Des scientifiques révèlent un lien surprenant entre la Lune et le développement de la vie sur Terre
La Terre est une gigantesque machine dotée de rouages incroyablement nombreux et complexes. Une nouvelle étude révèle comment la vitesse de rotation de la Terre, via les effets de marée induits par la Lune pourraient avoir influencé le développement de la vie terrestre.
Les roches sédimentaires représentent les véritables archives de l’histoire de la Terre. Faciles à dater, elles contiennent de nombreuses informations qui permettent de reconstituer les conditions qui prévalaient à l’époque où les grains sédimentaires se sont déposés. C’est grâce à ces roches que l’on peut reconstituer le paysage passé d’un lieu : la nature des roches qui y affleuraient, le relief, la faune et la flore présentes, mais aussi le climat et les éventuels épisodes tectoniques qui ont pu s’y produire.
Les sédiments, archives des paramètres orbitaux de la Terre
Mais les sédiments contiennent aussi d’autres informations très subtiles qui permettent de retrouver les valeurs de certains paramètres astronomiques à un instant donné. Ces paramètres, comme l’inclinaison de la Terre sur son axe (obliquitéobliquité), la forme de laorbiteorbite terrestre (excentricitéexcentricité) ou même le précessionprécession de la équinoxeséquinoxes affectent le climat de la Terre, qui lui-même impacte les conditions de formation des roches sédimentaires. L’étude de ces roches permet même d’observer des variations dans vitesse de rotationvitesse de rotation de la Terre sur elle-même au fil du temps.
En effet, de nombreux modèles suggèrent que la rotation de la Terre ralentit depuis sa formation. La durée du jour a donc augmenté au fil du temps. Mais pourquoi ?
Les marées qui ralentissent la Terre et repoussent la Lune
Pour comprendre, il faut se rappeler que la Terre n’est pas seule. Elle est accompagnée par LuneLune qui provoque périodiquement une déformation de ses océans. Ce sont les maréesmarées. Cependant, les frottements qui se produisent sur le fond de l’océan et au cœur de la massemasse l’eau lors du mouvement de ce renflement océanique induit un ralentissement de la rotation de la Terre et de fait un éloignement de la Lune.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, le ralentissement de la rotation de la Terre n’est pas un phénomène linéaire. Une précédente étude avait déjà mis en évidence le fait que le ralentissement de la rotation terrestre se produit par paliers et non de manière régulière. La durée du jour aurait ainsi « stagné » à 19 heures pendant environ 1 milliard d’années, durant la période dite du « milliard ennuyeux » (entre 1,8 et 0,8 milliard d’années). Cette observation a révélé l’influence d’autres paramètres sur la vitesse de rotation de la Terre, notamment celle des marées atmosphériques.
Une décélération qui se ferait par étapes et non de manière régulière
Cette idée d’une décélération progressive est renforcée par la publication d’une nouvelle étude dans la revue Pnas. Une équipe de chercheurs s’est penchée ici sur l’évolution de la duréedurée de la durée du jour sur une période plus récente de l’histoire de la Terre, entre 650 et 280 millions d’années, à partir de l’analyse des roches sédimentaires. Au total, durant cette période, la distance Terre-Lune aurait augmenté de 20 000 kilomètres et la durée du jour aurait augmenté de 2,2 heures. Mais les résultats mettent également en évidence une période pendant laquelle la rotation de la Terre se serait stabilisée (entre 500 et 350 millions d’années).
Pour les auteurs, ce schéma serait principalement causé par des variations dans le phénomène de dissipation de laénergieénergie les marées, liées à la configuration des masses continentales. Certaines configurations conduiraient ainsi à un renforcement de la dissipation des marées. Ces périodes correspondraient aux phases de décélération de la rotation de la Terre. A l’inverse, certaines configurations continentales conduiraient à un affaiblissement de la dissipation des marées et donc à une stabilité de la durée du jour.
Un lien entre phases de décélération et diversification du vivant ?
Plus surprenant encore, les deux périodes de décélération encadrant la période stable entre 500 et 350 millions d’années correspondent à des événements d’oxygénation notables dans l’histoire de la vie terrestre, tous deux associés à des phases majeures de la biodiversité.
Pour les chercheurs, ces deux événements pourraient être directement liés à l’évolution de la durée du jour, le renforcement de la dissipation de l’énergie des marées jouant un rôle dans la circulation océanique et le mélange océanique. Des conditions permettant une plus forte oxygénation du milieu océanique et boostant la écosystèmesécosystèmes marins !