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Des leaders indépendantistes emprisonnés en France métropolitaine

Des leaders indépendantistes emprisonnés en France métropolitaine

Plusieurs indépendantistes calédoniens, dont Christian Tein, le chef du CCAT, soupçonné d’avoir orchestré les émeutes du « Galet »seront placés en détention provisoire en France métropolitaine, ont annoncé samedi 22 juin leurs avocats, qui ont indiqué avoir « étourdi ».

Ces décisions ont été prises par un juge des libertés et de la détention (JLD), appelé à se prononcer sur le sort des 11 personnes arrêtées mercredi, dont M. Tein, considéré comme le chef de l’Unité de coordination des actions sur le terrain (CCAT).

« Stupéfaction » de son avocat

Le procureur Yves Dupas a confirmé à l’AFP « missions en France métropolitaine »sans plus de précisions suite à ces comparutions à huis clos devant le JLD de Nouméa.

Les accusations n’ont pas été précisées. L’enquête vise notamment les faits d’association de malfaiteurs, les vols à main armée en bande organisée, la complicité par instigation à des assassinats ou tentatives d’assassinats sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Depuis les premières violences du 13 mai, le CCAT est soupçonné par les autorités d’être l’instigateur des violences. Elle a été décrite comme« organisation mafieuse » par le ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer Gérald Darmanin. Le collectif indépendantiste a toujours nié être à l’origine des troubles.

D’autres suspects placés en détention en France métropolitaine

Une autre accusée, Brenda Wanabo, chargée de communication du CCAT, doit être placée en détention à Dijon, selon son avocat, Me Thomas Gruet, qui a indiqué « extrêmement choqué et abasourdi ».

Mère de trois enfants dont le plus jeune a 4 ans, cette militante « qui n’a jamais appelé à la violence »sera séparée de sa famille et est « anéanti »il a souligné. « Toutes les erreurs dans la gestion de la crise ont été commises par l’institution judiciaire »qui a « répondait à des considérations purement politiques »selon lui.

Quant à Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, elle doit être incarcérée à Riom, près de Clermont-Ferrand, selon son avocate, Me Christelle Affoué, qui dénonce « une décision parfaitement choquante et éprouvante ».

« S’il s’agissait d’en faire des martyrs »

« S’il s’agissait d’en faire des martyrs de la cause indépendantiste, nous ne le ferions pas autrement »a commenté Me Stéphane Bonomo, avocat d’un autre prévenu, Gilles Joredie.

Joël Tjibaou, l’un des fils de Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS assassiné en 1989, verra son sort décidé au plus tard mardi, a indiqué son avocate Claire Ghiani. Entre-temps, il a été placé en détention à Nouméa.

Arrivées au palais de justice de Nouméa samedi peu avant 7h00 (heure locale), les 11 interpellés ont pu, pour certains d’entre eux, voir quelques instants leurs proches venus les soutenir. L’épouse de Christian Tein a fondu en larmes après avoir pu embrasser son mari, a constaté un journaliste de l’AFP. L’avocat de Brenda Wanabo est revenu peu avant minuit avec une grande valise rose contenant quelques affaires pour sa cliente, avant son départ vers la métropole.

Projet de loi suspendu

Ces décisions interviennent six semaines après le début des violences qui agitent le territoire français du Pacifique Sud, les plus graves depuis celles des années 1980. Alimentées par le vote d’un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral calédonien pour l’élection provinciale prévue fin 2024, ces émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, des centaines de blessés et des dégâts considérables, pour un coût estimé à 1,5 milliard. euros, selon le dernier rapport.

Le projet de loi qui a mis le feu aux poudres a cependant été « suspendu » le 12 juin par Emmanuel Macron, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale.

Macron appelle à la levée des barrages

Dans une lettre aux Calédoniens publiée mardi, le président Emmanuel Macron a exigé « la levée ferme et définitive de tous les barrages » dans l’archipel et « la condamnation de la violence sans prétention ». La situation « reste inacceptable et ceux qui l’ont encouragé devront répondre de leurs actes »a insisté le chef de l’Etat, qui s’y est rendu le 23 mai pour une visite express.

La décision d’incarcérer Christian Tein « À 17 000 kilomètres de sa famille » est un « aliénation de ses droits et erreur politique grossière et dramatique »a jugé le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon samedi sur X (ex-Twitter).

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