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Dette publique : « La stratégie du pigeon »

Dette publique : « La stratégie du pigeon »

jeDepuis le début du psychodrame politique français, un phénomène tout à fait paradoxal se produit : les taux d’intérêt n’augmentent pas, alors que tout le monde voit qu’ils augmentent…

Rappelons-nous. La perspective de voir arriver au pouvoir des extrêmes politiques faisait craindre une envolée de la dette publique française, afin de financer les promesses d’un monde meilleur. Par la suite, les taux d’intérêt français devaient s’envoler, afin de satisfaire les investisseurs dont le niveau de demande serait alors relevé d’un cran.

Résultat, les taux d’intérêt à dix ans français tournaient autour de 3,10% à la veille des élections européennes, ils tournaient aussi autour de 3,10% au lendemain du second tour des législatives… et ils tournaient encore autour du 23 juillet, alors qu’on ne savait toujours pas quelle coalition formerait un gouvernement. Circulez, il n’y a rien à voir ici ?

En finance, il ne faut pas regarder au-delà des apparences, nous dit la théorie. Si l’investisseur exige toujours 3,10 % pour accepter de financer la dette française, c’est probablement parce qu’il a de bonnes raisons de ne pas exiger plus. C’est ce qu’on appelle l’efficience du marché. Toute l’information pertinente est censée être contenue dans le prix affiché. Si le prix est le même, alors il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Pourquoi pas.

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Après tout, il s’agit toujours de la dette publique française. Qu’elle soit affligée d’une mauvaise note pour mauvaise conduite budgétaire est une chose. Mais exiger un rendement plus élevé de l’État français, alors qu’il nous offre le privilège de financer ses projets. Pour qui nous prenons-nous ?

A l’affût du moindre prédateur

Mais que s’est-il passé exactement pour que le taux français soit resté si bas ? Plusieurs explications sont possibles.

Peut-être cette apparente apathie signifie-t-elle que l’investisseur a atteint une forme d’âge de raison, l’invitant à rester zen pendant que le navire coule ? C’est tout à fait possible.

Mais il existe une deuxième option, qui paraît plus raisonnable. L’investisseur a forcément été pris d’une terrible anxiété, mais il a utilisé une stratégie diablement efficace créant l’illusion d’une sérénité parfaite.

Si le taux d’intérêt français a si peu bougé, c’est au prix d’une gymnastique experte de la part de l’investisseur. En vérité, il n’a aucun mérite, puisque cette gymnastique s’inspire de la stratégie du pigeon. Vous n’auriez pas pu échapper à cette démarche si caractéristique de ce mangeur urbain, ce mouvement de va-et-vient de la tête à chaque fois qu’il se met à marcher.

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