Des scientifiques mettent en garde contre l’impact environnemental des voitures à hydrogène que Toyota promeut aux Jeux olympiques
« Face aux défis sociaux et environnementaux de notre temps (…) Paris 2024 prend ses responsabilités en proposant un autre modèle de Jeux, plus sobre et tout aussi spectaculaire, et mobilise toutes les énergies dans cette dynamique”se targue d’avoir organisé l’événement. Mais mobiliser toutes les énergies constitue aussi la stratégie du groupe Toyota, partenaire mondial des Jeux olympiques de Paris 2024, mais pas exactement connu pour ses actions environnementales.
Le groupe japonais fournira ainsi un total de 2.650 véhicules pour les Jeux de Paris 2024, dont des modèles 100% électriques (BEV), hybrides (HEV), hybrides rechargeables (PHEV), mais aussi des voitures à hydrogène (FCEV). Ce sont ces dernières qui sont sous le feu des critiques dans une lettre ouverte signée par 120 universitaires, scientifiques et ingénieurs, adressée aux organisateurs.
Bien qu’une seule voiture à hydrogène ait été vendue pour près de 1 000 voitures 100 % électriques en France en 2023, cette énergie est au cœur de la communication de Toyota, qui promeut sa grande berline à pile à combustible Mirai. Pour rappel, le groupe japonais est connu pour son lobbying contre les voitures électriques. Toyota propose certes quelques modèles 100 % électriques, mais il est davantage plébiscité pour ses voitures hybrides, qui jouent pourtant un rôle complémentaire dans la transition énergétique.
Des voitures bien moins efficaces que les voitures purement électriques
Revenons à nos Mirai, dont 500 exemplaires seront mis en service lors des JO de Paris et viendront ensuite rejoindre la flotte existante des taxis parisiens à hydrogène. Les signataires de cette lettre ouverte nous rappellent que « Des véhicules à pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène vert (le type d’hydrogène utilisé pendant les Jeux Olympiques, produit à partir d’énergie renouvelable, NDLR) « Les véhicules électriques à batterie consomment trois fois plus d’électricité renouvelable que les véhicules électriques à batterie équivalents. Ils nécessitent donc trois fois plus d’infrastructures de production d’électricité renouvelable, comme des éoliennes et des panneaux solaires ».
On pointe souvent du doigt le rendement nettement inférieur des voitures à pile à combustible par rapport à celui des voitures 100 % électriques. Avec les procédés actuels de production d’hydrogène, les véhicules à pile à combustible sont donc nettement plus polluants.
Les signataires soutiennent également que les voitures à pile à combustible ne sont pas une solution viable, citant par exemple le cas des Jeux olympiques de 2020 à Tokyo, où l’hydrogène devait être utilisé pour alimenter les voitures, les bus et même le village olympique. « La réalité des Jeux de 2020 a été que les coûts élevés et le manque d’approvisionnement en hydrogène ont fait que seuls quelques bus à hydrogène ont été exploités sur de courtes distances. On pense que l’hydrogène utilisé pour ces bus était de l’hydrogène « gris » non dilué, ce qui a rendu les émissions du puits à la roue plus importantes que s’ils fonctionnaient simplement au diesel. »les signataires expliquent.
Pour David Cebon, professeur de génie mécanique à l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) et l’un des signataires de cette lettre, « Toyota promeut l’hydrogène depuis longtemps, mais l’entreprise ne cherche qu’à retarder la transition vers les véhicules électriques ».
« Les signataires demandent à Toyota de remplacer ses véhicules olympiques par des modèles électriques ou, à défaut, de ne pas les promouvoir. »a déclaré l’universitaire à l’AFP. En réponse, Toyota a défendu ses voitures à hydrogène, arguant qu’elles jouent un rôle « rôle clé parmi les différentes technologies de décarbonisation ». Une vision « partagé par la Commission européenne »Le groupe a également rappelé que sa flotte olympique 100% électrifiée engendrerait 50% d’émissions de moins que lors des Jeux olympiques précédents.