Les nouvelles les plus importantes de la journée

Des scientifiques prennent la première image détaillée d’une étoile en dehors de notre galaxie

Une image non datée montre une reconstruction artistique de l'étoile WOH G64, la première étoile en dehors de notre galaxie à être photographiée en gros plan. Il est situé à une distance stupéfiante de plus de 160 000 années-lumière dans la galaxie du Grand Nuage de Magellan.

Des scientifiques de l’Observatoire européen austral (ESO) ont réussi à prendre une image détaillée d’une étoile située dans une autre galaxie que notre Voie lactée, une première qui leur permettra de mieux étudier cette étoile en fin de vie. Distante de 160 000 années-lumière, l’étoile WOH G64 est située dans le Grand Nuage de Magellan, une de nos petites galaxies satellites.

Surnommée « l’Étoile colossale » par les astronomes, elle est environ 2 000 fois plus grande que notre Soleil et est classée parmi les supergéantes rouges, l’une des dernières étapes de l’évolution des étoiles massives avant leur explosion en supernova. Plus près de nous, dans la Voie Lactée, l’étoile Bételgeuse de la constellation d’Orion fait également partie de la catégorie des supergéantes rouges et, à ce titre, est étroitement surveillée par les astrophysiciens.

« Nous avons découvert un cocon en forme d’œuf entourant étroitement l’étoile »détaille dans un communiqué de presse de l’ESO, publié jeudi 21 novembre, Keiichi Ohnaka, astrophysicien de l’Université Andrés Bello au Chili. « La forme ovoïde au centre représente la matière éjectée par l’étoile centrale et l’entourant toujours. On peut également voir un autre anneau ovale entourant cette forme ovoïde. Bien que des observations supplémentaires soient nécessaires pour le confirmer définitivement, nous pensons que cet anneau est également constitué de matière éjectée de l’étoile. »a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse.

Les scientifiques avaient « indices » que l’environnement de l’étoile n’était pas sphérique, mais aucune image n’avait été prise jusqu’à présent. « Avec cette image, nous pouvons créer un meilleur modèle informatique de l’étoile et étudier comment elle éjecte de la matière avant de disparaître »explique le chercheur, qui a mené une étude sur ces observations, publiée jeudi dans la revue Astronomie et astrophysique.

Ce cocon allongé, signe que la star « éjecte plus de matière dans certaines directions que dans d’autres »pourrait être une conséquence de son interaction avec une autre étoile, selon M. Ohnaka. « Bien que nous n’ayons pas encore trouvé de deuxième étoile, un tel compagnon pourrait exister et être encore difficile à détecter s’il est beaucoup plus faible que l’étoile principale. »dit-il.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le satellite Gaia, cartographe de la Voie Lactée

« La vie d’une star en temps réel »

L’équipe de M. Ohnaka s’intéresse depuis longtemps à cette étoile géante. En 2005 et 2007, ces astronomes ont utilisé le VLTI (Very Large Telescope Interferometer) de l’ESO au Chili pour en apprendre davantage sur ses caractéristiques. Mais à l’époque, l’interféromètre ne combinait que la lumière de deux télescopes astronomiques du VLT. Pour obtenir l’image publiée jeudi, les astronomes ont dû attendre le développement de l’instrument Gravity, qui capte la lumière de quatre télescopes, créant ainsi des images cosmiques très détaillées.

En comparant ces nouveaux résultats avec les observations précédentes, ils ont constaté que WOH G64 était devenu moins brillant au cours de la dernière décennie. Elle a « a subi des changements importants au cours des dix dernières années, nous offrant une rare opportunité d’observer la vie d’une star en temps réel »déclare Gerd Weigelt, co-auteur de l’étude citée dans le communiqué et professeur d’astronomie à l’Institut Max Planck de Bonn (Allemagne).

Guides d’achat Le Monde

Robots aspirateurs

Les meilleurs aspirateurs robots

Lire

Dans leurs dernières étapes de vie, avant d’exploser en supernova, les supergéantes rouges perdent leurs couches externes de gaz et de poussière, dans un processus qui peut durer des centaines de milliers d’années. Les scientifiques qui ont observé WOH G64 pensent que la matière expulsée pourrait être responsable de sa gradation et que cela pourrait signifier que l’étoile est entrée dans une nouvelle phase de son cycle de fin de vie.

« Ou il pourrait revenir à son état antérieur après un certain temps, même si nous ne savons pas combien de temps cela pourrait prendre. » C’est précisément pour cette raison que nous pensons qu’il est important de surveiller cette étoile en l’observant avec différents télescopes et instruments.”souligne M. Ohnaka.

À mesure que l’étoile s’assombrit, il devient de plus en plus difficile de prendre des images plus rapprochées, même avec le VLTI. Mais les mises à jour prévues des instruments du télescope pourraient bientôt changer cet état de fait.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les étoiles mortes peuvent garder les planètes autour d’elles

Le Monde avec l’AFP

Réutiliser ce contenu
Quitter la version mobile