Des rugbymen accusés de violences sexuelles en Argentine : Jegou et Auradou mis en examen pour viol aggravé et placés en détention provisoire
MISE À JOUR 17h20 Les rugbymen français Oscar Jegou et Hugo Auradou ont été entendus par le parquet de Mendoza, présentés vendredi à une « audience de mise en examen » où ils ont été inculpés de viol aggravé et placés en détention provisoire.
Ce vendredi, en fin d’après-midi, heure française, les médias argentins ont annoncé l’inculpation pour viol aggravé des deux joueurs. Ils ont également été placés en détention provisoire au Centre de transition pour détenus et appréhendés (Estrada), au Centre judiciaire, en attendant un éventuel transfert vers la prison de San Felipe. Le parquet a indiqué qu’il étudierait « dans les plus brefs délais » la demande d’assignation à résidence présentée par l’avocat des joueurs.
Selon la loi argentine, les violences sexuelles peuvent aller de l’agression sexuelle au viol aggravé, passible de 20 ans de prison. « Dans tous les cas, ils resteront en détention, à moins que la défense ne présente des preuves (suffisantes) et qu’un juge ne l’autorise. Mais la règle est qu’ils restent en détention », a déclaré jeudi Ahumada. L’avocat des joueurs, Cuneo Libarona, a demandé une assignation à résidence, arguant qu' »il n’y a aucun danger d’évasion ».
Relations « consensuelles »
Le deuxième ligne palois Hugo Auradou, 20 ans, et le troisième ligne rochelais Oscar Jegou, 21 ans, reconnaissent avoir eu « une relation sexuelle » mais ont « fermement nié toute forme de violence » dans la nuit de samedi à dimanche à l’hôtel Diplomatique de Mendoza où séjournaient joueurs et staff français, après la victoire (28-13) du XV de France face aux Argentins.
Des relations sexuelles «consensuelles», a réaffirmé son avocat, frère du ministre de la Justice, en énumérant jeudi plusieurs «indices» le prouvant: sortie de la discothèque, montée dans un taxi, entrée dans l’hôtel, attente du joueur pour aller chercher la clé de la chambre. Et selon Me Cuneo Libaronan, s’adressant au journal Clarin, il s’agit d’une «femme de 40 ans qui sait déjà ce qui se passe dans la vie».
Il nie également que des coups lui aient été infligés : « Elle affirme avoir été battue, les caméras (de surveillance de l’hôtel) disent qu’elle ne l’a pas été. » Mais selon l’avocate de la plaignante, « il s’agirait d’une violence sexuelle particulièrement atroce. » Elle a annoncé que sa cliente avait été hospitalisée jeudi et devrait rester en observation entre 24 et 48 heures, souffrant « d’une décompensation générale du corps suite à tout ce qui s’est passé. »
Lorsqu’elle a appris la nouvelle dans la presse, « elle était dévastée, en état de choc total et s’est évanouie, notamment à cause des blessures révélées par l’examen », a-t-elle raconté à une radio locale. Pour Nicolas Yungman, psychologue à l’hôpital Alvear de Buenos Aires, il pourrait s’agir d’un cas de « syndrome de stress post-traumatique ».
« Coup de poing »
Selon la version de Me Romano, sa cliente est revenue à l’hôtel avec l’un des deux joueurs impliqués, « d’abord identifié comme Hugo (Auradou) ». Toujours selon Me Romano, « il l’a immédiatement attrapée, l’a jetée sur le lit, a commencé à la déshabiller et s’est mis à la frapper sauvagement, dont l’ecchymose était visible sur le visage de la victime. Il l’a étouffée, au point qu’elle avait l’impression de partir ». Environ une heure plus tard, « le deuxième, dont le nom est Oscar, est entré », a assuré l’avocate, l’accusant « des mêmes faits de violence et de violences sexuelles ». « Elle a tenté de s’enfuir au moins cinq fois. Mais Hugo s’est réveillé et l’a reprise », a-t-elle ajouté.
Selon la procureure générale de Mendoza, Daniela Chaler, « la déclaration (du plaignant, ndlr) était assez longue, complète, détaillée et correspondait, pour l’heure, aux conclusions médico-légales ». Le président de la Fédération française de rugby Florian Grill, qui a rencontré les deux joueurs mardi à Buenos Aires, espère « que justice sera rendue rapidement ». Présent à Mendoza, il indique que « l’avocat a pu présenter (au parquet de Mendoza) plusieurs points qui remettent en cause la déclaration initiale et qui remettront en cause plusieurs déclarations ». « Si l’enquête établit les faits reprochés, ils constituent une atrocité innommable. Pensées pour la victime », a écrit sur X Amélie Oudéa-Castéra, la ministre française des Sports, après la révélation de l’affaire qui a plongé le XV français dans la tourmente.