Des soldats nord-coréens auraient utilisé des appâts humains pour attirer des drones ukrainiens

Dans un art de feuilleton consommé, les forces spéciales ukrainiennes ont commencé à diffuser des extraits d’un carnet récupéré sur un soldat nord-coréen tombé au combat dans la région de Koursk, aux côtés de l’armée russe. Il contient des informations variées et indique notamment à quel point les fantassins nord-coréens sont impuissants face aux drones et à l’artillerie ukrainienne, explique le média en ligne américain Business Insider.

Depuis octobre 2024, des milliers de soldats nord-coréens ont été envoyés par Kim Jong-un pour soutenir les forces russes contre l’Ukraine. Attendus dans le Donbass, ils ont finalement été déployés dans l’oblast de Koursk, dans l’ouest de la Russie, où l’armée ukrainienne mène une incursion depuis début août. Leur déploiement s’est avéré chaotique, notamment en raison de la barrière de la langue.

Plusieurs soldats nord-coréens ont déjà été capturés, dont deux qui attirent l’attention (et sont clairement utilisés à des fins de propagande par l’Ukraine), depuis l’annonce de leur capture par le président Volodymyr Zelensky, samedi 11 janvier. Ils ont été interrogés à Kyiv par les services de renseignement ukrainiens et sud-coréens.

Sur X (anciennement Twitter), le chef de l’Etat ukrainien a également partagé des vidéos de leurs interrogatoires, dans lesquelles on les voit, blessés et allongés sur une couchette, répondre à différentes questions en coréen. En outre, selon les renseignements ukrainiens et sud-coréens, environ 300 soldats nord-coréens sont déjà morts pendant le conflit et ont reçu des ordres urgents pour « suicide » plutôt que d’être capturé.

La communication entre les soldats nord-coréens capturés et les enquêteurs ukrainiens se poursuit. Nous établissons les faits. Nous vérifions tous les détails. Le monde apprendra toute la vérité sur la façon dont la Russie exploite de tels types, qui ont grandi dans un vide informationnel complet,… pic.twitter.com/CWcssQjr94

— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) 14 janvier 2025

Mais revenons au journal de bord ayant appartenu à un soldat nord-coréen et dont des extraits ont été publiés à plusieurs reprises sur le réseau Telegram par les forces d’opérations spéciales de l’armée ukrainienne. « Pendant que je travaillais à la caserne, je pensais que personne ne me surveillait et j’ai mis les affaires des Russes dans ma poche. Je ne ferai plus de commerce avec les affaires des autres. J’avancerai héroïquement jusqu’à la ligne de front et détruirai l’ennemi. »» avoue par écrit cet homme, nommé Jong Kyong-hong, d’après le passeport retrouvé par les Ukrainiens et également rendu public. Faute avouée à moitié pardonnée ?

Le soldat tué au combat livre également des considérations plus émotionnelles, dans un registre proche d’un journal intime, comme le rapporte également le quotidien américain The Wall Street Journal. «J’aspire à ma patrie, après avoir quitté l’étreinte chaleureuse de mon cher père et de ma chère mère ici sur terre Russe »» déclame-t-il avec paroles. « Je fête l’anniversaire de mon plus proche camarade Song Ji-myong »raconte avec simplicité le jeune homme, envoyé mourir loin de chez lui pour un pays qui n’est même pas le sien.

Dessins enfantins de tactiques kamikaze

Les premières pages du cahier contiennent des informations plus intéressantes, notamment un schéma très sommaire, intitulé « comment éliminer un drone ». Avec la dextérité d’un enfant de 5 ans, le fantassin nord-coréen montre un bonhomme allumette à l’air libre tandis que deux autres bonhommes allumettes tirent sur un drone quadricoptère. Il s’agit d’une tactique pour le moins audacieuse, basée sur l’utilisation… d’appâts humains.

« Si un drone est repérérassemblez-vous par groupes de trois, peut-on y lire. Une personne doit servir d’appât pour attirer le drone, tandis que les deux autres le visent et le neutralisent avec des tirs de précision. L’appât doit être maintenu à une distance de 7 mètres du drone. Les deux autres devraient se préparer à abattre le drone à une distance de 10 à 12 mètres. Lorsque l’appât s’arrête, le drone s’arrête et peut être abattu.

Une autre page du journal explique comment éviter les frappes d’artillerie. Là aussi, l’approche est pour le moins hétérodoxe. Certes, Jong Kyong-hong recommande à ses camarades de « se disperser en petits groupes » en cas de tirs d’artillerie ukrainienne, ce qui n’est pas stupide. Mais il conseille aussi de se réfugier là où « plan précédent » est tombé, convaincu que les obus – comme la foudre – ne tombent jamais deux fois au même endroit.

Business Insider précise ne pas avoir authentifié de manière indépendante le journal de bord de ce soldat. S’appuyant sur des traductions du Wall Street Journal, les médias américains citent un ancien militaire nord-coréen ayant fait défection en 2019 et un ancien général de division de l’armée sud-coréenne, dont le style d’écriture était conforme à l’idéologie et à la manière de s’exprimer du Nord. Soldats coréens. Un style et une approche tactique certainement uniques.