Leona Winter est de retour à la télévision ! Après avoir atteint la demi-finale de The Voice en 2019, l’artiste catalan participe à partir de ce vendredi soir (23h) à l’émission Course de dragstersun concours de drag queen sur France 2. Elle était l’invitée de la matinale de France Bleu Roussillon.
France Bleu Roussillon : En quoi consiste la compétition Drag Race ?
Leona Winter : *C’est un peu comme nos Drag Olympics. On a beaucoup de défis pour se défendre artistiquement sur scène, il y a beaucoup d’humour, de danse, de chant. Nous nous affrontons avec bienveillance, tolérance et respect.
A quel âge as-tu commencé à te travestir et à jouer sur scène ?
J’ai commencé à me transformer et à essayer des choses vers 17 ou 18 ans. Leona est vraiment apparue quand j’avais 18 ans. C’était quelque chose d’assez naturel. Au début, je ne connaissais pas grand-chose au drag. C’est en prenant les pinceaux et en voulant être mon alter ego que Léona est apparue.
Est-ce que cela a changé votre vie ?
Oui, ce fut un vrai soulagement. Cela m’a permis d’exorciser mon harcèlement scolaire quand j’étais enfant, de prendre confiance en moi, tout simplement de me valoriser.
Vous avez passé votre enfance à Arles-sur-Tech. Auriez-vous imaginé à l’époque devenir un artiste de renommée mondiale ?
Ah non, pas du tout ! Je ne l’ai jamais vraiment cherché, mais je me suis toujours laissé guider par le destin. J’ai réalisé beaucoup de rêves et j’en suis très fier. Il faut donc vraiment avoir confiance en soi, croire en ses rêves et toujours viser très haut, le plus haut possible !
Un spectacle de drag queen a été annulé cette semaine à Nantes en raison de menaces de mort sur les réseaux sociaux. Êtes-vous surpris ou pas surpris ?
Cela me surprend toujours. Parce que je pense qu’aujourd’hui, nous sommes justement dans une situation d’ouverture d’esprit, dans une société qui prend conscience des enjeux et des combats à mener. On a encore beaucoup de haine sur les réseaux sociaux, beaucoup de haine en général. Il est grand temps que les choses changent et nous continuerons le combat.
L’année dernière à Toulouse, des drag queens devaient animer des ateliers de lecture pour enfants dans une médiathèque. Finalement, la mairie a préféré réserver ces ateliers aux adultes car de petits groupes identitaires avaient fait pression sur eux. Comment vivez-vous cela ?
Assez difficile, il faut l’admettre. Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes juste des artistes, pleins de paillettes et de gentillesse. Je ne suis pas dans l’esprit de ceux qui attaquent et je respecterai toujours le fait que nous ne comprenons pas ou ne soyons pas informés de ce qu’est la traînée. Mais évidemment, ça fait mal parce que nous ne sommes pas des criminels. J’ai tendance à penser que la traînée sauve le monde.
On a vu une drag queen choisie par la mairie de Paris pour porter la flamme olympique. Mais Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour pour les élections européennes, a déclaré : « Faut-il prétendre que cela représente la France ? » Est-ce que cela vous fait mal ?
C’est extrêmement blessant, oui. D’autant que la France est aujourd’hui une terre accueillante où l’on peut être fier d’être ce que l’on est, d’être différent. Même si pour moi il n’y a pas de différence, il n’y a pas de normalité. Nous avons tous le droit de ne pas rentrer dans des codes ou des cases. Alors oui, ça me révolte. À l’image de la réaction de Marion Maréchal face à Karla Sofía Gascón, l’actrice transgenre espagnole primée à Cannes. Elle a encore écrit sur les réseaux sociaux que c’était un homme qui avait reçu ce prix d’interprétation féminine. Cette actrice a pourtant franchi toutes les étapes pour devenir une femme. C’est une femme, tant civilement que physiquement.
Karla Sofía Gascón a également porté plainte contre Marion Maréchal. Mais dans ce contexte, l’émission Drag Race sur France 2 vous donne-t-elle un peu d’espoir ?
Oui, j’ai eu beaucoup d’espoir depuis la première de la série il y a trois ans. Un espoir pour les drag queens et pour toutes les personnes qui pourraient se sentir « en marge » de la société que certains nous imposent ou voudraient nous imposer. Moi aussi, je me sentais incompris quand j’étais enfant. Aujourd’hui, nous sommes cet exemple. Nous avons le droit d’être qui nous sommes.