deux gauches pour quatre programmes
A moins de deux semaines des élections européennes, les attaques se multiplient entre les partis de gauche. Sur BFM-TV, lundi 27 mai, la tête de liste Place publique-Parti socialiste, Raphaël Glucksmann, a invité chez lui sa rivale de La France insoumise (LFI), Manon Aubry. « laisse tomber les baskets ». « Concentrez-vous sur l’extrême droite »il ajouta. «Quand nous entendons M. Glucksmann et (la tête de liste Renaissance Valérie) Hayer dit que l’Europe est une opportunité, il y a un écart entre ce que nous vivons quotidiennement et les discours. »a poursuivi, le lendemain sur C8, le candidat communiste Léon Deffontaines, associant le représentant du Parti socialiste (PS) au candidat du camp présidentiel.
Si ces offensives ont des allures de postures électorales, elles rappellent aussi l’existence de deux gauches en Europe, issues du référendum de 2005, où l’avait emporté le non à une Constitution européenne. En témoigne l’examen des programmes du PS, de LFI, du Parti communiste français (PCF) et des Verts pour les élections européennes. « Ce qui nous différencie, c’est l’élargissement et le saut fédéral »illustre l’eurodéputé Emmanuel Maurel, candidat sur la liste de Léon Deffontaines.
Les questions internationales continuent de diviser la gauche. À commencer par l’Ukraine. D’un côté, les sociaux-démocrates et les écologistes sont favorables à son intégration dans l’Union européenne (UE), de l’autre, les « rebelles » et les communistes s’y opposent. L’armement du front ukrainien contre les Russes fait également débat. Ces derniers jours, Raphaël Glucksmann s’est dit prêt à soutenir l’envoi de missiles à longue portée au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, quand la tête de liste écologiste, Marie Toussaint, s’est montrée bien plus prudente. La gauche radicale y est farouchement opposée, ne souhaitant pas devenir « cobelligérant ». Elle milite toujours pour une solution « diplomatique » avec Vladimir Poutine, même si cela aboutirait aujourd’hui à une capitulation de l’Ukraine.
En réalité, c’est la vision même de la construction européenne qui est au cœur des dissensions, même si plus personne ne prône une sortie de l’UE. Ainsi, l’expression « saut fédéral » est placé au cœur des programmes écologiques et socialistes. Les deux partis le présentent comme une nécessité pour un meilleur « lutte contre le dumping social, fiscal et environnemental », comme le résume le programme des Verts. Ils plaident aussi pour la mise en place d’une défense européenne, donc d’une armée commune, censée rendre l’Europe plus indépendante. « Nous partageons de nombreux objectifs communs avec les Verts. Ce sont nos premiers alliés », a admis Raphaël Glucksmann le 15 mai, en présentant les 337 mesures de son épais programme. Les sociaux-démocrates et les écologistes rêvent aussi de donner à l’Europe la capacité de « augmenter la taxe » afin d’augmenter les ressources pour financer par exemple la transition écologique ou la réindustrialisation.
Il vous reste 55,02% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.