Alors que l’annonce du dépôt d’un projet de loi de La France insoumise (LFI) visant à supprimer du code pénal le délit d’apologie du terrorisme a suscité une vive polémique politique durant le week-end, le garde des Sceaux, Didier Migaud, s’est dit : « extrêmement choqué » Et « résolument contre »Lundi 25 novembre.
« Je ne comprends pas comment on peut baisser la garde face à la menace terroriste, très présente aujourd’hui »a déclaré le garde des Sceaux sur le plateau de France 2. Avant de continuer : « C’est ignoble, il faut le combattre avec la plus grande force (…). La liberté d’expression n’a jamais tout permis, il y a des limites à cette liberté d’expression. »
« À partir du moment où les excuses permettent de justifier et d’excuser, de trouver des circonstances atténuantes à un acte terroriste, c’est inacceptable »a déclaré M. Migaud, affirmant que cela devrait « à combattre avec la plus grande force ».
Vives critiques et prise de distance avec le PS
Le texte, déposé par le député du Nord Ugo Bernalicis et ses collègues du groupe LFI, veut éliminer ce délit, estimant qu’en la matière il suffit « la loi du 29 juillet 1881 relative aux faits relatifs aux délits d’apologie du crime, d’apologie des crimes de guerre, d’apologie des crimes contre l’humanité ». « Quelle démocratie peut encore conserver son nom lorsque les méthodes antiterroristes sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes, voire des syndicalistes »peut-on lire dans l’exposé des motifs.
Le délit d’apologie du terrorisme a été supprimé de la loi de 1881 pour être inscrit dans le code pénal en 2014. La France insoumise veut « remettre » ce crime « au bon endroit » dans la loi en le supprimant du code pénal, a fait valoir dimanche la cheffe des députés LFI, Mathilde Panot.
Les condamnations de ce projet de loi se sont additionnées samedi, chez les macronistes et à droite. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a jugé dimanche « indicible » la proposition de LFI, estimant que la gauche devrait « dissocier » du mouvement dirigé par Jean-Luc Mélenchon.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a pour sa part critiqué le projet de loi de son partenaire du Nouveau Front populaire, estimant qu’il était « impératif de protéger les libertés publiques, mais aussi de protéger les Français du fanatisme et des appels à la violence et à la haine ». « Socialistes ? J’ai compris qu’ils s’y opposeraient”» a argumenté Didier Migaud lundi, lorsqu’il a été interrogé sur leur position.
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Pour expliquer la proposition de LFI, M. Bernalicis cite le cas de Jean-Paul Delescaut, secrétaire général du syndicat départemental de la CGT du Nord, condamné à un an de prison avec sursis en première instance – il a fait appel – pour « apologie du terrorisme » suite à des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens. « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas en Israël)ils reçoivent les réponses qu’ils ont provoquées »pourrait-on lire dans le tract.
Le député LFI évoque également sa présidente de groupe, Mathilde Panot, et l’eurodéputé « insoumise » Rima Hassan, qui ont été entendues en avril par la police judiciaire parisienne dans le cadre des investigations pour « apologie du terrorisme ». M.moi Panot a été interrogée sur la déclaration publiée par son groupe le 7 octobre 2023, dans laquelle l’attaque du Hamas en Israël était qualifiée de « une offensive armée des forces palestiniennes »dans un « contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne » dans les territoires palestiniens.