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des parents témoignent après le décès de leur nouveau-né au CHU de Bordeaux

TÉMOIGNAGE – Le CHU de Bordeaux a été reconnu responsable d’une erreur médicale par le tribunal administratif de Bordeaux en octobre 2023 et condamné à verser 64 000 euros de dommages et intérêts aux parents endeuillés. Ce dernier se confie Figaro.

Le Figaro Bordeaux

Ses parents l’attendaient depuis neuf mois, ils n’ont pu le tenir dans leurs bras que six jours. Né le 5 octobre 2019 au CHU de Bordeaux, Jules, fils aîné de Marie et Florent Blais, est décédé le 11 suivant l’accouchement. Cinq ans après ce drame, Marie et Florent Blais souffrent toujours du décès de leur premier enfant, et plus particulièrement des circonstances ayant conduit à son décès, rapportées par Sud Ouest. Le CHU de Bordeaux a, de son côté, été reconnu responsable d’une erreur médicale par le tribunal administratif de Bordeaux en octobre 2023 et condamné à verser 64 000 euros de dommages et intérêts aux parents endeuillés. Contacté par Le Figarol’établissement dit aujourd’hui « respecte la douleur exprimée par la famille et ne souhaite faire aucun commentaire sur le jugement rendu ».

Après un « grossesse naturelle et parfaite » selon ses mots, Marie Blais avait été admise à l’hôpital où elle avait choisi d’accoucher en raison de sa bonne réputation. Après six heures de travail et « plusieurs baisses de la fréquence cardiaque de l’enfant à naître observées au cours de la nuit », la sage-femme décide d’appeler l’obstétricien. Alerté une première fois à 9h30, ce dernier ne bougera qu’une heure plus tard, à 10h37. Trois appels successifs à 10h22, 10h25 et 10h35 seront d’abord nécessaires, selon au rapport d’expertise consulté par Le Figaro. « Cela a entraîné des dizaines de minutes de retard qui auront des conséquences catastrophiques sur le cerveau de l’enfant qui manque d’oxygène, qui naîtra vivant mais incapable de survivre sans intubation et qui devra être déconnecté six jours plus tard. en retard »décrit l’avocat des époux, Maître Jean-Christophe Courbis, dans Figaro.

Dès son arrivée dans la chambre de la future maman, l’obstétricien déclenche un code rouge dans les trois minutes. À 10 h 40, Marie Blais est transportée au bloc opératoire pour une césarienne d’urgence, ce qui permet à Jules de naître à 10 h 48. Mais il est déjà trop tard. « Ce qui est absolument cruel, c’est que la grossesse se passe bien, que tout est normal jusqu’à cette dernière heure avant l’accouchement et que tout se passe parfaitement normalement après le déclenchement du code rouge »poursuit l’avocat. « Ce n’est pas un problème de moyens, l’obstétricien n’était pas bloqué sur une autre situation d’urgence et la salle d’opération était disponible. C’est la faute d’une personne qui a fait preuve d’une insouciance et d’une légèreté détestables et coupables. »il plaide.

« Tout s’est déroulé normalement »

Pire pour les parents, le chef de la maternité est venu les rencontrer après le drame pour les convaincre que « tout s’est déroulé normalement ». « Quand je me suis réveillé de mon anesthésie générale après la césarienne, je n’ai pas tout compris »se souvient Marie Blais. « Il s’est assis sur le lit et a comparé ce qui nous arrivait à un accident de voiture, nous disant que c’était comme si quelqu’un avait roulé devant nous et que nous étions rentrés dedans : imprévisible. Il a dit que c’était inévitable et que s’il y avait eu une erreur, il nous le dirait. ». Sous le choc, mais avec les idées plus claires, Florent Blais le père, n’en croyait pas un mot. « Dès qu’il est sorti de la pièce, j’ai dit à ma sœur qui était là aussi : ‘Il nous ment.’ Il a essayé de nous en dissuader car Jules était toujours dans l’unité néonatale et s’il en était ressorti vivant et handicapé, le CHU aurait dû payer des millions de dommages et intérêts.

Lorsque les époux Blais ont demandé à récupérer leur dossier médical, ils en ont encore une fois été dissuadés. « Vous savez, c’est compliqué d’avoir un dossier médical et c’est cher aussi parce qu’il faut payer les photocopies », aurait été la réponse du couple qui choisira quand même de payer 30 euros pour découvrir la vérité. Le rapport d’expertise établit ainsi que « les soins prodigués par l’équipe de la maternité du CHU de Bordeaux n’ont pas été conduits dans les règles de l’art ». Ainsi, Jules aurait dû être extrait dans les 12 à 15 minutes suivant l’appel de la sage-femme confirmant sa détresse respiratoire à 10h22. Un retard, suivi d’autres erreurs, qui constitue une « perte de chance d’avoir un enfant vivant sans séquelles évaluées » entre 50 et 80 %. «Quand nous avons eu la confirmation de leur mensonge, sachant que ce sont des médecins en qui nous sommes censés faire confiance, cela a été très violent. Je suis en colère contre tant de légèreté quand ce sont des vies humaines qui sont entre leurs mains. Quant à ce professeur qui est venu nous voir, il méritait justement deux gifles (sic). Je me demande comment ils font pour se regarder dans le miroir le matin. »confie, les larmes dans la voix, Florent Blais.

Souffrance

Aucune souffrance ne semble avoir été épargnée au couple. Après la réanimation de Jules, selon eux, c’est un interne qui est venu les voir, alors qu’ils auraient aimé avoir un responsable face à eux. La jeune maman, qui a besoin de soins post-partum, n’est pas non plus transférée dans une autre pièce. « Nous avons été laissés dans l’aile des nouveau-nés, comme si Jules était dans notre chambre. On les entendait pleurer. C’était très dur »raconte son mari. « A part les équipes de néonatalogie qui ont été exceptionnelles, seule la sage-femme est venue nous voir, en larmes. Elle était sous le choc, elle ne comprenait pas pourquoi on en était arrivé là alors qu’elle avait fait correctement son travail en demandant à plusieurs reprises de faire des tests pour savoir quelle quantité d’oxygène il restait au bébé.poursuit le trentenaire.

Désormais parents de la petite Faustine qui fêtera son troisième anniversaire ce 2 juin, Marie et Florent Blais ne le sont pas. « ni soulagé ni rien par le jugement car Jules n’est toujours pas là et il ne sera jamais là ». Tous deux apprennent encore à vivre et à sourire grâce à la supervision d’un psychologue. Résilients, ils envisagent de poursuivre cette procédure pénale. Ils font également appel au conseil départemental de l’ordre des médecins, dont il espère obtenir une auto-saisine en vue d’une sanction personnelle de l’obstétricien et du chef de service concerné. Pour l’instant, la missive envoyée le 5 mars par l’intermédiaire de leur avocat n’a pas reçu de réponse.

« Ce n’est pas une question d’argent »insiste Me Jean-Christophe Courbis. « Il s’agit de demander des comptes à un médecin qui a échoué parce qu’il n’a pas fait les bons choix par négligence et qui a pris ses responsabilités. L’histoire de ce petit Jules n’a rien d’exceptionnel et c’est ça qui est aberrant. Ces erreurs médicales, alors qu’il n’y a pas de difficultés diagnostiques à la lecture du suivi, surviennent malheureusement dans toutes les cliniques et hôpitaux universitaires de France… On ne peut pas dire que le CHU de Bordeaux soit pire que les autres. » Très seuls face à leur douleur malgré la gentillesse de leurs proches, les parents du petit Jules espèrent aussi que leur témoignage encourage d’autres parents endeuillés dans des circonstances similaires à se battre pour la justice.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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