Nouvelles

Disparition de Medhi Narjissi : « Aucun adulte n’a bougé, ils ont joué avec la vie de nos enfants » : la famille Narjissi brise le silence et confie sa colère

Jalil Narjissi est arrivé tôt ce mardi à l’hôtel Serra d’Agen. C’est là qu’il avait donné rendez-vous à la presse, à 16h45, pour une première conférence tant redoutée et douloureuse. L’ancien prostitué du SUA était accompagné de sa femme Valérie et de sa fille, Inès, la sœur aînée de Medhi. Ensemble, se tenant la main, ils ont ouvert leur cœur sur l’indicible : la disparition de Medhi Narjissi en mer en Afrique du Sud début août 2024. Et leur colère, immense…

Que savez-vous de ce qui s’est passé exactement ce triste jour à Diaz Beach en Afrique du Sud, le 7 août ?

(tun très (long silence) Tout d’abord, j’aurais aimé vous voir dans d’autres circonstances, en famille. Devoir de répondre à vos questions pour de bonnes raisons. Après… (il fait une pause) Nous avons reçu un appel téléphonique du président de la Fédération le 7 août. J’ai retourné son appel en absence. À 17h59, je l’ai rappelé. Il m’a dit qu’il y avait eu un accident, que Medhi avait… C’est tout. Tout s’est arrêté. C’était difficile à entendre. J’ai posé des questions, ma femme lui a parlé puis j’ai repris le téléphone. « Mais comment ça se fait ? » Je me suis ressaisi et j’ai posé des questions. « Quelle plage ? » « C’était une plage normale ? » Il m’a dit que oui, que c’était un endroit normal, où les différentes équipes qui allaient en Afrique du Sud allaient régulièrement. J’ai coupé la conversation puis nous avons communiqué via Whatsapp. Je lui ai demandé d’y aller avec ma femme et ma fille, le plus vite possible. Et là, là, c’était l’enfer.

Une plage « habituelle », ce qui ne veut pas dire « pas dangereuse »…

Il m’a dit « habituel », que les différentes équipes françaises avaient l’habitude d’y aller.

Est-ce vrai ?

Ce que je sais, après une longue semaine d’enquête, c’est que les équipes françaises se rendent chaque année au Cap de Bonne Espérance, pour une journée de découverte, avec visite du port. Mais elles n’ont jamais fait cette nage de récupération, à cet endroit.

En tant qu’ancien joueur de rugby professionnel et ancien entraîneur, comprenez-vous cette décision ?

Ce n’est pas une question d’être un ancien pro ou un ancien coach : vous êtes sur l’une des plages les plus dangereuses d’Afrique du Sud ; nous avons rencontré quelques surfeurs qui nous ont eux-mêmes dit que le site était très dangereux, avec des vagues énormes, des courants arrachants qui vous emportent et vous emportent. Le sable crée des trous sous vos pieds. Il n’est pas nécessaire d’être un coach pro pour comprendre que c’est dangereux. N’importe quelle personne, n’importe quel parent… C’est inimaginable.

SéloDans votre enquête, Qui prend la décision pour cette nage de récupération ?

Selon le rapport d’enquête et les auditions des enquêteurs sud-africains, c’est l’entraîneur Robin Ladauge qui a pris cette décision, de sa propre initiative. Dans le rapport, Stéphane Camboz, le manager, dit également ne pas en avoir été informé. C’est une décision que Ladauge a prise de son propre chef.

Comment s’est déroulé l’encadrement sur place ?

Il y avait 12 encadrants dans le staff. Sur la plage, avec Ladauge, ils étaient 8. Y compris les entraîneurs, les kinés. Ils étaient tous là. Seul le médecin est resté à mi-chemin : il était allé six fois au Cap de Bonne Espérance, il ne voulait pas descendre surtout qu’il a du mal à marcher. Pourtant, ça aurait dû être sa place aussi, il est médecin et encadrant.

À part Ladauge, qui est dans l’eau avec les enfants ?

Le seul à être dans l’eau est Ladauge. Il a avec lui une bouée qu’il a récupérée sur la plage, à 90 mètres de l’eau. Il porte une combinaison en néoprène. Les enfants étaient en sous-vêtements.

Avec de l’eau jusqu’où ? La taille ?

Bonne question. Une récupération ne se fait pas au niveau des chevilles. Vu les conditions et le lieu, on a très vite de l’eau au-dessus de la taille ! J’y suis allé, dans cette eau, je la connais. Je n’arrive pas à comprendre ce qui leur est passé par la tête

Où est le manager Stéphane Camboz en ce moment ?

Il est avec le reste du groupe. Ils avaient fait deux groupes, l’un qui est descendu jusqu’à la plage et l’autre qui est monté jusqu’au phare. Lorsqu’il arrive sur la plage, il voit que l’autre partie des enfants est déjà dans l’eau. D’après ce qu’il dit dans sa déposition, il enlève son t-shirt pour y aller aussi. À ce moment-là, il entend Ladauge dire : « Allez les enfants, on sort de l’eau ! » Mais Camboz voit un problème au loin, et les jeunes de l’équipe qui regardent aussi deux silhouettes en difficulté. Là, il se rend compte qu’il y a un problème. Mais comme il n’y a pas de signal téléphonique au bord de la plage, il remonte en courant pour alerter les secours.

Qui va dans l’eau pour aider les « deux silhouettes » ?

Personne. Pas d’adultes, en tout cas. Juste un jeune de 17 ans, Oscar, un coéquipier de Medhi qui a plongé pour tenter de le sauver.

Aucun adulte ne va dans l’eau pour les aider ?

Non. Même pas Ladauge, avec sa combinaison. Il ne retourne même pas dans l’eau pour les aider. Il sort de l’eau.

Comment jugez-vous cette attitude ?

Une catastrophe. Ce sont eux à qui j’ai confié mon enfant, dans une fédération dite d’élite, et il n’y a aucune action de leur part ? Rien pour aller chercher ces deux gamins qui galèrent dans l’eau ? Ce que nous vivons est très grave, mais cela aurait pu être dramatique. Si Oscar n’avait pas de bonnes capacités de nageur… Je l’ai appelé, ce gamin. J’ai parlé à son père. Oscar, c’est un héros pour moi. Il a eu les couilles d’y aller. Même s’il n’a rien pu faire, c’est mon héros. Et aucun adulte n’a bougé ? Un autre enfant a failli mourir, Noah, l’ami de mon fils, son frère (celui qui a été emporté en même temps que Medhi Narjissi, NDLR). Il a dit à son père qu’il avait failli mourir deux fois, qu’il s’était accroché à un rocher. Oscar, lui, a mis plus de vingt minutes à regagner la rive. alors qu’il mesure 2 mètres et qu’il est bon nageur. Et aucun adulte n’a rien fait ? Ils les ont laissés dans l’eau ?

Pour vous, le personnel est-il clairement responsable ?

Ce n’est pas un accident, c’est une cause. Un accident de bus, un accident d’avion, ou si Medhi se blesse et devient paraplégique, nous sommes tous désolés, abattus. Mais pas ceci, pas cela. Ils ont joué avec la vie de nos enfants. Ce sont les nôtres qui ont disparu. Medhi était notre soleil. Mais ils ont aussi joué avec la vie d’autres enfants, Oscar ou Noah, son meilleur ami, qui l’a vu mourir et qui s’est vu mourir lui aussi.

Valérie Narjissi, la mère de Medhi, réclame justice

Également présente à cette conférence de presse, la mère de Medhi Narjissi, Valérie, s’est également exprimée malgré l’immense douleur qui se lisait sur son visage : «Comment ont-ils pu partir faire ça ? SSur cette plage, jeJ’y suis allé avec ma famille. Si tu savais, ces vagues, leur bruit sur le rocher…Nous avons confié notre enfant à ces gens aller en Afrique du Sud. Mehdi était un enfant choyé, nous ne faisons pas facilement confiance. Nous avons fait confiance cette institution avec la seule demande qu’ils nous le rendent. Seulement qu’ils me le rendent.

Medhi, il se battait pour ce maillot de l’équipe de France. Et cet homme, Robin Ladauge, veut faire des choses extraordinaires ? Qu’il les fasse, mais pas avec nos enfants. Ils nous ont rendu les sacs de Medhi, mais moi je voulais retrouver mon enfant. Ils ne peuvent pas faire ça. Ils ne peuvent pas. C’est indescriptible, la douleur de perdre un enfant. Indescriptible, ça ne devrait jamais arriver. Pas comme ça.

Désormais, nous allons nous battre pour notre fils. En hommage à Medhi. Mon fils est à la Une de tous les médias pour un fait divers. Il rêvait de faire carrière dans le rugby et c’est la seule raison pour laquelle il aurait dû être à la Une des médias. Alors oui, nous voulons des réponses et des coupables. Officiellement, il est toujours porté disparu. Mais au fond, nous savons très bien que… »

Cammile Bussière

One of the most important things for me as a press writer is the technical news that changes our world day by day, so I write in this area of technology across many sites and I am.
Bouton retour en haut de la page