Direction le Poitou pour un voyage sur les traces des Acadiens
Dans le département de la Vienne, la campagne paisible a peu de relief. Villes, villages, hameaux et fermes isolées se succèdent le long de routes rectilignes. Nous sommes sur des terres de « brandes », autrefois vastes étendues de landes à bruyères et de zones forestières très difficiles à cultiver, aux sols argileux ou sableux.
Autour des communes de Monthoiron, Archigny, Saint-Pierre-de-Maillé et La Puye, le long de l’ancienne route charretière allant de Châtellerault à Saint-Savin-sur-Gartempe, se déroule une histoire singulière : celle des Acadiens venus se réfugier dans La France au XVIIIee siècle.
Le « Grand Dérangement » des Acadiens
La grande majorité a quitté le Haut Poitou pour se peupler, dans le 17ee siècle, en Nouvelle-France – dont l’Acadie, qui couvre une partie du Canada atlantique – les colons français furent chassés, cent cinquante ans plus tard, de leur nouveau pays par les Anglais, lors de conflits opposant les deux nations dans le cadre des Sept Ans. Guerre.
Refusant de prêter allégeance au roi d’Angleterre George II et de se convertir à l’anglicanisme, 8 000 Acadiens furent expropriés et déportés : ce fut la « Grande Désorganisation ». Jetés sur des bateaux surchargés, plusieurs centaines d’entre eux sont morts au cours du voyage, de maladie, de faim ou de noyade.
Indésirables, ces exilés erreront pendant dix ans dans les ports de la Manche et de l’Atlantique, en attendant une installation honorable dans le beau royaume de France. L’État, passif, laisse perdurer la situation, les intendants de province rechignent à les accueillir, sauf en Bretagne, où certains trouvent refuge.
Un long exil en Poitou
D’autres, après plusieurs années d’errance, préférèrent regagner les Amériques à la fin de la guerre de Sept Ans. Un homme entre alors en scène. Le marquis de Pérusse des Cars, né en 1724, poursuit une carrière militaire jusqu’à une grave blessure en 1760. Il se retire alors sur ses terres poitevines, au château de Monthoiron.
Fervent physiocrate, considérant que seule la terre génère des richesses, il devient un « seigneur laboureur ». En 1772, l’intendant du Poitou propose à Pérusse des Cars d’accueillir 1 500 Acadiens pour défricher et cultiver ses pauvres terres, couvertes de brandes.
Le marquis accepte et fait construire des fermes pour loger les familles. Trois ans plus tard, même si de vastes étendues de terres ont été défrichées, seules 57 fermes ont été achevées. De nombreux Acadiens, épuisés et découragés par le travail difficile auquel ils n’étaient pas habitués, par la famine de 1774 et par les promesses non tenues, se révoltèrent et partirent vers la Louisiane ou l’Espagne.
Seules 25 familles, soit 157 personnes, resteront en Poitou et s’y installeront. Le long de la Ligne acadienne, on retrouve aujourd’hui des vestiges de ces vies mouvementées.
Visite de fermes acadiennes
Point de départ de notre visite : Monthoiron, où vécut Pérusse des Cars. À côté du château se dresse une tour-forteresse du début de la Renaissance, dont le concept architectural est attribué à Léonard de Vinci.
Puis, via la rue de l’Acadie (D9), nous quittons le village et nous engageons sur l’axe principal de la Ligne Acadienne. Celui-ci passe, au lieu-dit La Chaussée, devant la ferme n°. 1, la plus ancienne, datant de 1773. Il subsiste aujourd’hui 39 fermes, toutes privées, sauf deux (fermes n°6 et 10). Regroupés en petits hameaux de deux à huit habitations, ils sont dispersés de part et d’autre de l’ancien chemin charretier.
Faute de temps, ils n’ont pas été construits en pierre de taille, comme c’est l’usage en Poitou. Ils empruntent à la Normandie leurs murs en torchis reposant sur des fondations en moellons de silex. Les charpentes sont en bois local, le sol est en terre battue, la toiture est en briques puis en tuiles.
La fête du Petit Tintamarre
Au lieu-dit La Croix-de-Justice, un arrêt est obligatoire à la maison n°1. 6, l’un des plus authentiques de la Ligne, qui conserve la quasi-totalité de ses murs en terre ainsi que des traces d’enduit. extérieur et intérieur.
Un peu plus loin, dans le village typique de Huit-Maisons, les fermes se font face le long du chemin allant de Marsugeau à l’abbaye de l’Étoile. C’est ici que se trouve la ferme-musée (maison n° 10), propriété de la commune d’Archigny, qui retrace l’histoire et la vie quotidienne des exilés de la Nouvelle-France.
Le musée, qui vient d’être restauré, est animé par l’association « Les cousins acadiens du Poitou », qui regroupe des descendants d’Acadiens de France. Devant la ferme-musée d’Archigny, l’association organise chaque 15 août, la fête nationale de l’Acadie, le Petit Tintamarre, faisant écho au Grand Tintamarre des Acadiens d’Amérique. Une mémoire commune s’établit.
Commune de départ : Monthoiron (Vienne). Type de balade : vélo et musée. Difficulté : facile. Durée : 2h30 + temps de visite. Distance : 28km.
Une balade à vélo, ponctuée de visites intéressantes, sur des petites routes départementales :
- Le Château de Monthoiron, résidence du physiocrate Louis-Nicolas de Pérusse des Cars.
- La plus ancienne ferme acadienne (No. 1) avant le passage de La Chaussée à Archigny (D3-D9)
- Aux Huit-Maisons (route de La Puye), Musée de la Ferme acadienne (ouvert de juin à la mi-septembre).
- Le long de la Ligne Acadienne, de nombreuses fermes du XVIIIe sièclee siècle indiqué par des panneaux. Prendre la D83, direction Cénan.
- A Cenan, l’église Saint-Hilaire (XI-XVIe siècle) servait de paroisse aux Acadiens : mariages, naissances et enterrements s’y déroulaient. Prendre la route de la Brachetterie.
- Dans une vallée verdoyante, l’abbaye de l’Étoile, seule abbaye cistercienne du Poitou, fondée au XIIee siècle. Elle accueille les Acadiens en attendant la construction des fermes (visite durant l’été).
- Empruntez la D2E pour rejoindre Archigny, patrie des Acadiens. Prendre la direction de Monthoiron par la D17.
Musée de la Ferme acadienne, Les Huit-Maisons, 86210 Archigny. Tel. : 05 49 21 05 47
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, L’humanité ne dépend pas des grands groupes ou des milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales et sans compromis. Mais aussi ça
- Nous n’avons pas pas les moyens financiers dont bénéficient d’autres médias.
Une information indépendante et de qualité a un coût. Paye le.
Je veux en savoir plus