Invitée de la matinale Public Sénat ce 3 mai, Marion Maréchal a accusé Jordan Bardella d’avoir menti aux Français, dans le cadre de sa campagne pour les élections européennes. Lors d’un meeting à Perpignan deux jours plus tôt, la tête de liste du Rassemblement national avait appelé les électeurs d’extrême droite à ne pas éparpiller leurs voix « sur des listes patriotiques qui ne peuvent pas gagner ».
Un discours réfuté par le leader de la Reconquête, pour qui « il n’y a pas de voix perdue aux élections européennes » : « Pour avoir des élus, il faut 5% des voix, c’est le seuil, tous les partis qui en font plus de 5% aura des élus. »
Au Parlement européen, le RN « n’a aucune influence »
Créditée de 5,5% d’intentions de vote dans notre récent baromètre Odoxa, Marion Maréchal peut pour l’instant prétendre à des sièges au Parlement européen, mais bien moins que son adversaire du RN qui culmine à 32% dans les sondages. Un écart important qui n’empêche pas Marion Maréchal d’affirmer que « le vote utile aux élections du 9 juin, c’est la Reconquête, car c’est là que se trouve la capacité d’agir ».
Le candidat invite les électeurs à observer la réalité des poids politiques au Parlement européen, au sein duquel « le Rassemblement national, même s’il est un parti puissant, siège dans un groupe isolé, marginalisé, qui n’a aucune influence ». Au sein du groupe Identité et Démocratie, sixième force politique du Parlement, les députés RN siègent avec l’extrême droite allemande AFD, ou la Ligue de l’Italien Matteo Salvini.
De leur côté, les candidats de la Reconquête aspirent à rejoindre un autre groupe, celui des Conservateurs et Réformistes (CRE), cinquième force politique bruxelloise, qui comprend des députés européens du parti ultraconservateur polonais Droit et Justice, et même des partisans de Giorgia Meloni. Seul député de la Reconquête siégeant actuellement au Parlement, Nicolas Bay a rejoint le groupe conservateur début février.
« Emmanuel Macron lui-même a dit qu’il n’y aurait pas de dissolution sous la pression de l’opposition »
Alors que les sondages donnent les partis d’extrême droite en tête dans de nombreux pays européens, Marion Maréchal estime que le vote du 9 juin « n’a jamais été aussi important depuis 50 ans ». «Ce que révèlent tous les sondages européens, c’est que pour la première fois nous pouvons passer d’une majorité gouvernée depuis des décennies par le centre allié à la gauche, à une majorité autour de nos alliés conservateurs. Ce qui pourrait donc empêcher, par une minorité de blocage et parfois par une majorité de projets, le projet européen d’Emmanuel Macron», estime le leader de Reconquête.
Au sujet d’Emmanuel Macron, Marion Maréchal s’est également fermement opposée aux arguments du Rassemblement national, qui affirme qu’une défaite électorale du parti présidentiel entraînerait une dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives. « Emmanuel Macron lui-même dit qu’il n’y aura pas de dissolution sous la pression de l’opposition », a-t-elle déclaré, dénonçant la stratégie du RN. « C’est un mensonge de dire aux Français que faire en sorte qu’Emmanuel Macron ne soit pas le premier va changer les choses au niveau national. Le défi de ces élections est de changer la majorité au Parlement européen », a-t-elle ajouté.