Des milliers de manifestants célèbrent la crise des otages de l’ambassade américaine en 1979
Moins de neuf mois après le renversement du dernier shah d’Iran, un groupe d’étudiants partisans de la révolution islamique a pris d’assaut l’ambassade des États-Unis à Téhéran.
Des milliers d’Iraniens se sont rassemblés ce dimanche 3 novembre au centre de la capitale Téhéran pour célébrer le 45e anniversaire de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis en 1979. Devant l’ancienne représentation diplomatique américaine, ils ont brandi des drapeaux iranien et palestinien. ainsi que ceux du Hezbollah, mouvement chiite libanais soutenu par la République islamique.
Beaucoup d’entre eux brandissaient des pancartes avec des slogans « Mort à l’Amérique » Et « Mort à Israël » en persan et en anglais. Depuis samedi matin, les médias d’État diffusent des hymnes révolutionnaires dénonçant le « délits » des États-Unis contre la nation iranienne. « Il n’y a aucune différence entre Biden et Trump, entre l’âne et l’éléphant, tous deux suivent la même politique »» déclare l’un des manifestants, Saber Danaï, ouvrier du bâtiment de 23 ans, en référence aux logos des partis démocrate et républicain.
« Mort à l’Amérique »
Le 4 novembre 1979, moins de neuf mois après le renversement du dernier Shah d’Iran, un groupe d’étudiants partisans de la Révolution islamique prend d’assaut l’ambassade des États-Unis à Téhéran, accusé d’être un « nid d’espions ». Plusieurs dizaines de diplomates américains sont retenus en otages. Pour les libérer, les manifestants réclamaient l’extradition du souverain déchu, réfugié aux Etats-Unis, pour être jugé en Iran.
Le gouvernement célèbre chaque année cet événement en grande pompe, devant l’ancienne représentation diplomatique aujourd’hui transformée en musée. La prise de l’ambassade américaine est considérée comme un acte fondateur de la République islamique, dans sa résistance aux « l’arrogance mondiale » incarné, selon Téhéran, par les États-Unis et leurs alliés occidentaux.
« Mort à l’Amérique, mort à Israël ! »scandent des milliers de manifestants, dont de nombreux écoliers et étudiants, galvanisés par les chants révolutionnaires ambiants. La guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien mais aussi au Liban voisin contre le Hezbollah, deux mouvements soutenus financièrement et militairement par Téhéran, cristallise la colère des participants.
Certains d’entre eux brandissent des portraits du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, ou de personnalités du « la résistance » contre Israël, notamment l’ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué lors d’une frappe israélienne au Liban.
« Destruction d’Israël »
« Je suis ici pour la destruction d’Israël et de l’Amérique »a déclaré à l’AFP M. Hassani, un fonctionnaire de 42 ans, qui n’a pas souhaité donner son nom complet. « L’Amérique criminelle est la cause de toutes ces guerres et de toute cette haine » dans la région, estime-t-il, en accord avec la rhétorique officielle. A proximité, une fresque représente le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu creusant la tombe d’Israël.
L’Iran ne reconnaît pas l’État d’Israël, considéré depuis la création de la République islamique en 1979 comme un « usurpateur » en Palestine et un avant-poste américain au Moyen-Orient. Les dirigeants iraniens ont ainsi fait du soutien à la cause palestinienne l’un des piliers de leur politique étrangère. Des drapeaux américains et israéliens sont brûlés et piétinés, tandis qu’une marionnette géante représentant le président américain Joe Biden domine la foule.
Un portrait de son prédécesseur Donald Trump, qui espère remporter mardi l’élection présidentielle aux Etats-Unis face à sa rivale Kamala Harris, gît à terre. « Nous avons un problème avec le gouvernement américain, pas avec le peuple américain »souligne Sabre Danaï.
Relations difficiles
Kamala Harris et Donald Trump jettent dimanche leurs dernières forces dans la fin de la campagne présidentielle très suivie en Iran. La majorité des Iraniens présents ne se font cependant aucune illusion sur l’issue.
« Les relations entre l’Iran et l’Amérique ne peuvent pas revenir à la normale »assure Mme Mohammadi, une femme au foyer de 40 ans. « Nous avons montré à plusieurs reprises à l’Amérique notre honnêteté » pour améliorer les relations « mais l’Amérique s’en fichait »insiste la femme recouverte d’un tchador noir.
L’Iran, soumis à d’importantes sanctions internationales, a signé en 2015 un accord avec les grandes puissances pour limiter son programme nucléaire. Le texte, signé notamment avec les Etats-Unis, prévoyait en contrepartie une levée progressive des sanctions. Mais l’accord a été torpillé trois ans plus tard lorsque l’ancien président américain Donald Trump s’en est retiré et a réimposé des sanctions.