Les Sud-Africains se dirigent désormais vers un territoire inconnu : jamais depuis la fin de l’apartheid en 1994, un tel séisme politique ne s’est produit. Après avoir dépouillé presque tous les bureaux de vote, l’ANC n’a reçu qu’environ 40 % des voix au niveau national. Il reste le premier parti du pays, mais connaît une chute spectaculaire, avec plus de 15 points perdus par rapport à son score de 2019, déjà historiquement bas.
Les signes avant-coureurs étaient là. Lors du dernier meeting de Cyril Ramaphosa, dans l’immense stade FNB de Soweto, les militants se sont montrés peu intéressés par les discours et sont progressivement repartis avant la fin. Puis, le jour du scrutin, à la sortie des bureaux de vote de Johannesburg, la colère des électeurs était palpable, comme chez Jermina, un habitant de Soweto, township traditionnellement fidèle à l’ANC : « Pour moi, ce parti est ne fonctionnant que derrière des contrats publics illicites, ils détruisent tout dans notre pays, et ne tiennent jamais les promesses qu’ils nous font. »