des missions très éloignées de l’Union européenne

Des assistants parlementaires payés avec l’argent public, mais qui travaillaient en réalité pour le parti d’extrême droite qui s’appelait encore Front national… Voilà une affaire inflammable pour l’actuel RN, qu’il tente sans succès d’éteindre depuis des années. La justice soupçonne un vaste système d’emplois fictifs entre 2004 et 2016. Avant le procès très attendu, qui s’ouvre dans deux semaines, « Complément d’enquête » se penche le 19 septembre sur cette affaire tentaculaire.

Les équipes du magazine ont mis la main sur des emails et des documents internes du FN. Ils révèlent par exemple la présence d’un de ces assistants dans l’organigramme du parti, sous la direction de son numéro deux Florian Philippot. Ces fonctions sont-elles compatibles avec un emploi à temps plein d’assistant parlementaire… que la justice soupçonne d’être en réalité fictif ?

Les enquêteurs ont découvert que durant les six premiers mois de son contrat au Parlement européen, Loup Viallet n’aurait envoyé qu’un seul courriel à son eurodéputée, Dominique Bilde. Quant au contenu de cet unique courriel, intitulé « Matériel efficace », Tristan Berteloot, journaliste à Libérertrouve le « assez surprenant de la part d’un assistant parlementaire » : Loup Viallet demande à son député européen de lui trouver du matériel professionnel pour remplacer son « petit ordinateur d’étudiant ». « Travaillant de fait au Carré, je ne peux cependant pas avoir de matériel financé par le FN, puisque mon statut est celui d’assistant parlementaire », justifie-t-il dans la suite du courriel.

Un statut d’assistant parlementaire, mais des tâches à effectuer au siège du parti (surnommé « le Carré ») situé à l’époque à Nanterre, sur les instructions de Florian Philippot ? Lorsque ce dernier lui a demandé « un dossier sur les projets de l’Union des démocrates musulmans de France », c’est Loup Viallet qui s’est chargé de la tâche, comme le révèle un échange de courriels obtenu par « Complément d’enquête ».

Lorsqu’il n’est pas en contact direct avec Florian Philippot, Loup Viallet est missionné par sa directrice de cabinet adjointe, Mathilde Androuët. Contrairement à Dominique Bilde, elle a échangé 117 courriels avec lui pendant les dix mois où il a été assistant parlementaire. À chaque fois, c’était pour lui confier des tâches liées à la politique et au parti.

Mathilde Androuët n’a pas été inquiétée par la justice dans le cadre de cette affaire. Florian Philippot a échappé à la mise en examen. Entendu sous le statut de témoin assisté, il n’a pas été renvoyé devant le tribunal. Aucun des deux n’a souhaité s’exprimer auprès de « Complément d’enquête ». De son côté, Loup Viallet a indiqué au magazine qu’il réservait sa défense pour le procès. Il est mis en examen pour recel et détournement de fonds publics.

Extrait de « RN : Où sont passés les millions d’Europe ? », document à voir dans « Complément d’enquête » du 19 septembre 2024.

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