Des policiers engagés contre l’extrême droite : pour une police au service des citoyens
Flavien Benazet, secrétaire général du SNUIPN, et Jean-Louis Arajol, ancien secrétaire général du SGP et de la FASP, Association Démocratie et Sécurité, Collectif Police République et Citoyenneté.
Publié le 24 juin 2024
Mis à jour le 24 juin 2024 à 18h39
Publié le 24 juin 2024
Mis à jour le 24 juin 2024 à 18h39
La progression de l’extrême droite s’effectue sur fond de désespoir social. Les discours démagogiques désignant des boucs émissaires pour cette dernière réunion trouvent un écho de plus en plus important.
Dans ces conditions, l’État devra de plus en plus pouvoir compter sur un régime autoritaire soutenu et protégé par des forces de sécurité aux ordres d’un intérêt particulier. C’est ce que nous ne voulons pas voir arriver : la destruction de la police républicaine et citoyenne, résultat des dénégations successives de ceux qui étaient censés la défendre et l’incarner.
La première étape de ce long processus a consisté à détruire la police républicaine en la tarissant progressivement de l’intérieur. Le « policier citoyen » est progressivement effacé et discrédité. Par une course effrénée vers tout corporatisme et en l’absence de pédagogie et de résistance politique républicaine, l’extrême droite a alors infiltré structurellement ou du moins par sa démagogie et le vernis de son appel du vide insidieusement l’Institution.
Compte tenu du score de l’extrême droite aux dernières élections européennes, il est donc impératif et de notre devoir de rappeler les valeurs républicaines qui doivent guider notre engagement, et de dénoncer les dangers d’une dérive aussi très dangereuse pour notre démocratie…
L’histoire comme enseignement
L’Histoire de notre République nous enseigne les conséquences dramatiques des idéologies extrémistes. En 1940, la collaboration avec les occupants nazis fut facilitée par une police dont une partie fut engagée dans la lutte contre la peste brune. Les dérives autoritaires et la répression féroce qui s’ensuivent ternissent profondément l’image de la police française (arrestations de résistants, perquisitions comme celle du Vel d’Hiv, etc.)
Après la répression aveugle des manifestations au métro Charonne ordonnée par le préfet Papon en 1962, lors des événements de Mai 68, suite à la mort de Malik Oussekine en 1986, pour éviter les violences lors des manifestations lycéennes de 1990, la police républicaine a toujours fit entendre sa voix. C’est encore la Police républicaine qui est à l’origine d’une commission d’enquête parlementaire sur les dérives du « DPS », le service de sécurité du Front national, qui était dirigé par un capitaine ancien membre de l’« OEA », prenant le pseudonyme « Colonel Jean Bart ». C’est encore la Police Républicaine qui est à l’origine de l’interdiction par le Tribunal d’Évry, le lundi 10 mars 1997, du pseudo-syndicat « La Police du Front National (FNP) qui avait pour seul objectif de « diffuser l’idéologie d’un parti politique ». C’est la police à laquelle nous sommes fiers d’appartenir. Voici la « garantie citoyenne » pour laquelle nous faisons campagne.
La Police Républicaine est créée pour le bénéfice de tous et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée.
En tant que Gardiens de la Paix, nous avons le devoir de respecter et de protéger les droits de tous les citoyens, quelles que soient leurs origines, leurs croyances ou leur orientation politique.
Les racines et les principes humanistes fondamentaux du syndicalisme policier républicain – qu’il est de notre devoir de perpétuer – font honneur à la police nationale et à la profession.
Nous condamnons fermement toutes les formes de racisme et de stigmatisation.
Nous sommes viscéralement attachés à une société de paix, à l’éthique de notre profession et refusons de cautionner le recours à la force illégitime.
Nous nous engageons à faire campagne pour une police au service des citoyens.
Face à la précarité sociale, l’extrême droite propose des solutions faussement démagogiques et simplistes. Celles-ci n’ont pour effet que d’isoler le policier du peuple dont il est issu et de creuser encore et toujours le fossé entre la police et la jeunesse de notre pays.
De plus, le discours d’extrême droite est souvent fondé sur la peur, la haine et l’exclusion. Cela contribue à un climat d’insécurité, de tension, de violence et de guerre civile généralisés. De plus, cette idéologie dangereuse nous offre l’institution d’une police fragmentée, d’un service public déformé. Cependant, nous considérons que la confiance des citoyens dans leur police est essentielle pour que nous et les générations futures puissions vivre dans une société juste et pacifique.
Pour un engagement républicain et citoyen
Nous appelons donc solennellement nos confrères à prendre conscience des enjeux, à ne pas se laisser exploiter et à s’engager résolument pour un syndicalisme policier authentique, autonome et républicain. Il s’agit de rejeter les idéologies extrémistes et, au-delà des querelles de factions, de travailler ensemble, de former, d’informer, de transmettre et de défendre les valeurs de la République, au quotidien, dans le cadre de missions de service. public qui est le nôtre.
En cette période de tentations populistes et de défiance à l’égard des institutions, nous devons être les garants de la démocratie et de l’État de droit.
A l’occasion du centenaire de l’histoire du syndicalisme policier républicain, nous aspirons donc humblement à en être les héritiers. Nous devons être les gardiens de l’harmonie civile au sein de notre société.
Aujourd’hui et demain sont un autre jour. Une nouvelle page de notre histoire commune ne fait que commencer…
Policiers actifs et retraités, participez, avec nous, à la reconstruction du syndicalisme policier républicain et citoyen !
Notre avenir, votre avenir et celui de vos enfants sont en jeu.
Face à l’extrême droite, ne lâchez rien !
C’est étape par étape, argument contre argument, qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des semeurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, apportons une autre voix à ce débat public de plus en plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.