Le procès dit « Carton rouge » s’ouvre lundi 21 octobre 2024 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Les escrocs qui seront jugés, ont empoché 28 millions d’euros, et ont notamment trompé des clubs de football, dont le FC Sochaux-Montbéliard dans le Doubs. Explications.
Pourquoi le nom du FC Sochaux apparaît-il dans un procès d’arnaque à grande échelle impliquant des cryptomonnaies, des diamants et d’autres clubs de football ? Le réseau regroupant les 22 prévenus qui seront jugés pendant un mois à compter du lundi 21 octobre 2024 à Nancy (Meurthe-et-Moselle), a arnaqué les clubs de football de Ligue 1 et Ligue 2 en 2017.
Dans les colonnes de L’Équipe publiées ce lundi 21 octobre, le principe de l’arnaque est détaillé, il était simple : l’individu se faisait passer pour l’agent d’un joueur. Il a indiqué que son footballeur avait changé de compte bancaire et que son salaire devait être versé sur un autre compte dont il a fourni les coordonnées. Trois clubs ont ainsi été floués : Sochaux, Angers et Toulouse pour un total de 63 586 euros. Une dizaine d’autres clubs ont été visés par des tentatives.
Pour Sochaux, le club a versé plus de 17 000 euros au malfrat qui a transféré les fonds directement sur des comptes bulgares et maltais. L’arnaqueur avait contacté le FC Sochaux-Montbéliard par mail, par l’intermédiaire d’un certain Patrick Montiel, a-t-on appris dans le journal l’Equipe. Il s’est présenté comme l’agent du milieu offensif Florian Martin et a communiqué un changement de coordonnées bancaires pour le prochain versement de son salaire.
Informée par les clubs concernés, la LFP (Ligue de Football Professionnel) a tiré la sonnette d’alarme et plusieurs informations judiciaires ont été ouvertes. C’est ici qu’ont commencé les constatations sur le dossier connu aujourd’hui sous le nom de « Carton Rouge ».
Les enquêteurs se rendent alors compte que le réseau fonctionne depuis au moins 2016 et a déjà fait de nombreuses victimes parmi les particuliers à travers des ventes de diamants et de cryptomonnaies, elles aussi fictives. Implantée entre Marseille et Israël, l’organisation invente et usurpe les identités. Il perturbe la traçabilité de l’argent qu’il reçoit de ses victimes via 199 comptes bancaires répartis dans 19 pays.
Les dégâts sont très importants : 1 300 personnes ont été escroquées pour un montant total de quelque 28 millions d’euros, via des sites internet proposant des investissements en diamants ou en cryptomonnaies, entre 2016 et 2018. Au total, quelque 850 personnes se sont constituées parties civiles.
Après presque huit ans d’enquête, le procès se déroulera sur quatre semaines. Il a été transféré au Palais des Congrès de Nancy pour accueillir toutes les fêtes. Au total, 22 prévenus, âgés de 28 à 73 ans, comparaissent. Trois prévenus seront absents. Un mandat d’arrêt a été émis contre eux.
Parmi les 25 prévenus, les degrés d’implication varient. Cinq d’entre eux sont déférés à la fois pour des escroqueries sur Internet et celles contre des clubs de football, une seule pour les clubs.
Une dizaine d’hommes et de femmes ont été licenciés pour « association de malfaiteurs ». Ils sont notamment accusés d’avoir servi de « cadeaux » à l’ouverture de sociétés et de comptes par lesquels transitaient une partie des fonds, à travers l’Europe ou en Israël.
D’autres sont poursuivis pour escroquerie en bande organisée, par exemple après avoir été embauchés comme « informaticiens » au siège de l’organisation à Marseille pour créer des sites internet soutenant les délits, ou pour avoir commandé de faux diamants. . Six autres accusés dans cette affaire ont accepté une procédure dite de plaidoyer de culpabilité avant l’audience.