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Deux Français dans le collimateur des services de renseignement hongrois

Ces expatriés à Budapest sont surveillés dans le cadre d’une opération européenne contre l’ingérence russe.

Budapest

Les services secrets de différents pays européens sont actifs à l’approche des élections européennes, craignant des tentatives d’ingérence de la Russie. En France, la DGSI s’intéresse de près au projet de liste européenne monté par Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen (Front national/Rassemblement national) de 2014 à 2019, dont le programme « Pour la paix avec la Russie » éveille les soupçons. En coordination avec des opérations d’identification et de visualisation menées dans plusieurs pays comme la France, la République tchèque et la Pologne, les services de renseignement hongrois s’intéressent à deux citoyens français résidant de longue date à Budapest, rapporte l’hebdomadaire économique. HVG.

Le premier n’est autre que l’ancien assistant parlementaire de Jean-Luc Schaffhauser, Nicolas de Lamberterie. Formé à Sciences Po Strasbourg, militant du mouvement alsacien d’abord, il est aujourd’hui presque un « vétéran de l’extrême droite hongroise », comme désigné HVG. Dans la seconde moitié des années 2000, il rejoint le Mouvement de jeunesse des soixante-quatre comtés (HVIM), militant pour l’autonomie des territoires perdus par la Hongrie après la Première Guerre mondiale et gravitant autour du parti d’extrême droite Jobbik. , puis en pleine montée.

La deuxième personne qui intéresse le contre-espionnage hongrois est le franco-magyar François Lavallou installé à Budapest en 2010, où il a fondé le site d’information Poste de Visegrad, sous le pseudonyme de Ferenc Almássy. Les deux Français travaillent ensemble pour ce média en ligne qui a reçu le soutien financier de la chaîne YouTube Libertés télévisées, fondée par l’ancien cadre du Front national Martial Bild, ainsi que le ministère hongrois de la Culture qui lui a accordé une subvention d’un montant équivalent à dix mille euros. Il convient toutefois de noter que, pour l’instant, aucun lien ni financement de la part de la Russie n’a été établi.  » Nous ne sommes ni des espions ni payés par la Russie », a réagi François Lavallou, qui dénonce un « Maccarthysme pré-électoral sur fond de complotisme « .

Alliance européenne

Ce n’est pas le cas pour le site d’information Voix de l’Europe basé en République tchèque. Le 27 mars, le Premier ministre Petr Fiala a annoncé que les services de renseignement tchèques (BRI) avaient découvert un réseau de propagande dirigé et financé par Moscou dans le but de « porter atteinte à l’intégrité territoriale, à la souveraineté et à l’indépendance de l’Ukraine « . Le site a été mis hors ligne et son chef, Viktor Medvedchuk, a été inscrit sur la liste des sanctions nationales contre la Russie. Selon la BRI, « son contenu était contrôlé et financé directement par la Fédération de Russie. L’argent de Moscou a également été utilisé pour rémunérer certains représentants politiques qui diffusent la propagande russe. (…) L’un des objectifs était d’essayer d’influencer les élections au Parlement européen « .

En Hongrie, Nicolas de Lamberterie et François Lavallou sont proches de László Toroczkai, président du parti d’extrême droite Mi Hazánk (Notre Patrie), qui occupe 6 des 199 sièges de l’Assemblée nationale. Ces derniers ont manifesté contre l’OTAN un mois après l’invasion de l’Ukraine et se sont récemment prononcés en faveur du retour de la région ukrainienne de Transcarpathie sous la domination hongroise. Fin août 2023, Nicolas de Lamberterie et László Toroczkai ont participé à Budapest à un rassemblement de membres des extrême droite suédoise, suisse, tchèque et bulgare, en vue d’une alliance au Parlement européen. Ceci en présence de Guillaume Pradoura, assistant parlementaire successivement du RN français, de l’AfD allemande et du FVD néerlandais, et qui serait l’émissaire européen de Jean-Luc Schaffhauser.

Tout cela n’est pas nouveau, rappelle le journaliste de HVG András Dezső. Au tournant des années 2010, un député européen hongrois du parti Jobbik, nommé Béla Kovács, tente de réaliser une union des partis nationalistes européens favorables à un rapprochement avec Moscou. Condamné en 2022 par la justice hongroise à cinq ans de prison pour espionnage envers les institutions de l’Union européenne, il a disparu des radars. Selon András Dezső, il se trouve… En Russie, où il a obtenu le statut de réfugié.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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