Gauche, droite, gauche, droite. Ce samedi 7 septembre, les supporters français balayent machinalement les extrémités du dojo de l’Arena Champ-de-Mars, à l’affût d’une fauche ou d’une projection infligée par un athlète français. Difficile de savoir où donner de la tête, car une flopée de joueurs français s’affrontent – parfois simultanément – en para-judo depuis le début de la matinée. Ils ont tous le même objectif en ce troisième et dernier jour de l’épreuve : décrocher une médaille.
Vers 22 heures, la foule hurle et tape de toutes ses forces contre le sol métallique des tribunes. Deux athlètes français entrent en même temps dans l’arène rouge et jaune. Le Breton Jason Grandry d’un côté, qualifié pour les demi-finales d’un côté, et Prescillia Lézé de l’autre, s’inclinent après un ippon (le score le plus élevé qu’un combattant puisse obtenir).
Valse du Blues
La valse des Bleus continue, les acclamations ne faiblissent pas. Le Français Hélios Latchoumanaya, 24 ans et grand favori du tournoi, fait son entrée en lice. Tous les regards sont tournés vers lui. « Si j’ai autre chose que de l’or, ce sera très difficile à accepter », confiait le licencié de l’AS Bourg-la-Reine dans une interview il y a quelques semaines. Le bronze décroché aux Jeux paralympiques de Tokyo ne lui suffit plus.
Ce champion du monde de para-judo, qui s’entraîne contre des valides, a décidé de ne rien lâcher. Il salue son adversaire, le Géorgien Lasha Kizikashvili, contre qui il dispute les quarts de finale en J2, dans la catégorie des -90 kg. Après un waza-ari (lorsque l’adversaire est projeté sur le dos) infligé à 15 secondes de la fin du combat, Hélios Latchoumanaya s’assure une place en demi-finale.
Les Français ont à peine le temps de se réjouir de cette victoire qu’un autre espoir de médaille français entre dans le dojo. Cyril Jonard, athlète malvoyant et sourd de 48 ans, plus titré que Teddy Riner, affronte le Moldave Oleg Cretul. Chez les moins de 90 kg en J2, le match est serré. Après un golden score (le premier à marquer un point l’emporte), le Français l’emporte. Déclaré vainqueur, l’athlète demande des exclamations, qu’importe s’il ne les entend pas.
Les spectateurs au rendez-vous
Hélios Latchoumanaya et Cyril Jonard participeront-ils tous les deux à une finale ? Le public y croit de toutes ses forces, et redouble d’encouragements en fin de matinée. Pari réussi pour le premier, qui n’a pas faibli face au Brésilien Marcelo Adriano de Azevedo Casanova. Le public espère le même sort pour Cyril Jonard, mais il fait face à un adversaire particulièrement retors, le Britannique Daniel Powell, vice-champion du monde 2022. Après quatre minutes de golden score, le Français s’incline, mais reste en lice pour le bronze.
Peu avant 15h, à l’extérieur de l’Arena, l’ambiance ne faiblit pas. Pour cette deuxième partie de journée, les spectateurs sont venus entre amis, en famille ou même seuls. A l’image de Laurent, grand amateur de judo qui s’est passionné pour le para-judo en regardant les Jeux Paralympiques à la télévision et a réussi à la dernière minute à obtenir des places pour cet après-midi. « Je prolonge le plaisir des Jeux Olympiques, et je dois avouer que je trouve les athlètes vraiment incroyables »confie-t-il. A l’intérieur, les drapeaux tricolores flottent déjà. Les spectateurs dansent dans les tribunes, comme Charlie et Léo, 9 et 7 ans, venus habillés de leur kimono de judo. « On en a parlé toute la semaine dans la cour de récréation, on est tellement contents »s’exclament-ils.
Deux médailles de bronze en 30 minutes
L’ambiance est électrique lorsque Cyril Jonard arrive sur le tatami. Une minute quarante après le début du combat, il remporte la médaille de bronze par ippon. Le judoka danse la macarena, embrasse son coach et remercie le public en langue des signes. « C’est vraiment, vraiment fabuleux. »Il communique au micro de France Télévisions. Après l’or à Athènes en 2004 et l’argent à Pékin en 2008, il s’agit de la troisième médaille paralympique de sa carrière.
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🤩 Cyril Jonard est « très content » du soutien du public et ça se voit ! Quel beau moment après sa victoire en petite finale !
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— francetvsport (@francetvsport) 7 septembre 2024
La foule était encore sous le choc de l’émotion quand à 16h12, c’était au tour de Jason Grandry de s’emparer du bronze face au Turc Onur Tastan grâce à un Ippon marqué seulement 28 secondes après le début du match. Une médaille célébrée sous Allumer le feu de Johnny Hallyday dans une ambiance, faut-il le redire ?, survoltée. « C’est fabuleux, c’est un rêve, c’est huit ans de travail »il a commenté.
Visite surprise
Après la visite surprise de Clarisse Agbégnénou, médaillée de bronze aux Jeux olympiques, place à la finale tant attendue entre le Français Hélios Latchoumanaya et l’Ukrainien Oleksandr Nazarenko, de 14 ans son aîné. La salle était pleine, le speaker inaudible, mais très vite, la tension a remplacé la ferveur. Un petit waza-ari a permis à l’Ukrainien de décrocher l’or. Le Français est reparti, déçu, avec l’argent. « Ce n’est pas la médaille que je voulaisil a commenté. J’ai perdu et j’étais là pour gagner.
19h30, la journée se termine lorsque Nacer Zorgani entre dans l’Arena pour prendre le bronze mais s’avoue vaincu face à son adversaire kazakh. Petit à petit, les tribunes se vident. Charlie et Léo, eux, sont toujours là. « Nous ne sommes pas fatiguésassure le petit garçon. C’est passé trop vite, j’ai déjà envie de recommencer.
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