Des résultats en baisse et des incertitudes stratégiques
En proie à des difficultés financières et à des tensions internes, Ubisoft voit son avenir s’assombrir, alimenté par des rumeurs de rachat par Tencent. L’entreprise mise sur les économies et le renouvellement de ses franchises pour rassurer les marchés et ses investisseurs.
Des résultats en forte baisse malgré des joueurs toujours présents
Ubisoft a publié des résultats financiers décevants pour le premier semestre de son exercice 2023-2024, marqué par une baisse significative de son chiffre d’affaires de près de 20 %. Ces chiffres confirment une période difficile pour l’éditeur français, connu pour ses franchises à succès comme « Assassin’s Creed » et « Just Dance ». Même si la direction affirme rester optimiste, cette situation a contraint Ubisoft à revoir à la baisse ses prévisions annuelles en septembre, notamment après un accueil mitigé pour son jeu « Star Wars Outlaws », sorti en août.
Pour rassurer ses utilisateurs et tenter de retrouver sa crédibilité, Ubisoft annonce une mise à jour majeure du jeu « Star Wars Outlaws », prévue pour le 21 novembre, qui devrait corriger les défauts pointés par les joueurs. » Commentaires polarisés », comme le souligne Yves Guillemot, directeur général d’Ubisoft, illustrent une tendance que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, où le terme « Ubi-bashing » décrit désormais les critiques récurrentes à l’encontre de ses jeux.
Malgré la situation économique, le nombre d’acteurs actifs a continué d’augmenter au cours des douze derniers mois, une tendance encourageante qui n’a toutefois pas suffi à inverser la tendance boursière de la société, dont l’action a chuté de près de 4 % pour atteindre 13,38 euros mercredi.
Ubisoft en quête de stabilité
Sur le plan social, Ubisoft est également ébranlé. En octobre, près de 1 000 salariés en France se sont mis en grève pour protester contre le retour au travail en présentiel, une décision considérée comme « très injuste » selon certains salariés. Ce mouvement, rare dans l’industrie du jeu vidéo, s’ajoute aux dissensions internes en pleine phase de réduction des coûts engagée début 2023. En deux ans, Ubisoft a réalisé plus de 200 millions d’euros d’économies, réduisant ses effectifs de plus de 2 000 postes pour atteindre 18 666 salariés dans le monde à fin septembre.
Ce plan de restructuration vise à restaurer la rentabilité et à stabiliser une entreprise qui, il y a dix ans, était valorisée à plus de 100 euros par action. En septembre, ce dernier est tombé à son plus bas niveau de la décennie, à 9,01 euros, révélant l’ampleur des défis financiers et sociaux qui pèsent sur Ubisoft.
Dans ce contexte complexe, les rumeurs persistantes de rachat par le géant chinois Tencent mettent encore plus de pression sur Ubisoft. Le fonds d’investissement slovaque AJ Investments, actionnaire minoritaire du groupe, a récemment réitéré ses critiques sur la gestion stratégique d’Ubisoft et demandé des éclaircissements sur les spéculations de rachat. Tencent, qui détient déjà près de 10 % du capital depuis 2022, reste lié par un accord avec la famille Guillemot, fondatrice d’Ubisoft, qui empêche le groupe chinois d’en prendre le contrôle.
Début octobre, l’agence Bloomberg a relancé les rumeurs en évoquant un potentiel rachat en collaboration avec la famille Guillemot. De son côté, Ubisoft a indiqué qu’il étudiait « toutes ses options stratégiques » et que cela informerait le marché » si nécessaire », sans plus de précisions pour le moment.