Die Linke se prononce contre la livraison des chars Leopard 2

Dietmar Bartsch, le président du groupe parlementaire de Die Linke, a solennellement dénoncé devant le Bundestag la décision d’Olaf Scholz et de son gouvernement d’autoriser la livraison de chars Leopard 2 à l’Ukraine. Le parti de gauche s’oppose à l’implication de l’Allemagne dans une nouvelle escalade d’un conflit qui a déjà fait 280 000 morts civils et militaires, alors que tout devrait être fait, à l’inverse, « chercher, imposer une solution diplomatique ».
Bartsch rappelle à quel point sa fête « condamne l’agression de Poutine ». L’urgence est de mettre un terme à la tuerie au plus vite et non de contribuer à la prolonger. « La désescalade devrait être notre priorité » lance-t-il, citant les propos tenus, il y a encore peu de temps, par le chancelier lui-même. S’adressant aux députés de la CDU, du centre libéral (FDP) et des Verts, tous favorables à la livraison d’armes lourdes à Kyiv, il leur recommande de ne pas se fier uniquement au registre émotionnel, « il te ment », et pas « tirer sur les slogans de la presse de boulevard qui ne cesse d’alimenter la guerre ».
Aux arguments insensés répétés ici et là par des pseudo-experts affirmant la nécessité de donner à Kyiv les moyens de « gagner la guerre » et pour récupérer par la force tous les territoires perdus, Dietmar Bartsch s’oppose à l’avis très autorisé du plus haut gradé de l’armée américaine, le général Mark Milley. Qui considère que la possibilité d’un tel scénario « n’est pas très élevé militairement ». Cela fait d’une solution diplomatique négociée le seul résultat vraiment possible.
« argument stupide »
Si un consensus en faveur de l’envoi de chars d’assaut existe au Bundestag, « ça ne concerne pas la majorité de l’opinion publique »souligne Bartsch, qui précise : « Dans l’est de l’Allemagne, vous ne trouverez même qu’un tiers de la population pour le soutenir. » Et le leader de Die Linke à démanteler « l’argument stupide » arguant que sinon l’Allemagne serait isolée. « La majorité de la communauté internationale, a-t-il jeté , n’a pas délivré la moindre balle dans ce délire guerrier. La plupart de la communauté internationale sait qu’une puissance nucléaire ne peut pas être vaincue militairement. »
L’histoire allemande devrait plaider pour la prudence en matière militaire. Retenue, note le chef de Die Linke, sur l’envoi de Panzers allemands au combat contre des soldats russes « est plus que justifié. Au vu des 27 millions de citoyens soviétiques tués » par les troupes de l’Allemagne nazie. L’escalade de la guerre profite d’abord aux marchands d’armes allemands. » La vérité, a lancé Bartsch depuis la tribune du Bundestag, c’est qu’une fois le feu vert de Berlin donné, le cours de l’action Rheinmetall (le fabricant du Leopard 2 – ndlr) a bondi à un niveau record permettant à l’entreprise de revenir sur le DAX 30 (les leaders de la cotation sur le Francfort Bourse – ndlr). Résultat fabuleux. »
Faisant allusion à la surenchère permanente des dirigeants ukrainiens, Bartsch a souligné : Demain, des navires de guerre, après-demain des avions de combat, des Tornado, des Eurofighter, des zones d’exclusion aérienne, puis des soldats de l’OTAN ? Où cela devrait-il s’arrêter ? » Le leader de Die Linke se tourne vers le gouvernement allemand pour lui demander de ne plus participer à cette escalade et, au contraire, de mettre en œuvre,« enfin, une véritable initiative de paix européenne ».
Grb2