« Nous ne voulons pas de vos éoliennes. (…) Sortez de là ! » C’est peu dire qu’un vent de colère a soufflé sur le village pittoresque et habituellement calme d’Orliac, en Dordogne, mercredi 6 novembre. Une réunion publique devait s’y tenir dans la soirée, sous la salle des fêtes, à propos d’un projet de parc éolien prévu dans la région. A peine commencée, la réunion, qui avait attiré près de 80 personnes, a été arrêtée.
En vingt minutes, à coups de huées, d’invectives et de voix fortes, les opposants à ces éoliennes, venus pour beaucoup des localités environnantes, ont mis fin aux tentatives de la société Iberdrola France, porteuse du projet, d’engager une concertation avec les populations locales. population et avec le soutien, entre autres, d’experts en acoustique et en environnement. « Nous ne voulons pas de consultation parce que ce n’est pas possible », a déclaré Bruno Lallier, maire de la ville voisine de Doissat, qui avait déjà été invité, avec plusieurs de ses homologues, à la conférence de presse qui a précédé la réunion publique.
Problème d’image
« Le principe de base c’est que c’est moche, que ça fait du bruit, que ça détruit tout »
La plupart des personnes présentes à Orliac mercredi soir ont participé à la mobilisation orchestrée par l’association Vent Debout Périgord Noir contre le projet Iberdrola.
Ce leader mondial de l’énergie souhaite installer cinq à dix éoliennes, de 165 mètres de haut, sur 400 hectares répartis sur cinq communes : Orliac, mais aussi Prats-du-Périgord, Sainte-Foy-de-Belvès, Salles-de-Belvès et Mazeyrolles. La capacité énergétique de ce futur parc serait comprise entre 15 et 33 MW et pourrait alimenter en électricité environ 5 440 foyers, soit près de 12 000 habitants.
En Périgord, jusqu’à présent, aucun projet éolien n’a été réalisé. Sans aucun doute, les protestations locales y sont pour beaucoup. « Le postulat de base, c’est que c’est moche, que ça fait du bruit, que ça détruit tout… L’image qu’ils s’en font est terrible », confie Valérie Boyer, responsable des affaires publiques, à Orliac d’Iberdrola France.
Risque d’incendie
Dans ce village perché du Périgord Noir, entouré de forêts, les anti-guerre mettent aussi en avant les risques d’incendie : « Avec des pales de près de 200 mètres de haut, les Canadairs ne pourront plus intervenir en cas d’incendie », argumente Bruno. Lallier. Evidemment, ils ont aussi peur de la dévaluation de l’immobilier et de ses conséquences sur le tourisme.
Mais il n’y a pas que des opposants au parc éolien d’Orliac. Lors de cette réunion publique, certains partisans se sont montrés discrets, à l’image du premier magistrat de la commune, Christian Ventelou. En tant qu’agriculteur, il voit dans ce projet la garantie pour lui d’un revenu financier et, par ricochet, l’avenir assuré de son exploitation : « Je veux transmettre mon activité et cela peut aider celui qui me succédera à se lancer. . Il faut tout essayer pour survivre », dit-il.
« Depuis votre arrivée ici, c’est le bordel : il y a des gens ici qui ne se parlent plus », a déclaré Patrick Vivies, deuxième adjoint à Orliac, en apostrophant les représentants d’Iberdrola. Ici comme ailleurs, la population est divisée, ballottée par des vents contraires.
Et ça continue…
La fin brutale de la réunion publique d’Orliac ne signifie pas la fin du projet Iberdrola. « Nous allons installer un mât de mesure et les études seront lancées, probablement début 2025 », a indiqué Lolita Grandgérard, chef de projet, sur place à l’issue des discussions animées.