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Deuxième mort du sous-marin Rostov-sur-le-Don

Le ministère ukrainien de la Défense a annoncé lundi avoir coulé à Sébastopol un sous-marin russe, qui avait déjà été touché une fois en septembre dernier.

« Bon travail, guerriers ! Les poissons de la mer Noire apprécieront leur nouveau foyer. » Il y avait un air de « déjà vu » Ce lundi 5 août, en lisant les nouvelles du front naval de la guerre en Ukraine. Kiev a annoncé qu’il avait « attaqué avec succès » Et « a coulé le sous-marin d’attaque B-237 Rostov-na-Donu (Rostov-sur-le-Don, ndlr) dans le port de Sébastopol »Le 13 septembre 2023, l’armée ukrainienne avait déjà revendiqué une frappe contre le chantier naval de la capitale de Crimée, où le même sous-marin était en cale sèche pour des réparations.

Dans le processus, le ministère de la Défense a alors estimé que « Deux bâtiments ont été touchés ». Des images prises depuis le port – sans que l’on sache par qui – montraient alors la coque éventrée du Rostov-sur-le-Donce qui a conduit de nombreux experts à considérer que le navire était endommagé au-delà de toute réparation. Selon le ministère britannique de la Défense, le 15 septembre, « les dégâts » étaient « catastrophique » : « Tout effort visant à remettre le sous-marin en service prendrait plusieurs années et coûterait des centaines de millions de dollars. ».

Frappe de missile ATACMS

Dans son infographie résumant l’attrition des forces navales russes en mer Noire, Le Figaro avait préféré, par précaution, considérer le sous-marin comme « endommagé » plutôt que « détruire ». En fait, quelques jours seulement après la première attaque, les Russes ont annoncé que le bâtiment serait restauré… et même dès le mois de juin de cette année, selon l’agence de presse d’État russe, qui a rapporté le 24 janvier « dégâts non critiques »Le chantier naval de Sébastopol, en partenariat avec le chantier naval de l’Amirauté (Saint-Pétersbourg), où sont construits ces sous-marins, a été chargé de cette mystérieuse réparation.

À la mi-juillet, une source russe, s’adressant à nouveau à Tass, estimait que « Le sous-marin avait été retiré avec succès de la cale sèche et ses réparations se poursuivaient dans l’eau. »Dans le même temps, la communauté OSINT (recherche open source, ndlr) avait partiellement corroboré cette information en localisant le nouvel et probable emplacement du bâtiment, recouvert d’une bâche, dans la région de Sébastopol.

Et maintenant ? Alors que la première attaque, en septembre dernier, a été attribuée à une frappe de missiles de croisière britanniques Storm Shadow, celle qui a probablement eu lieu le 1euh L’attaque annoncée ce lundi serait cette fois l’œuvre de missiles américains ATACMS. Ont-ils vaincu le sous-marin ? Il est trop tôt pour le dire. En arrière-plan, le lancement d’une seconde attaque confirme que la première n’avait pas été aussi meurtrière qu’on l’avait dit, un peu prématurément. Les premières images satellites laissent certainement penser que la zone où se trouvait le sous-marin Rostov-sur-le-Don a bien été pris pour cible, mais pas qu’il ait été définitivement détruit. Selon la chaîne pro-russe Telegram « Le vent de Crimée »LE Rostov-sur-le-Don n / A « n’a pas été coulé »mais est « peut-être endommagé ». « Nous avons des images, mais nous ne les publions pas pour des raisons de sécurité »il est ajouté, sans qu’il soit possible de vérifier cette information auprès d’une source indépendante. « Il faut encore attendre davantage de données pour une évaluation finale appropriée »résume un observateur attentif des questions navales.

Ce nouvel épisode autour d’un « deuxième mort » de Rostov-sur-le-Don symbolise particulièrement bien la guerre de l’information qui fait rage en mer Noire. Ce sous-marin appartient à la classe Kilo-Mversion modernisée du Kilo de la guerre froide, alors réputés pour leur discrétion acoustique. Surtout, ils sont désormais capables de tirer des missiles de croisière Kalibr depuis leurs tubes lance-torpilles, utilisés depuis le 24 février 2022 pour frapper l’Ukraine en profondeur grâce à leur portée de plus de 2 000 kilomètres. La flotte russe de la mer Noire en compte six Kilo-M et un ancien Kilo récemment remis en service et modernisé pour être également « calibré »Compte tenu de l’indisponibilité structurelle de certains de ces navires et des faibles capacités de maintenance russes en mer Noire (les réparations sont historiquement effectuées à Saint-Pétersbourg, mais les détroits turcs sont désormais fermés, NDLR), la perte d’un actif est loin d’être négligeable.

Retrait russe vers la mer Noire

Le succès bien réel de l’Ukraine face à la marine russe – environ 20% des navires arborant l’étoile rouge ont été endommagés ou détruits en mer Noire – constitue ainsi un élément crucial de la communication de guerre de Kiev, qui a besoin de ces victoires navales – quitte à exagérer… – pour tenir moralement bon, alors que sur le front terrestre les Russes poussent toujours plus fort à l’Est, sans, il est vrai, aucune percée majeure à ce stade.

Stratégiquement, la guerre en Ukraine est une gifle pour Moscou qui comptait protéger la zone pontique en considérant à tort cette mer semi-fermée comme une « Lac russe »Mais sa flotte est désormais contrainte de quitter Sébastopol et la Crimée pour se réfugier plus au sud, à Novorossiisk. Plus loin encore de l’Ukraine, la Russie lorgne même le port d’Ochamchira, dans la région géorgienne d’Abkhazie, de facto annexée par les Russes depuis 2008. Les Ukrainiens poussent donc les Russes à reculer toujours plus loin. Mais ce succès ukrainien ne doit pas faire oublier que la guerre en Ukraine se déroule principalement sur terre. Rostov-sur-le-Don il peut mourir deux fois, et même demain une troisième fois encore ; le cours du conflit ne sera pas radicalement changé par cette succession d’oraisons sous-marines.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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