Deux gendarmes tués, incendies, pillages… Tout comprendre du chaos qui secoue la Nouvelle-Calédonie
CONCENTRATION SUR LES IMAGES – Le territoire du Pacifique Sud, collectivité de la République française, est en proie à de violentes émeutes depuis lundi.
Pillage, incendies, affrontements armés… Depuis trois jours, le chaos règne en Nouvelle-Calédonie. Ce territoire du Pacifique Sud, collectivité de la République française, est en proie à de violentes émeutes en marge d’une révision constitutionnelle du corps électoral local. Cinq personnes sont mortes, dont deux gendarmes, et le gouvernement a fait état d’une centaine de blessés selon les dernières estimations. Le Figaro fait le point sur ces trois jours d’émeutes.
Quelle est l’origine de ces émeutes ?
La question de l’élargissement du corps électoral en vue des prochaines élections provinciales en Nouvelle-Calédonie suscite une vague de mobilisations à partir de la mi-avril. Samedi 13 avril, deux manifestations distinctes, d’une ampleur jamais vue depuis les années 1980, ont rassemblé à Nouméa séparatistes d’un côté, non-indépendantistes de l’autre. Les chiffres officiels du Haut-Commissariat de la République estiment le nombre total de manifestants à environ 40 000 pour une population totale de 269 000 habitants.
Le projet de loi vise à ouvrir le champ électoral aux élections provinciales aux personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins dix ans. Instauré en 1998 par l’Accord de Nouméa, le corps électoral est en effet gelé, ce qui a pour conséquence, 25 ans plus tard, de priver du droit de vote près d’un électeur sur cinq. Les indépendantistes s’opposent à ce texte de loi, accusés de « minimiser davantage le peuple autochtone Kanak. »
Où est ce projet de loi qui fait réagir la Nouvelle-Calédonie ?
Le projet de loi constitutionnelle a été voté dans la nuit de mardi à mercredi. Les députés à Paris ont adopté, après les sénateurs, le texte du gouvernement par 351 voix contre 153. La réforme devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis au Congrès à Versailles, mais Emmanuel Macron a promis qu’il ne le ferait pas. ne le convoque pas « Dans le processus » de ce vote, pour donner une dernière chance aux discussions avec les partis locaux.
Quel est le bilan de ces trois jours d’émeutes ?
206 arrestations ont eu lieu depuis lundi sur le territoire, selon le dernier bilan. Ces violences ont fait cinq morts, deux hommes âgés de 20 et 36 ans, une jeune fille de 17 ans, ainsi que deux gendarmes, dont un de 22 ans.
Dix dirigeants mafieux du CCAT, la frange la plus radicale du Front de libération kanak (FLNKS) socialiste, ont été assignés à résidence. Le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer Gérald Darmanin a annoncé que « plus de vingt convocations supplémentaires » serait prononcée jeudi contre des membres du CCAT.
Couvre-feu, GIGN, Armée… Quels sont les moyens déployés ?
Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de l’armée. Il doit permettre « sécuriser » ports et aéroports. De nombreux policiers et gendarmes, dont des éléments de leurs deux groupes d’élite, le GIGN et le RAID, sont déjà mobilisés. D’autres renforts étaient en cours d’acheminement vers l’archipel, selon Gérald Darmanin. Selon le ministère, 1.800 policiers et gendarmes y étaient déployés mercredi et 500 autres y arriveront jeudi dans les prochaines heures.
Un couvre-feu a également été instauré mardi dans la métropole de Nouméa.
Les habitants ont commencé à organiser la protection de leurs quartiers et ont érigé des barricades de fortune, faites de palettes en bois, de canettes et autres brouettes, sur lesquelles ils ont planté des drapeaux blancs.
Le Premier ministre Gabriel Attal a également annoncé mardi l’interdiction du réseau social TikTok en Nouvelle-Calédonie. En effet, le réseau social était l’un des vecteurs de communication privilégiés entre les groupes qui ont commis des violences pendant trois nuits en Nouvelle-Calédonie.
Malgré cela, les violences se sont poursuivies sur l’archipel, qui a connu une nouvelle fois « des affrontements très importants »a déploré jeudi le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc. « Il y a aussi des pièges tendus à la police »qui a souffert « tirs nourris de fusils à longue portée »a-t-il déclaré.
Louis Le Franc l’a rapporté mardi « tirs tendus avec des armes de gros calibre, des fusils à longue portée, sur les gendarmes » lors des violences dans la ville du Mont-Dore, ainsi que des maisons incendiées à Nouméa.
Les pompiers de Nouméa ont indiqué avoir reçu près de 1 500 appels dans la nuit de lundi à mardi et être intervenus sur environ 200 incendies. Selon un groupement patronal, une trentaine de magasins, usines et autres commerces ont été incendiés.
Pénuries alimentaires et risques sanitaires
Entre les commerces détruits par les émeutiers et les nombreux barrages routiers, l’approvisionnement devient difficile à Nouméa. Mercredi, la pénurie alimentaire a provoqué de très longues files d’attente devant les magasins. « La ville va bientôt manquer de nourriture», a prévenu Louis Le Franc, selon L’actualité calédonienne .
Dans certaines maisons de retraite, les médicaments manquent également. « Certains de ces traitements sont vitaux pour les résidents», a alerté la Fédération des établissements accueillant des personnes âgées (FEAPA).
Louis Le Franc a également évoqué la mise en place de convois sécurisés pour approvisionner les points de distribution alimentaire. « Si la situation ne (revient) pas à la normale rapidement, les établissements seront confrontés (…) à une pénurie de médicaments »a également alerté la Fédération des établissements accueillant des personnes âgées.