des prix en repli et vers des taux à 3,5 %
Emission Figaro Immo, enregistrée jeudi 11 avril 2024, diffusée sur la chaîne Figaro TV.
Comment définir l’activité du marché en avril 2024 ?
Corinne Berec : « Nous sommes actuellement entre le frisson et l’embellissement. Nous sortons d’une très mauvaise année 2023 tant sur le marché de la transaction que sur celui de la location. Nous n’avons pas connu un très bon début d’année 2024 mais depuis mars, les indicateurs sont plutôt positifs. Notre site connaît un trafic important, les clients reviennent dans nos agences et les demandes de devis sont en hausse de 20 % sur un an. Bien entendu, il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions sur les offres et les compromis, mais la dynamique est là. Tout prend un peu plus de temps et c’est une bonne chose. C’est bien que les vendeurs prennent le temps de vendre et que les acheteurs prennent le temps de visiter puis de se positionner avec les conseils de professionnels. Les signaux sont plutôt positifs.
Ludovic Huzieux : « C’est vrai que nous sortons d’une année 2023 extrêmement difficile, notamment pour les crédits immobiliers. Côté volume, le retrait est de l’ordre de 35 % sur un an. Parmi les raisons : une multitude de barrières à l’entrée pour l’accès au crédit, les normes restrictives du HCSF (Haut Comité de Stabilité Financière), les charges sur les revenus et bien sûr la hausse des taux… Depuis le début de l’année, nous enregistrons une reprise plutôt encourageante. La principale raison de l’amincissement vient du fait que tous les établissements bancaires sont revenus sur le marché de l’offre de crédit. Après une phase de désengagement l’an dernier, toutes les banques, nationales, régionales et mutualistes, sont désormais prêteurs. Bref, les conditions s’améliorent et les taux de crédit commencent à baisser.«
Baisse des prix
Corinne Berec : « Le le marché est inégal selon les zones géographiques. Les prix continuent de baisser. Nous avions besoin de cette baisse, les valeurs étaient montées trop haut et le niveau des taux bloquait l’activité pendant quelques mois. Petit à petit, on assiste à un réajustement de ce marché. Ce qui est difficile à mesurer, c’est que nous n’avons pas encore l’impact dans les chiffres de la récente amélioration. Nous mettons en place une opération d’accompagnement à la dynamique, qui se traduit par une garantie de 120 jours. »
» La baisse des prix est plus visible à Bordeaux et à Paris par exemple, qui avaient fortement augmenté ces dernières années. Le marché est toujours grippé en matière de location. Côté passoire thermique, les baisses de prix sont en moyenne de l’ordre de de 15 %. »
Le scénario de taux moyen à 3,5% d’ici la fin de l’année
Ludovic Huzieux ; « Les taux d’intérêt ont tendance à baisser. La période de hausse avec une intensité violente depuis plus d’un an (de 1 à 4%) semble derrière nous. La hausse a été stoppée. Nous assistons à un stabilisation depuis décembre et même quelques ajustements au baisse. Nous sommes en dessous de la barre 4 % en moyenne pour un bon bilan sur une période de 25 ans (par rapport à 4, 5 % il y a seulement quelques mois).
Comme toutes les banques prêtent à nouveau, il existe un phénomène plutôt sain de concurrence pour les emprunteurs. Ce qui conduit à des négociations à la baisse. C’est une bonne nouvelle, d’autant plus que les prix baissent. Les emprunteurs retrouvent du pouvoir d’achat immobilier. La baisse progressive devrait se poursuivre dans la seconde partie de l’année. Un scénario avec des taux moyens autour de 3,5% est possible.
Politique du logement : à quelles mesures s’attendre ?
Corinne Berec : « Laissons le temps au nouveau ministre de s’installer, mais je constate que nous n’avons pas eu de vraie politique du logement depuis de nombreuses années, alors même que c’est la première dépense des Français. Nous en avons besoin. le marché locatif, pour les transactions dans les parcs publics et privés. 300 000 des gens dorment dans la rue, ce qui est inacceptable. 1 million 200 000 des personnes mal logées selon le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre. Cela nous préoccupe grandement. Nous devons repenser la politique du logement. Des logements sociaux, des logements intermédiaires oui, mais il faut aussi construire du neuf. C’est l’intérêt de tous, notamment des locataires et des jeunes, étudiants qui rencontrent de terribles difficultés pour trouver un logement. Il faut une politique fiscale incitative pour redynamiser le secteur et cessons de stigmatiser les propriétairesdes investisseurs qui font un effort pour épargner pour leur retraite et permettent d’avoir un logement sur le marché.
Ludovic Huzieux : il faudrait déjà s’adapter aux évolutions et réformer le taux d’usure. Ce qui constitue encore aujourd’hui un obstacle à l’accès au crédit, c’est que 35 Le % d’endettement maximum dicté par le HCSF de charges sur les revenus est une norme. Toutefois, les banques ne peuvent s’en écarter qu’en 20 % de cas.
Pour relancer l’activité, il faudrait soit s’écarter un peu de ces 20% pour avoir plus de flexibilité soit prendre en compte le reste de la vie, si c’est confortable. Il y a aussi leune durée maximale de prêt qui est fixé à 25 ans dans l’ancien et à 27 ans dans le nouveau et qui pourrait, si nécessaire, être prolongé en particulier pour premiers acheteurs. Il faudrait aussi prolonger la prolongation du prêt à taux zéro surtout pour le maison individuelle et ne pas se limiter à des logements collectifs dans des bâtiments neufs. D’autant qu’une maison individuelle reste le rêve numéro un de 7 Français sur 10.