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Didier Migaud favorable à un « véritable parquet national » et à des juridictions pénales spéciales pour la criminalité organisée

Didier Migaud favorable à un « véritable parquet national » et à des juridictions pénales spéciales pour la criminalité organisée
Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, lors de la conférence de presse de présentation d'un plan de lutte contre le trafic de drogue, à Marseille, le 8 novembre 2024.

Alors que les règlements de compte sur fond de trafic de drogue se multiplient en France, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, Bruno Retailleau et Didier Migaud, étaient à Marseille vendredi 8 novembre pour annoncer des mesures destinées à renforcer la lutte contre le trafic de drogue, contre que réclame l’exécutif « mobilisation générale ». Lors d’une conférence de presse conjointe, les deux ministres ont dévoilé les grandes lignes de leur plan contre le crime organisé.

S’exprimant en premier, le ministre de la Justice a annoncé la création, « dans les semaines à venir »d’un « cellule de coordination nationale » pour lutter contre ça « fléau ». « Il n’y a pas de fatalité, la politique est une arme pour lutter contre ce crime »il a assuré, disant qu’il souhaitait « donner les moyens de prévenir, poursuivre, juger et punir ». Cette cellule sera chargée, entre autres, de « dresser un état de la menace, (de) définir une stratégie opérationnelle et la mettre en œuvre »a expliqué Didier Migaud, précisant que « Les équipes du parquet de Paris travaillant à la lutte contre la criminalité organisée au niveau national (serait) donc renforcé de 40%”.

Le ministre de la Justice a dit ainsi « favorable » à la création d’un « un véritable parquet national ». Il a également déclaré qu’il étudiait le jugement de « crimes de gangs organisés », liées notamment aux stupéfiants, par des cours d’assises spéciales, composées exclusivement de magistrats professionnels, comme les affaires de terrorisme. Utiliser uniquement des magistrats professionnels plutôt que des jurys populaires, qui constituent normalement les cours d’assises, « supprimerait le risque de pressions exercées sur les jurés en vue d’orienter la décision judiciaire finale »a déclaré le ministre de la Justice. Didier Migaud a également évoqué le statut des repentis, dont il souhaite améliorer la protection.

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Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a fait à plusieurs reprises le parallèle entre criminalité organisée et terrorisme, estimant que « la menace existentielle (était) le même « ou encore qu’il était plus important en ce qui concerne le crime organisé parce qu’il faisait plus de victimes, et souhaite ainsi l’ériger en « cause nationale ». Évoquant quelques idées, comme la possibilité de créer un « interdiction d’apparaître sur et autour du point de la transaction » pour un trafiquant identifié par la justice, le ministre de l’Intérieur a promis que « la pieuvre » le trafic de drogue allait « périr ». « Ça va prendre quinze, vingt ans, ça va être difficile, a-t-il admis. Mais quand il y a une volonté politique, on y arrive. »

Chiffre d’affaires du trafic estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros

« La menace s’est accrue et nécessite que l’État s’arme davantage »avait lancé le ministre de la Justice dans un entretien avec Provence plus tôt vendredi. « Les saisies de cocaïne ont quintuplé en dix ans, les drogues les plus dures sont disponibles dans tous les territoires et à tout moment. Le rajeunissement des gens qui tuent et sont tués est épouvantable. Le trafic de drogue est une cause profonde de la violence et de la corruption. »a ajouté M. Retailleau.

MM. Retailleau et Migaud ont été reçus par le maire de Marseille, Benoît Payan, puis se sont rendus à la préfecture des Bouches-du-Rhône, où ils ont rencontré des associations et des familles de victimes d’assassinats liés au trafic de drogue. Le ministre de l’Intérieur devait ensuite rencontrer les troupes de police des quartiers nord, tandis que Didier Migaud devait se rendre à la prison des Baumettes et au tribunal judiciaire de Marseille, où il s’entretiendrait avec les chefs de tribunal et de juridiction ainsi qu’avec les personnels de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS).

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Après plusieurs fusillades meurtrières liées au trafic de drogue, Bruno Retailleau avait promis un  » guerre  » longue et impitoyable campagne contre ce trafic, dont le chiffre d’affaires est estimé entre 3,5 et 6 milliards d’euros par an en France. Les mesures avaient déjà été revues jeudi lors d’une rencontre entre les deux ministres et le chef du gouvernement, Michel Barnier. Le plan comprendra « une meilleure organisation des tribunaux spécialisés, de nouveaux moyens d’enquête pour les forces de l’ordre et les magistrats »de la « mesures supplémentaires » sur les détenus, les mineurs et les contenus illicites en ligne, a détaillé le Premier ministre sur X.

« Plus de police, plus de répression et aucun résultat »

Les deux hommes vont devoir fouiller « un consensus transpartisan » s’appuyant sur la proposition de loi des sénateurs Etienne Blanc (Les Républicains, Rhône) et Jérôme Durain (Parti socialiste, Saône-et-Loire), qu’il a reçue la semaine dernière. Le texte, qui doit être examiné le 27 janvier 2025 par le Sénat, propose notamment de recalibrer l’Office anti-stupéfiants (Ofast) en un véritable « DEA Français »du nom de l’agence américaine de contrôle des drogues, et de créer un parquet national anti-stupéfiants (Pnast). « Insoumis » et socialistes ont simultanément mis sur la table un certain nombre de propositions pour lutter contre le crime organisé et le trafic de drogue, parmi lesquelles la légalisation du cannabis, une « approche santé » et des ressources supplémentaires.

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Sur le terrain, les attentes sont énormes. « Et si on signalait la fin de ce spectacle commencé il y a plusieurs mois ? Plusieurs ministres sont venus, Emmanuel Macron est venu et, finalement, à chaque fois, avec la même réponse : plus de police, plus de répression et pas de résultats. (…). Ce que les gens demandent, c’est qu’on parle de leur logement, de la sécurité dans les quartiers, de la responsabilité des bailleurs sociaux »s’est indigné Amine Kessaci, porte-parole de l’association Conscience, sur RTL.

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« Il faut revoir les textes, les organisations et les moyens en réponse aux violences devenues sans limites, à la corruption des esprits et des pratiques, à l’impact financier des réseaux »a estimé Franck Rastoul, procureur général près la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Une autre source judiciaire évoquée « une asphyxie du système judiciaire »croyant que rien qu’à Marseille « 750 détenus et inculpés » constituent un crime organisé. « La lutte contre le banditisme de la drogue est une grande cause nationale et nous devons changer de vitesse. Mais le contexte budgétaire le permet-il ? »se demande-t-elle.

En 2023, 49 décès liés au trafic de drogue ont été recensés à Marseille, dont sept mineurs, un record. La plupart de ces meurtres ont eu lieu dans le contexte d’une guerre entre la mafia DZ et les gangs Yoda pour le contrôle des points de vente de drogue. Depuis le début de l’année, 17 stupéfiants ont été recensés dans la ville. Cette guerre des gangs implique des adolescents de plus en plus jeunes.

Le Monde avec l’AFP

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