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Deux ans après la décision de la Cour suprême, l’avortement au cœur du duel Trump-Biden – 24/06/2024 à 17:35

Le président américain Joe Biden dans le Wisconsin, aux États-Unis, le 8 mai 2024 (AFP / Mandel NGAN)

Deux ans après un arrêt historique de la Cour suprême, l’avortement s’est imposé comme un thème essentiel du match électoral entre Donald Trump et Joe Biden, aux feux rouges écarlates pour le camp républicain.

Le 24 juin 2022, la Haute Cour, profondément remaniée par l’ancien président, a infirmé la fameuse jurisprudence Roe v. Wade, qui a garanti le droit fédéral des femmes américaines à avorter, donnant à chaque État la liberté de légiférer.

Le pays est désormais partagé entre la vingtaine d’États ayant décrété des interdictions ou des restrictions fortes, situés principalement au Sud et au centre, et ceux des côtes, qui ont adopté de nouvelles protections.

La décision de la Cour suprême a plongé l’Amérique dans une profonde incertitude juridique, ouvrant d’autres questions autour de la fécondation in vitro, par exemple.

(FILES) Des manifestants pro-vie écoutent le président américain Donald Trump lors de son discours lors de la 47e « Marche pour la vie » annuelle à Washington, DC, le 24 janvier 2020. Le droit à l’avortement devrait être laissé aux États américains pour décider, selon le président républicain. » a déclaré le candidat Donald Trump le 8 avril 2024, rejetant de fait une interdiction nationale de l’avortement après des mois de signaux mitigés sur l’une des questions les plus controversées des élections de novembre. (AFP/OLIVIER DOULIERY)

Le temple du droit américain doit aussi rendre prochainement une autre décision très attendue.

La Cour suprême doit décider si les hôpitaux de l’Idaho doivent suivre les directives fédérales et pratiquer des avortements dans certaines situations mettant en danger la santé des femmes, ou s’ils sont soumis à la quasi-interdiction décidée par cet État conservateur.

– « Crise sanitaire » –

« C’est une crise sanitaire, et on sait qui est responsable : Donald Trump » s’en prend à la vice-présidente Kamala Harris, en première ligne sur le sujet, selon des extraits d’un discours qu’elle doit prononcer lundi dans le Maryland (est) , avant d’aller marteler les mêmes arguments plus tard en Arizona (sud-ouest), Etat potentiellement décisif pour le scrutin de novembre.

Les Démocrates estiment qu’en défendant le droit à l’avortement, ils disposent d’un argument de poids pour arracher les précieuses voix des femmes et des jeunes.

Depuis la décision de la Cour, les conservateurs ont perdu presque tous les référendums ou votes soulevant la question de l’avortement, même dans des États qui leur appartiennent généralement en grande partie, comme l’Ohio, l’Alabama et le Kansas. .

La vice-présidente américaine Kamala Harris, à Tucson, Arizona, États-Unis, le 12 avril 2024 (AFP / Frederic J. Brown)

Au cours des deux dernières années, « le mouvement pro-avortement a découvert que les Américains se soucient beaucoup plus de ce droit qu’ils ne l’avaient imaginé », note le professeur Mary Ziegler de l’université de Californie à Davis. « Et donc ils essaient de profiter de cette situation à travers des initiatives électorales », explique-t-elle à l’AFP.

Le président Joe Biden, catholique pratiquant et longtemps prudent sur la question, est lui-même devenu un champion du droit à l’avortement, et n’hésitera pas à le souligner jeudi lors du premier débat avec son rival.

« Donald Trump est seul responsable » du « cauchemar » provoqué par la décision de la Cour suprême, a critiqué le démocrate dans un communiqué lundi matin.

– Fausse-couche –

Son équipe de campagne a dévoilé un clip publicitaire dans lequel une femme raconte avoir subi un refus de soins en Louisiane pour une fausse couche à 11 semaines de grossesse, « conséquence directe » des décisions de l’ancien président, dit-elle. face à la caméra.

Personnel chargé d’accompagner et d’accueillir les patientes souhaitant avorter, devant la clinique de planning familial Camelback à Phoenix, Arizona, le 18 avril 2024 (AFP / Frederic J. BROWN)

Les démocrates ont encouragé l’organisation de mini-référendums sur l’avortement dans plusieurs Etats décisifs, afin qu’ils puissent avoir lieu le même jour que l’élection présidentielle.

Leur logique est simple : les votes en faveur de l’avortement pourraient grandement profiter à Joe Biden et mobiliser des électeurs qui autrement auraient pu être tentés de snober le vote.

Selon une enquête d’opinion de Fox News publiée mercredi, 47 % des votants considèrent la question de l’avortement comme « extrêmement importante » pour départager Joe Biden et Donald Trump.

– Trump ambigu –

Sur l’avortement, le milliardaire républicain, qui ne manque pourtant jamais une occasion de souligner que c’est par ses nominations judiciaires que la Cour suprême a opéré son revirement historique, se montre désormais volontairement ambigu.

« Vous devez suivre votre âme et votre conscience sur cette question, mais n’oubliez pas que vous devez également gagner les élections », a-t-il déclaré dans une vidéo début avril.

Manifestants anti-avortement à Charlotte, Caroline du Nord (sud-est des Etats-Unis), le 4 avril 2024 (AFP / Allison Joyce)

Par exemple, le candidat républicain ne fait pas campagne sur une promesse très impopulaire d’interdire l’avortement dans tout le pays par le biais d’une loi fédérale, comme le souhaiterait la droite religieuse.

« Le mieux que vous puissiez faire si votre position est impopulaire… est de ne pas la clarifier », déclare le professeur Mary Ziegler.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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