Si Pabu a poussé un immense ouf de soulagement mardi à l’annonce de la découverte saine et sauve de la jeune Morgane, Coutances, de son côté, a été plongé dans l’étonnement. C’est là, dans l’accueil des jeunes travailleurs de cette commune de la Manche, en Normandie, à plus de 200 km du lieu de sa disparition, que la jeune fille de 13 ans a été retrouvée, ce mardi 10 décembre, 15 jours après l’annonce de sa disparition.
Parallèlement à la découverte de l’adolescent, un Rennais de 21 ans, résident de ce FJT d’une capacité de 80 places, a été interpellé en ville dans la matinée et placé en garde à vue du responsable des interpellations, enlèvement, séquestration d’un mineur de moins de quinze ans.
La FJT fermée, une cellule psychologique mise en place
Situé au cœur du quartier Claires Fontaines, classé QPV (quartier prioritaire de la politique de la ville), le FJT est entouré d’immeubles à appartements. Les résidents, comme Nicole, dont les fenêtres de l’appartement du 3ème étage donnent sur l’entrée principale du foyer pour jeunes travailleurs, sont stupéfaits : « On n’a rien entendu, je me mets à la place des parents, quel soulagement .
Cinquante mètres plus loin, devant l’école primaire Claires Fontaines, les mamans et les papas n’ont qu’un seul sujet de conversation à l’heure de sortir de l’école : Morgane. « On voit des événements comme ça à la télé dans les grandes villes, mais jamais ici, explique Stéphanie. « Ça fait peur pour nos enfants, on se dit que ça peut arriver n’importe où », ajoute Jessica.
Présent sur les lieux dans l’après-midi, Jean-Dominique Bourdin, le maire de cette commune de près de 9 000 habitants, a décidé de fermer le FJT pour protéger les habitants et les agents. Et a annoncé l’ouverture d’une unité psychologique.
« Il y a des portes dérobées qui sont souvent utilisées »
Si le site a été transformé en forteresse ce mardi, une question reste en suspens : comment la jeune fille de 13 ans a-t-elle pu pénétrer dans la résidence sans se faire remarquer ? « Je suis le voisin du jeune homme arrêté, que je n’ai vu qu’à la cafétéria. Je n’ai jamais vu cette jeune fille, ni entendu le moindre bruit, aucun cri », explique W*.
Résidente depuis plus de quatre ans, Sophie n’a jamais non plus rencontré Morgane. « Pour les personnes extérieures, il faut donner le nom, le prénom et l’âge à l’accueil. Et si elle est mineure, elle n’est autorisée à entrer que si elle a l’autorisation d’un parent. »
La jeune femme ne s’étonne pourtant pas d’avoir pu entrer sans éveiller les soupçons : « Nous avons un veilleur de nuit, de 19 heures à 7 heures et de 7 heures à 21 heures. Si nous voulons inviter quelqu’un dans notre chambre, nous doit demander l’autorisation au responsable au préalable. Malheureusement, il existe des portes dérobées qui sont souvent utilisées malgré l’interdiction. Si cela est signalé, le gardien les expulse, mais il est courant que personne ne le remarque. »
*Pour préserver son anonymat, son prénom a été modifié.