deuxième grève générale contre le président ultralibéral Javier Milei
Pas de train, pas de bus, pas de métro pendant vingt-quatre heures : la capitale argentine, Buenos Aires, devrait sonner creux jeudi 9 mai, sans une grande partie des trois millions de personnes qui la traversent chaque jour, en majorité par voie publique. transport . Quelque 400 vols seront également annulés, affectant 70 000 passagers, selon l’Association latino-américaine du transport aérien.
Après cinq mois de gouvernance du président Javier Milei, marqués par le lancement d’un programme d’austérité, la deuxième grève générale « contre un ajustement brutal, pour la défense des droits du travail et des syndicats, et d’un salaire décent », lancé par plusieurs syndicats dont la puissante CGT péroniste, promet d’être suivi. Bien plus que celui du 24 janvier (douze heures seulement), un semi-échec moqué par le gouvernement comme la grève « le plus rapide de l’histoire » car annoncé en décembre 2023, dix-huit jours après l’investiture de M. Milei.
Cette fois encore, la présidence argentine dénonce une grève « strictement politique » et les syndicats « Battre des records de vitesse et de nombre de frappes »face à un gouvernement « à peine pris ses fonctions ». Des syndicats qui « contre ce pour quoi les gens ont voté il y a cinq mois », Elle ajoute.
L’impact politique pourrait cependant être moindre que les grandes marches de défense de l’université du 24 avril (un million de manifestants à travers le pays), la plus forte mobilisation hostile à M. Milei à ce jour, et « une leçon pour lui : la première fois qu’il s’est heurté à un mur dans l’opinion publique, car il s’agissait d’un bien collectif et transversal »estime le politologue Gabriel Vommaro.
Mais « c’est pour cette raison qu’il ne faut pas surinterpréter », s’empresse d’ajouter l’analyste à l’Agence France-Presse. Parce que, élu comme « un homme providentiel arrivé pour résoudre des problèmes que les élites précédentes avaient laissé traîner »Javier Milei « conserve des noyaux de soutien indemnes, ou du moins assez solides, dans l’opinion publique ».
Une image qui reste positive
En effet, malgré un léger glissement en avril, plusieurs sondages récents voient M. Milei osciller entre 45% et 50% d’image positive – il a été élu avec 56%. Une forme de stabilité spectaculaire pour un dirigeant qui a infligé, en quelques mois, entre dévaluation, prix libérés, dépenses et aides publiques. « couper », « le plus grand ajustement de l’histoire de l’humanité »comme aime à nous le rappeler l’anarcho-capitaliste.
De plus, le corrosif Milei, « sans changer sa personnalité et son discours agressif »vit « un apprentissage politique »estime Rosendo Fraga, politologue de l’Académie des sciences morales et politiques.
A ce titre, l’adoption fin avril – du moins à la Chambre basse – de son ensemble de réformes déréglementaires, un projet amendé, resserré et planifié, est « important » : il montre un président « plus flexible dans la pratique, adoucissant l’idéologie »et cela « peut articuler une coalition pour gouverner, malgré sa faible force » de trente-sept députés sur 257.
Inquiétudes concernant « l’après Milei »
Décélération de l’inflation – de 25 % pour le seul mois de décembre 2023 à 9 % prévus pour avril – ou récession inquiétante, avec – 3,2 % de baisse de l’activité sur un an ? « Exploit historique », dit le président argentin, un budget avec un excédent au premier trimestre, sans précédent depuis 2008, ou un sombre record de pauvreté (41,7% officiellement), à des niveaux qu’on n’a pas vu depuis 2006 ?
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Selon qu’ils portent sur l’équilibre des comptes, la réduction du « risque pays », ou sur l’impact microsocial, les pertes d’emplois, opposition et gouvernement s’envoient des indices : « Sacrifice inutile du peuple »dénonce l’ancienne présidente Cristina Kirchner. «Notre plan fonctionne»trompettes Javier Milei.
Mais les économistes, y compris les libéraux, s’inquiètent « après ». « Milei a (…) une seule variable en tête : l’inflationestime Carlos Rodriguez, autrefois proche du nouveau président. Le plan d’ajustement consiste simplement à ne rien payer, avec, dans ces premiers mois, une réduction des coûts dans tous les secteurs. Mais je ne vois pas de plan. »
Au-delà de la grève, qui semble destinée à n’influencer en rien la politique suivie, il est difficile de prédire lequel, reprise ou ras-le-bol, se fera sentir en premier. « La limite à l’ajustement est imposée par ceux qui s’adaptent et par leur capacité de résistance »» concède Carlos Heller, ancien banquier et député d’opposition.