divers/Justice – Au procès Poretta, Jacques Mariani confronté à son principal accusateur
La confrontation devrait donc avoir lieu. Depuis midi, ce mercredi 29 mai, le tribunal se prononce sur la demande de la défense de Jacques Mariani qui souhaite que Jérôme Tousaint, « un témoin crucial », être entendu à la barre, et non par visioconférence comme prévu précédemment par le président Jean-Yves Martorano. Si cette dernière fait droit à la demande de la défense, l’audition du témoin pourrait être reportée. Si la visioconférence est privilégiée, les débats pourraient se tenir dans une ambiance électrique.
Projet de vengeance
Depuis le 6 mai, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône juge quinze personnes (dont une en fuite et huit refusent de comparaître) pour le double assassinat d’Antoine Quilichini et de Jean-Luc Codaccioni, le 5 décembre. 2017 à l’aéroport de Bastia-Poretta.
Parmi les accusés, seul Jacques Mariani est revenu au box ce mardi 28 mai, à la veille d’une journée d’audience décisive pour lui. Et pour une bonne raison.
Placé en garde à vue dans une affaire distincte, Jérôme Tousaint dit, dès décembre 2017, avoir été le témoin privilégié des discussions entre Christophe Guazzelli, l’un des principaux accusés de ce procès qui refuse de comparaître, et Jacques Mariani, à La Baule en les mois précédant les événements de Poretta. Mariani était alors employée dans une résidence hôtelière de la ville de Loire-Atlantique, comme veilleur de nuit depuis février 2017.
Placé sous surveillance électronique, il n’est pas libre de ses déplacements et reçoit régulièrement la visite de Christophe Guazzelli.
Les discussions auxquelles participe passivement Jérôme Tousaint portent notamment, dit-il, sur le projet de vengeance fomenté par Christophe Guazzelli.
Exclus du système de protection des repentis
Entendu comme témoin le 23 mars 2021, dans l’affaire du double assassinat, il a précisé : » Christophe Guazzelli était prêt à tuer les assassins de son père, coûte que coûte, d’où mon expression quand je disais qu’il était en mode commando.indique Jérôme Tousaint aux enquêteurs qui l’interrogent. Christophe Guazzelli était, à un moment donné, contre Jacques Mariani, car il voulait que Jacques l’accompagne sur le chemin de la vendetta. Et jusqu’en août 2017, il considérait que Jacques n’était pas suffisamment motivé par cet objectif. J’ajoute que Jacques m’a confié qu’il hésitait à suivre Christophe Guazzelli dans son projet d’assassinat.
Jérôme Tousaint a également indiqué s’être rendu à La Baule le 6 décembre 2017, au lendemain du double assassinat. » J’ai vu et compris la joie qui l’habitait lorsqu’il (Jacques Mariani, NDLR) m’a parlé des assassinats à l’aéroport de Poretta »il ajoute.
Interrogé par les enquêteurs, Jérôme Tousaint affirme également avoir été chargé par Jacques Mariani et Christophe Guazzelli de passer une commande de matériel et d’armes paramilitaires en avril 2017.
Très verbeux, Jérôme Tousaint a d’abord été intégré au dispositif de protection des « repentis ». Avant d’être exclu pour avoir, notamment, menti sur sa situation professionnelle.
Les coulisses de la fuite de Rédoine Faïd
Ces « mensonges », c’est l’un des axes de la défense de Jacques Mariani qui entend discréditer les propos d’un homme qui bénéficie aujourd’hui d’une identité d’emprunt et qui devrait témoigner, ce mercredi après-midi, par visioconférence. Ce matin, son avocate a adressé au tribunal une lettre dans laquelle elle demande que l’anonymat soit garanti.
Par ailleurs, la récente carrière juridique de Jacques Mariani rejoint celle de Jérôme Tousaint. Les deux hommes ont comparu côte à côte, en décembre 2021, dans une affaire d’extorsion dans laquelle Mariani a été condamné à six ans de prison et Tousaint à huit mois avec sursis.
Il a également été entendu comme témoin au procès de l’évasion de Rédoine Faïd, à l’issue duquel Jacques Mariani a été condamné à deux ans de prison. Selon Jérôme Tousaint, les deux hommes avaient conclu un pacte : Jacques Mariani devait aider Rédoine Faïd dans sa fuite et, en échange, il devait le soutenir dans l’éradication projetée du clan Germani, dont faisaient partie Antoine Quilichini et Jean-Luc. Codaccioni.
Depuis son écrin de verre, Jacques Mariani, qui n’a cessé de contester les propos de Jérôme Tousaint devant le juge d’instruction, de manière parfois virulente, aura l’occasion de s’adresser à son principal accusateur, via des écrans. Cette confrontation, si elle a lieu, pourrait constituer un tournant dans ce procès qui les accumule.