Des salariés des agences publiques de développement remettent en question la position de la France sur les guerres au Moyen-Orient
La position de Paris sur les deux crises qui enflamment le Moyen-Orient, la guerre dans la bande de Gaza et celle du Liban, suscite l’émoi au sein des deux agences publiques en charge de la politique française de coopération à l’étranger : l’Agence française de développement (AFD) et Expertise France ( EF). Des documents internes de ces deux organismes, transmis au Mondesignaler le « consternation » d’une partie de leur personnel face à la « dissonance » qu’ils ressentent entre les valeurs qu’ils défendent dans leur travail et le discours des autorités françaises sur ces deux questions.
Ces fuites surviennent alors que le nombre de morts à Gaza, sous les bombardements israéliens, a dépassé les 40 000 et alors qu’une conférence internationale sur le Liban s’ouvre jeudi 24 octobre à Paris, sous l’égide d’Emmanuel Macron. L’événement, auquel devraient participer soixante-dix pays et quinze organisations internationales, a pour but de récolter des fonds pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes déplacées par les frappes israéliennes sur la Terre du Cèdre. Le 1euh En octobre, les agences des Nations Unies estimaient les besoins à au moins 400 millions de dollars. « La priorité est de pouvoir répondre à cet appel »a indiqué, mercredi 23 octobre, l’Elysée.
Dans un courrier adressé mercredi à Jérémie Pellet, le directeur général d’EF, des salariés de l’agence, bras technique du groupe AFD, ont exprimé leur « souhaite voir la France adopter une position plus ferme et plus claire » dans les deux conflits. Mercredi soir, selon une source interne, alors que le processus de signature était encore en cours, cette lettre avait été approuvée par 110 salariés d’EF – sur un total de 700.
« Tous complices »
Rappelant la note envoyée par une dizaine d’ambassadeurs de France au Moyen-Orient, en novembre 2023, qui s’inquiétaient du soutien sans réserve d’Emmanuel Macron à Israël, les signataires de la lettre soulignent que « les déclarations évoquant « le droit d’Israël à se défendre » sans évoquer les souffrances du peuple palestinien ont suscité une profonde incompréhension et ont terni l’image de la France auprès de nos partenaires.
« Condamner les attentats terroristes du 7 octobre 2023, qui ont fait 1 200 morts et 5 400 blessés, est essentiel et doit se faire sans équivoque, mais cela ne peut se faire sans dénoncer également la réponse disproportionnée d’Israël, dans un contexte de colonisation de la Palestine et d’embargo. imposé à Gaza, continue le courrier. L’ampleur des victimes civiles palestiniennes et libanaises nous oblige à dénoncer et à agir pour mettre fin à ces guerres. Sinon, nous sommes tous complices.prévient le texte, qui salue l’appel récent du président français à arrêter les livraisons d’armes à Israël.
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