Des journalistes, dont Omar Radi et Soulaimane Raissouni, et des militants libérés après une grâce royale
L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International réclame depuis de nombreuses années la libération des journalistes marocains Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine, ainsi que de l’intellectuel Maati Monjib. Lundi 29 juillet, les quatre hommes ont été graciés par le roi Mohammed VI.
Un responsable marocain a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) qu’ils faisaient partie des 2.476 personnes dont la grâce a été annoncée par le ministère de la Justice à l’occasion de la Fête du Trône, célébrée mardi, marquant l’intronisation du souverain, il y a vingt-cinq ans.
À sa sortie de prison, le journaliste Omar Radi, arrêté en 2020, a déclaré : » reconnaissant « . « J’ai appris que d’autres prisonniers dans des cas similaires ont été libérés et j’en suis très reconnaissant. »a-t-il déclaré à l’AFP près du centre de détention de Tiflet, situé à une soixantaine de kilomètres à l’est de la capitale, Rabat, estimant que cette décision a permis« apaiser l’espace public marocain ».
Liberté de la presse : le Maroc à 129 anset classement sur 180 selon RSF
Connus pour leurs critiques à l’égard du gouvernement, Omar Radi, Soulaimane Raissouni et Taoufik Bouachrine avaient rejeté les accusations d’agression sexuelle à leur encontre, estimant qu’il s’agissait d’une manière de les punir en raison de leurs opinions.
Selon les autorités marocaines, ils ont été jugés pour des crimes de droit commun qui « ça n’a rien à voir avec ça » avec leur profession et leur respect de la liberté d’expression, mais l’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse ces autorités d’utiliser « accusations criminelles de droit commun contre des opposants et des professionnels des médias critiques ».
Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par l’organisation Reporters sans frontières (RSF), le Maroc occupe la 129e place.et endroit, sur 180.
Omar Radi et Soulaimane Raissouni ont été arrêtés en 2020, et Taoufik Bouachrine en 2018. En juillet 2023, la Cour de cassation marocaine, plus haute autorité judiciaire du royaume, a rejeté le recours de MM. Radi (38 ans) et Raissouni (52 ans), confirmant leurs peines de six ans et cinq ans de prison respectivement dans des affaires d’agressions sexuelles, auxquelles s’est ajoutée une affaire d’espionnage pour le premier.
Le recours de M. Bouachrine, 55 ans, fondateur et chroniqueur d’un quotidien arabophone, a été rejeté en 2021. Incarcéré depuis 2018, il a été condamné à quinze ans de prison pour « viol », « trafic d’êtres humains » et « agression sexuelle » sur plusieurs femmes.
Les prisonniers terroristes également graciés
De son côté, Maati Monjib, 62 ans, historien et défenseur des droits humains franco-marocain, a été condamné en première instance début 2021 à un an de prison pour « escroquerie » et « atteinte à la sûreté de l’Etat », à l’issue d’un procès ouvert en 2015.
Cet intellectuel est également visé par une enquête judiciaire depuis 2019 pour « blanchiment d’argent », ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant qu’une mesure de libération provisoire ne lui soit accordée en mars 2021, après vingt jours de grève de la faim. Il est accusé de malversations dans la gestion d’un centre qu’il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d’investigation, ce qu’il nie.
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D’autres journalistes et militants ont été graciés lundi, dont Imad Stitou, Hicham Mansouri et Saïda El Alami, ont rapporté les médias locaux.
La grâce royale concerne également seize « prisonniers condamnés dans des affaires d’extrémisme et de terrorisme » ayant « ont révisé leurs orientations idéologiques »a rapporté le ministère de la Justice, sans les identifier.