Des milliers de personnes se sont rassemblées pour dire non au racisme et à l’islamophobie
« Stop à l’extrême droite », « Unissons-nous contre le fascisme » ou encore « Les fascistes hors de nos rues ». Dans les rues de plusieurs villes britanniques, des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi soir pour s’opposer aux émeutes d’extrême droite qui secouent le Royaume-Uni depuis une semaine en réaction au meurtre de trois jeunes filles.
Depuis le début de la journée, la police redoutait des dizaines de nouvelles manifestations racistes et islamophobes, et de possibles flambées de violences, notamment contre des mosquées et des hôtels hébergeant des migrants. Mais en début de soirée, ce sont surtout des rassemblements de militants antiracistes qui se sont formés dans plusieurs villes.
Des tensions ont toutefois été observées occasionnellement, comme à Aldershot (sud) où l’agence PA rapporte que la police a dû séparer des militants antiracistes et un autre groupe de personnes qui criaient « Arrêtez les bateaux », en référence aux migrants qui arrivent au Royaume-Uni en traversant la Manche sur des bateaux pneumatiques.
« Les réfugiés sont les bienvenus »
Dans le nord de Londres, où l’on craint une manifestation d’extrême droite dans le quartier de Walthamstow, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées. Des militants du groupe Stand Up To Racism et des habitants, dont certains arboraient des drapeaux palestiniens, scandaient des slogans tels que « À qui sont ces rues ? Les nôtres ! » et brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Stop à l’extrême droite » et « Réfugiés bienvenus ». « Je pense qu’il est important d’être là pour ses amis et ses voisins », a déclaré Sara Tresilian, 58 ans.
A Birmingham, dans le centre, des centaines de personnes se sont rassemblées devant un centre d’aide aux migrants. Des vidéos montraient des slogans tels que « Disons-le haut et fort, les réfugiés sont les bienvenus ici ». Certains brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Le fascisme n’est pas le bienvenu ».
D’autres manifestations ont été organisées à Bristol (ouest), à Liverpool (nord) près du bâtiment d’une association d’aide aux demandeurs d’asile, à Brighton (sud), Sheffield (nord), Newcastle (nord) et Oxford (centre).
Plus de 400 arrestations et 120 personnes inculpées
Les rassemblements se déroulent sous une forte présence policière, les autorités ayant émis des avertissements et averti que les émeutiers s’exposaient à de graves risques afin de décourager de nouvelles violences.
Plus de 400 arrestations ont été effectuées depuis le début des affrontements la semaine dernière, et plus de 120 personnes ont été inculpées, selon le parquet. Les premières condamnations ont également été prononcées. « C’est la rapidité avec laquelle nous agissons », a déclaré sur X le Premier ministre Keir Starmer, qui a multiplié les messages fermes contre les émeutiers.
Le chef de la lutte antiterroriste Matt Jukes a prévenu que les autorités n’excluaient pas de recourir à la législation antiterroriste en réponse à certaines violences. « Personne n’est à l’abri de la loi », a déclaré à la télévision britannique le chef de la police de Londres Mark Rowley, s’en prenant aux « guerriers du clavier » qui diffusent des contenus haineux.
67% des Britanniques s’inquiètent de la montée de l’extrême droite
Cela fait une semaine que le Royaume-Uni est confronté à des scènes de violence raciste, après la circulation d’informations en partie démenties sur le profil de l’auteur présumé d’une attaque au couteau dans un cours de danse où trois fillettes de six à neuf ans ont été tuées à Southport. Le suspect était présenté comme un demandeur d’asile musulman. Il serait en fait né à Cardiff, au Pays de Galles, et sa famille serait, selon les médias britanniques, originaire du Rwanda.
Depuis, des mosquées et des hôtels ont été la cible d’affrontements qui ont fait des dizaines de blessés parmi les policiers. Le gouvernement a annoncé qu’une « armée » de réserve de 6.000 policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre serait déployée cette semaine et que 567 places de prison seraient disponibles pour incarcérer les fauteurs de troubles.
Un sondage Savanta publié mercredi montre que 67% des Britanniques s’inquiètent de la montée de l’extrême droite. Un autre sondage publié par YouGov révèle que l’immigration est le principal défi auquel le pays est confronté pour 51% des sondés, en hausse de 10 points en trois semaines et au plus haut niveau depuis près d’une décennie.