Des lettres érotiques signées du peintre Gustave Courbet retrouvées par hasard dans les combles de la bibliothèque de Besançon – Libération
Ils étaient gardés dans le plus grand secret depuis le début du XXe siècle en raison de leur teneur en soufre. Une centaine de lettres érotiques échangées entre le peintre Gustave Courbet et sa maîtresse ont été découvertes l’année dernière dans les combles de la bibliothèque de Besançon, a révélé ce mercredi France Bleu Besançon. Il s’agit précisément de 116 lettres écrites entre novembre 1872 et mai 1873 entre le peintre franc-comtois et Mathilde Carly de Svazzema, une dame de la bonne société parisienne, malheureuse et abandonnée par son mari. Vingt-cinq sont entre les mains de Gustave, 91 chez Mathilde.
Agnès Barthelet, assistante de conservation à la bibliothèque municipale, raconte avoir découvert ces lettres par hasard en novembre 2023 sur une étagère du grenier poussiéreux de la Bibliothèque d’études et de conservation de Besançon. « Ce joli petit tas a piqué ma curiosité » se souvient le bibliothécaire avec émotion. « Quand on a commencé à fouiller dans la pile, on s’est dit : ‘Hé, il y a un certain Gustave’, puis on a vu une enveloppe adressée à M. Gustave Courbet… Là, tout le monde a réagi différemment. Je pense que j’étais un peu paralysé, je ne m’attendais pas à ça. » confie le conservateur des lieux, Pierre-Emmanuel Guilleray. Ces lettres furent ensuite officiellement authentifiées, grâce à un travail minutieux.
Alors que Gustave Courbet avait déjà une sulfureuse réputation pour avoir été l’auteur en 1866 de « L’Origine du monde », tableau réaliste représentant un sexe féminin exposé aujourd’hui au musée d’Orsay, Agnès Barthelet soutient que ces lettres avaient « contenu quelque peu scabreux ». Extrait : « Mais chère putain, réfléchis-y, tu sais que je t’adore, tu sais que je fais des choses injustes pour te plaire ; tu sais que je donnerais je ne sais quoi tout de suite pour te sucer la chatte, mordre tes poils dorés, ta motte et dévorer tes gros tétons pointus, décharger dans ta bouche, embrasser ton ventre saillant, caresser tes flancs amoureusement avec ma langue , introduis-le si je pouvais dans ton autre petite chatte entre tes belles fesses, qu’est-ce que j’en sais !! écrit par exemple le leader du mouvement réaliste. Et Mathilde répondit : « J’aurai mon c… tout prêt à recevoir les sensations que vous souhaitez lui faire vivre. » A cette époque, le peintre était à Ornans, sa ville natale située à 15 kilomètres de Besançon, et elle était à Paris.
Des lettres bientôt publiées dans leur intégralité
Ces lettres furent probablement confiées à la bibliothèque vers 1905 par les héritiers du docteur Blondon, exécuteur testamentaire de Courbet, qui ne se maria jamais et dont le fils unique mourut jeune. Des instructions ont été données pour ne pas les rendre publiques en raison de leur caractère quasi-pornographique. Le secret s’est transmis de conservateur en conservateur, jusqu’à ce qu’il soit oublié.
Mais pour la maire de Besançon, Anne Vignot, plus d’un siècle après la rédaction des lettres, le temps du secret est révolu. « Ces lettres ont disparu depuis 135 ans. Il nous était impossible de garder secrète une telle découverte. qui apporte « un aperçu intime et fascinant de la psychologie de Courbet à cette période compliquée de sa vie. » « Ce sont les seules lettres référencées et connues de Courbet à contenu érotique », ajoute Henry Ferreira-Lopez, directeur des bibliothèques municipales de Besançon. On y lit « beaucoup de sensibilité et (sa) conception très moderne des relations entre hommes et femmes »selon lui.
« Nous préparons une publication complète de ces lettres et une exposition l’année prochaine qui se terminera lors des Journées du Patrimoine », informe également le conseiller municipal. La municipalité organisera du 21 mars au 21 septembre 2025, à la Bibliothèque Municipale de Besançon, l’exposition « Courbet, les lettres cachées. Histoire d’un trésor trouvé », où il sera possible de retrouver une sélection de cette correspondance.