En Afghanistan, la situation des femmes continue de se dégrader. Dernier exemple en date : le régime taliban vient de promulguer une loi de 114 pages qui impose de nouvelles restrictions très sévères aux femmes, assorties d’une série de sanctions.
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Toute la vie des femmes afghanes, sociale et privée, est désormais sous contrôle. Le nouveau texte promulgué par les talibans a été ratifié la semaine dernière et comporte 35 articles, avec en tête ce symbole : l’interdiction pour les femmes de chanter, de réciter un poème et même de lire à voix haute en public. Les femmes devaient déjà porter la burqa dans la rue, l’école leur était interdite après 12 ans, désormais c’est leur parole qui est muselée.
La nouvelle loi stipule également que les femmes doivent couvrir entièrement leur corps en public, pour éviter de « tenter » les hommes. « ni mince, ni serré, ni courtIl n’est plus permis de se maquiller ou de se parfumer, ni de regarder des hommes avec lesquels on n’a aucun lien de sang ou de mariage.
Ces interdictions étaient déjà en partie appliquées, mais c’est la formalisation, l’institutionnalisation de ces interdictions dans la loi qui est nouvelle, avec, à la clé, toute une palette de sanctions, qui va de l’avertissement verbal à la garde à vue d’une heure à trois jours, en passant par les menaces ou les amendes. L’application de ces sanctions dépend d’un seul organisme, le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice, surnommé la police des mœurs, véritable bras armé des durs du régime qui ont donc pris le dessus sur les rares modérés au sein des talibans.
Cette loi marque un retour à l’époque du premier régime taliban entre 1996 et 2001, qui s’était achevée avec l’intervention armée des États-Unis. À leur retour il y a trois ans, en août 2021, les talibans s’étaient engagés à respecter les droits des femmes. Mais ils sont finalement revenus 25 ans en arrière. L’ONU avait bien tenté une rencontre avec les dirigeants islamistes à Kaboul en juin dernier pour donner une chance au dialogue. L’initiative semble avoir fait long feu. Les talibans, bannis des nations occidentales, s’isolent de plus en plus diplomatiquement. La semaine dernière, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan nommé par l’ONU, Richard Bennett, a été définitivement expulsé du pays.