Selon un rapport des Nations Unies, des « brigades d’autodéfense » ont vu le jour pour tenter de prendre la justice en main face à la violence des gangs et à l’échec institutionnel.
La situation ne cesse de se dégrader à Port-au-Prince depuis la démission du Premier ministre contesté Ariel Henry. La capitale de l’île, qu’on appelait autrefois la perle des Antilles, est en proie à une violente guerre entre gangs qui contrôlent une grande partie du territoire face à une police impuissante.
Ce samedi, une foule a envahi un commissariat pour kidnapper deux individus qui transportaient une somme de près de 20 000 dollars pour acheter et fournir des armes et des munitions aux gangs locaux, a indiqué la police de l’Etat sur ses réseaux sociaux.
Selon Gardien, la foule a lynché les deux individus au point de les tuer à coups de couteau, sans que la police, présente sur place, puisse empêcher cette double tuerie. L’événement met en lumière le désarroi de la population qui survit dans un quotidien marqué par les règlements de compte et les attaques contre ce qui reste des institutions d’un État complètement effondré.
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Tout au long du mois de mars, les gangs de Port-au-Prince ont ciblé les commissariats de police, le principal aéroport international qui était fermé et surtout les deux plus grandes prisons du pays où se trouvait le chef du gang le plus puissant, surnommé Barbecue , a libéré plus de 4 000 détenus. Ce dernier lance aussi régulièrement des attaques contre le palais national, siège du gouvernement déchu.
« Brigades d’autodéfense »
En 2023, selon un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, le nombre de personnes tuées et blessées en raison de la violence des gangs a considérablement augmenté, avec 4 451 tués et 1 668 blessés. Et les chiffres ne cessent d’augmenter depuis le début de l’année 2024 avec 1 554 tués et 826 blessés au 22 mars. Toujours selon ce bilan, en raison de cette escalade de violence, « brigades d’autodéfense » ont décidé de se faire justice eux-mêmes. « Au moins 528 cas de lynchage ont été signalés en 2023 et 59 autres en 2024 ».
Ce vendredi, la Marine nationale a évacué, avec des hélicoptères et des navires, un groupe de 243 personnes, dont 163 ressortissants français, vers la Martinique. Trois navires de la Marine nationale sont arrivés à Fort-de-France, ont indiqué lors d’une conférence de presse le préfet de Martinique et le commandant en chef des Forces armées aux Antilles.