pleine digestion. « C’est vrai que je parle beaucoup, il y a beaucoup de choses »avoue-t-il, sans que personne ne lui fasse de reproche.
Après une demi-heure de démonstration jargonneuse, le président Jean-Yves Martorano prend le relais et tente de populariser le souvenir. « Qu’est-ce que PGP ? »» questionne prosaïquement le président. « C’est un logiciel de cryptage que vous installez sur un téléphone ordinaireprécise l’expert. En 2017, c’est un incontournable ».
Cette pratique d’installation de la messagerie « étanche » L’utilisation d’un code est principalement utilisée par les industriels qui souhaitent protéger leurs transactions commerciales ou leurs secrets de fabrication.
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Après l’assassinat d’Antoine Quilichini et de Jean-Luc Codaccioni le 5 décembre 2017, plusieurs appareils qui se sont révélés cryptés ont été saisis lors d’interpellations ou dans le cadre de perquisitions.. « Certains sceaux n’ont pas pu être déchiffrés »tempère l’expert.
Plus de 2 000 messages ont été extraits des téléphones saisis
Le fond des échanges, accablants pour les accusés, n’est pas évoqué, ou très peu, par le tribunal. Ce sera le cas lorsque les enquêteurs comparaîtront à la barre, dans deux semaines.
Ce manque de contextualisation déroute les jurés, mais c’est surtout le travail minutieux de l’expert que le tribunal veut mettre en valeur.
Plus de 2000 messages étaient exposés : une mine d’or. « Sur chaque appareil, nous avons réussi à déchiffrer la clé de (c’est-à-dire décrypter le code nécessaire à la lecture des messages, ndlr), nous n’avions pas les moyens techniques pour extraire le contenu des échanges. Nous avons dû prendre des captures d’écran de chaque message texte. Et répétez le code à chaque fois, plus de 2000 fois.
Une prouesse que les avocats de la défense présents tentent d’amplifier, pour mieux banaliser l’usage d’appareils réputés inviolables à des fins douteuses. « Vous confirmez qu’utiliser un téléphone équipé du logiciel PGP est simple, à la portée de tous »demande Me Caroline Kazanchi. « Oui »répond laconiquement l’expert. « Et que son prix correspond à celui d’un téléphone haut de gamme classique »rappelle Me Hédi Dakhlaoui. « Oui »répète le technicien.
Jusqu’à présent, dans un procès unilatéral, la défense trouve sa voix.