Le gouvernement turc a élevé la voix samedi à un différend avec la France sur le statut des écoles françaises en TurquieLes étudiants turcs inscrits dans ces écoles pourraient se voir refuser l’accès dès le début de l’année scolaire.
La France « ne daigne pas nous prendre comme interlocuteur », a accusé le ministre de l’Education Yusuf Tekin lors d’un déplacement samedi, dénonçant en termes virulents « l’arrogance » de la France« Nous ne sommes pas comme les pays que vous avez colonisés. Nous sommes un État souverain. Vous devez donc agir selon nos conditions si vous voulez enseigner ici », a poursuivi le ministre.
Dans une lettre envoyée vendredi aux parents d’élèves, l’ambassade de France à Ankara les a informés du risque de voir des élèves turcs privés de scolarité dans les établissements français d’Istanbul et d’Ankara, où ils constituent pourtant l’écrasante majorité des élèves.
Au cœur du désaccord se trouve une demande persistante de « réciprocité » de la part du gouvernement d’Ankara, qui demandes pour pouvoir ouvrir des écoles turques en France reconnues par l’État français« Il faut conclure un accord bilatéral (…) et le problème sera résolu, mais ils n’en veulent pas », a déclaré le ministre Tekin.
Selon le ministre turc, les autorités françaises «bloquer les demandes de nos concitoyens en France concernant les cours de langue et civilisation turques et agir à leur guise ici (…). S’ils acceptent nos conditions, alors ils pourront continuer. Sinon, c’est à eux de décider », a-t-il prévenu.
Les lycées français en danger en Turquie
De son côté, l’ambassade de France espère sortir de l’impasse en parvenant à un accord : « Ces écoles ont énormément contribué à la relation bilatérale franco-turque depuis des décennies. Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre les négociations », a déclaré à nos confrères de l’AFP l’ambassadrice de France à Ankara, Isabelle Dumont.
Si aucun accord n’est trouvé d’ici la rentrée, ces écoles ne pourront plus accueillir de nouveaux élèves turcs – même si ceux déjà inscrits pourront poursuivre leur scolarité. En fin de compte, l’interdiction d’admettre des citoyens turcs réduirait considérablement le nombre d’étudiants dans ces établissements et les mettrait en danger.
Le gouvernement turc a également demandé que les programmes scolaires suivis par les établissements français « soient rapprochés » de ceux suivis dans les écoles turques « pour certaines matières », selon une source proche du dossier qui s’étonne du durcissement soudain de la position des autorités.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a présenté une nouveau programme scolaire pour son paysvantant la famille et l’ordre moral, malgré les protestations des syndicats d’enseignants qui l’accusent d’islamiser l’éducation.